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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Peut-on penser et classer autrement ?
Article mis en ligne le 16 décembre 2022

Dans "Penser et classer dans les sciences humaines", Claude Raffestin énonces quelques idées qui me semblent pertinentes par les temps qui courent...

S’il est possible de « dériver » ou d’inventer de « nouvelles manières » de faire des sciences humaines, c’est d’abord dans le mode de penser, donc de problématiser, et ensuite dans celui de classer, donc d’ordonner les relations aux choses et aux faits qu’il faut s’aventurer. Peut-on penser et classer autrement ? La réponse, assurément, est affirmative, a moins, de nier toute possibilité d’évolution.

Penser et classer dans les sciences humaines
Claude Raffestin
2003 (mais toujours bien intéressant aujourd’hui)

p. 71-85
Extraits

Penser et classer le réel dans les sciences humaines c’est contribuer à produire des représentations qui incitent à ouvrir d’autres voies.

Les fonctions des sciences humaines dans nos sociétés sont assez nombreuses, surtout quand on les utilise dans une perspective d’ingénierie sociale pour réguler, atténuer, corriger, etc. Il est pourtant un rôle, plus qu’une fonction, qu’elles doivent assumer c’est celui d’aider à penser ce qui n’est pas encore pensé parce que dissimulé ou occulté, volontairement ou non. J’ai le très net sentiment, mais ce n’est qu’un sentiment, que les organismes de recherche en matière de sciences humaines n’aiment pas trop financer ce qui donne à penser.

Et si les sciences humaines contribuaient à dévoiler ce qui est à penser, mais qui n’est encore qu’en filigrane dans les représentations de l’imaginaire et que l’on qualifie habituellement de non scientifique ?

Aujourd’hui, on dirait que les sciences humaines obéissent à une spatialité dont les deux pôles sont l’explication et la dénonciation. On explique ou l’on dénonce, mais il ne semble pas que l’on puisse expliquer et dénoncer tout à la fois.

De toute manière dans les deux cas, on se réfère à une éthique qu’elle soit implicite ou explicite d’ailleurs. Seule une machine, peut-être, peut faire l’économie d’une éthique.

Quel est le fondement de toute éthique ?
Ne serait-ce pas la légitimation ou la non-légitimation de la souffrance ?

Ce problème de la souffrance est au cœur des sciences humaines, mais il n’est jamais abordé en tant que tel. En d’autres termes, la souffrance n’est pas encore pensée. La souffrance donne à penser, mais sans être saisie comme objet à penser. Elle est dans toutes les relations, mais nous réussissons à la mettre de côté, sans la traiter…

Les représentants des sciences humaines semblent de plus en plus oublier qu’ils ont, dans l’état actuel, l’obligation d’organiser la pensée sur le monde de manière à ce que les interstices du non-sens, à travers lesquels suinte la souffrance du monde, constituent des points d’ancrage de la réflexion.


Tiens, à propos...

Voici le "Journal des rejets", la revue scientifique qui va refuser tous vos articles
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Humour new-yorkais.

Une chronique de Victor Ginsburgh, Économiste. Professeur honoraire ULB et UCLouvain (Core)

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