C’est un beau petit livre de rien du tout.
La première page m’a touché au point que j’aurais pu en rester là de ma lecture.
Mais je suis resté passionné jusqu’au bout…
Voici cette première page.
Chaque jour, de l’aube au crépuscule, Maître Kuro pratique l’art subtil de la calligraphie.
Une activité mêlant la peinture à l’écriture avec une frontière si ténue qu’elle en paraît invisible. Comme si, dans un même mouvement, chacun des idéogrammes de l’artiste comportait un tableau, et une histoire.
Pendant de longues heures, dans un recueillement proche de la plénitude, il reste agenouillé devant un rouleau de papier de riz et le recouvre d’encre noire.
Douceur de la feuille qu’on effleure du bout du pinceau. Parfum des pigments qui enivre. Précision de la posture et efficacité du geste.
Sagesse millénaire.
Il ne s’octroie que deux pauses, à l’heure du déjeuner et à celle du thé.
Peu lui importent le vaste monde et ceci le régit depuis des siècles. IL vit dans une bulle de vide, concentré sur son labeur et sur la direction, la forme et la finesse du trait qu’il dessine à main levée.
Avec verticalité, harmonie, simplicité et élégance.
Ainsi va la vie, tranquille et apaisante, de Maître Kuro.