"La dernière grande émission de Nicolas Hulot était consacrée aux indiens Zoé, indiens du Brésil ayant rejeté toute forme d’occidentalisation et étant retournés vivre, nus et dépouillés de tout, au fond de la forêt brésilienne.
Le reportage était touchant et remarquable, mais Sarayaku se demande pourquoi seuls ces indiens-là semblent nous intéresser vraiment.
Ne voudrions-nous pas les voir parqués dans des réserves, témoins attendrissants de notre passé primordial, mais à qui tout confort, tout
développement, toute évolution technique seraient à jamais bannis ?
Sarayaku rappelle qu’ils pourraient certes se retirer au loin dans la forêt. Ils en ont la capacité et parfois l’envie. Mais ils savent aussi que, dans ce cas de figure, la civilisation finira tôt ou tard par les rejoindre.
Rester sur place et maintenir leurs positions, tout en tentant d’allier leurs traditions avec des formes contrôlées de technologie et de modernité, est donc un choix conscient et assumé.
Sarayaku apprécierait que nous laissions au vestiaire nos
conceptions romantiques, que nous cessions de les juger et de pousser
des cris chaque fois qu’ils coupent un arbre, portent un t-shirt ou utilisent un moteur…
Notre encombrant paternalisme revêt des formes multiples et
toujours nouvelles. Saurons-nous nous en débarrasser ?"
Du bon usage des crises
J’emprunte ce titre à un très beau livre de Christiane Singer.
La crise a commencé à frapper l’Occident. Elle était attendue et annoncée depuis longtemps par les peuples indiens. Ceux-ci pensent qu’elle ne fera plus que croître, annonçant un véritable bouleversement de civilisation. Cela pourrait être rapide et avoir des conséquences dramatiques. Il nous faudra beaucoup d’intelligence et de solidarité pour surmonter cette crise et en faire « bon usage ». La « Frontière de Vie » est une clef importante qui peut nous donner accès à ce monde transformé. Il appartient à chacun de jouer ou non son rôle dans ce processus et d’y apporter ou non sa contribution."
Jacques Dochamps