De tous temps, les groupes humains ont circulé sur la planète, à la recherche d’une terre d’asile où mener une vie meilleure ou plus digne. Après (…)
"L"important, ce n’est pas le voile qu’on a sur la tête, mais les voiles qu’on a dans la tête," disait Khaled Bentounès lors de la rencontre soufie de Mostaghanem (Algérie).
La Belgique s’est lancée dans les "Assises de l’interculturalité". Voilà qu’il est plus que temps de prendre à bras le corps (social) l’épineuse question du foulard ou du voile à l’école, dans l’administration, dans les services publics et même au Parlement. Question empoisonnée par la présence de ville de quelques Burqa, de quoi envenimer les principes de tolérance et d’accueil des autres cultures qui font l’assise de nos sociétés européennes.
Interdire ou pas interdire ?
Je me pose moi-même des questions qui touchent à mon histoire. J’ai été à l’école maternelle dans une école "du charbonnage" avec - doux mélange des genres - des religieuses, "voilées" comme il se devait à l’époque) ; j’ai vécu trois années en Algérie juste après l’indépendance, à laquelle les femmes algériennes ont grandement contribué, en acquérant, par la même occasion, une certaine émancipation, dans les villes, du moins ; j’ai intensément vécu les événements Dutroux et consort, la marche blanche et été, comme beaucoup de belges, profondément touché par la jeune Nabela Benaïssa, adolescente sous le voile. Des questions qui touchent aussi à mon éthique et à ma sensibilité - difficile de garder la tête froide... en lisant certaines invectives, les positions extrêmes des uns et des autres et cela me donne envie de renvoyer dos à dos les "laïcistes" purs et durs et les islamistes.
Voilà donc que je suis touché par des articles qui approchent la question avec sensibilité, humanisme et intelligence. Qui clarifient et apaisent.
Avant d’aller plus loin, prendre un peu de recul : on ne peut, sans se fourvoyer, isoler la question du voile de son contexte plus général. J’aime bien à ce propos le petit texte de Marc Jacquemin, professeur à l’ULG, que j’ai repris dans mes "Coups de coeur".
– Je partage d’abord une belle approche d’un enseignant qui s’enquiert de ce que pensent les jeunes filles elle-mêmes - il est rare de trouver quelqu’un qui s’en soucie et qui considère que la question leur appartient, à elle en tout premier lieu. Voir
– Et puis il y a cette belle synthèse d’Edouard Delruelle, Professeur de philosophie morale, politique et juridique à l’Université de Liège, qui est aussi directeur francophone du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme.
Je vous en communique deux interviews réalisées par Annick Hovine. Voir
– Et puis, il y a cet article lumineux d’une gynécologue confrontée aux demandes de "certificats de virginité" (on croit rêver !), et qui éclaire ces questions d’une éthique tout en délicatesse. (compte rendu d’une conférence de Françoise Kruyen, paru dans "Secouez-vous les idées" du Cesep) Voir
P.S. du 19 décembre 2022 : Je vous invite aussi à lire un texte de 2016 de Jean-Michel Longneaux, mis à jour en 2020, que j’ai mis sur le site tout récemment, le 14 décembre 2022 : "Supprimer ou non les signes religieux dans la fonction publique : un débat dérisoire ?"