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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Ghadi est le premier bébé sans confession du Liban.
Article mis en ligne le 8 janvier 2014
dernière modification le 24 janvier 2014

Ghadi Darwiche, né le 30 septembre à l’hôpital américain de Beyrouth, a été enregistré sans appartenance religieuse sur le registre de l’état civil. Une première, dans ce pays où l’organisation de la société est régie par une cohabitation entre 18 communautés. ’Je suis très fière’, souligne Khouloud Sukkarieh, la mère de l’enfant. ’Ghadi est le symbole d’un nouveau Liban, moins communautaire.’

La jeune femme et son mari, Nidal Darwiche, se battent depuis deux ans pour l’instauration d’un Etat civil au pays du Cèdre, où la logique confessionnelle prend quotidiennement le pas sur l’appartenance nationale. Leurs noms sont déjà connus à travers le pays.

Khouloud et Nidal forment le premier couple à s’être civilement unis sur le territoire libanais. ’Cela a été un parcours du combattant, nous avons été victimes de nombreuses intimidations, ce fut long et difficile’, explique Khouloud, ’mais pour Ghadi, tout a été bien plus rapide’.

L’enregistrement sans confession du nouveau-né était en effet d’emblée acquis par les démarches antérieurement entreprises par ses parents qui, pour s’unir civilement, avaient dû rayer la mention de leur appartenance religieuse sur les registres officiels.

C’est encourageant’, commente Khouloud, ’maintenant que le mariage civil est légalement reconnu, une nouvelle génération de Libanais sans appartenance religieuse va voir le jour’.

La jeune femme sait qu’il sera ardu pour son enfant de grandir sans appartenance religieuse à Beyrouth. ’Quand il ira à l’école, quand il se fera des amis, quand il cherchera du travail, tous lui demanderont sa confession’, regrette-t-elle. Sans religion, pas de carrière politique.

Michel Touma, analyste politique auteur d’études sur le système confessionnel, explique cela par les liens historiquement tissés entre les principales communautés du pays et les puissances étrangères, par les reliefs géographiques libanais ainsi que par la logique de partage du pouvoir politique sur des bases confessionnelles.

Khouloud et Nidal sont conscients de la précarité de la situation. Victimes de menaces de mort sur leur enfant, ils projettent de demander l’asile au Canada, à la France ou à l’Allemagne. Le couple de jeunes mariés n’exprime aucun regret pour autant. Ils considèrent avoir ouvert la brèche à la déconfessionnalisation de leur pays. Alors, même s’ils sont contraints de quitter le Moyen-Orient, ils en font la promesse : ils continueront à se battre pour que chaque Libanais, à l’image de Ghadi, ’soit libéré de toute contrainte religieuse’.

MÉLANIE HOUÉ "Un petit Libanais à 100 %" Publié le jeudi 14 novembre 2013

http://www.lalibre.be/actu/international/un-petit-libanais-a-100-5284540e3570ea593dbadc9a