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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Le variant Omicron est le résultat d’un énorme fiasco politique

Tant que les pays riches ne participeront pas à une solidarité mondiale dans l’accès aux vaccins, nous serons à la merci de prochains variants, mais aussi de toujours davantage d’injustices et d’instabilités politiques.

Article mis en ligne le 26 décembre 2021

Extraits d’une carte blanche de Mark Malloch-Brown, président de l’Open Society Foundations et ancien secrétaire général adjoint des Nations unies.
(Publiée dans La Libre, le 21-12-2021)

L’émergence du nouveau variant Omicron n’est pas un cas fortuit. C’est le résultat largement prévisible et quasiment inévitable d’un énorme fiasco politique mondial. Les gouvernements des pays riches ont sciemment laissé les pays à revenus faibles ou intermédiaires ne pas être vaccinés.

Si les gouvernements des pays riches avaient eu la clairvoyance de réaliser que l’effet de leurs actions entraînerait la propagation du virus et l’apparition de nouveaux variants, et donnerait lieu à de nouvelles restrictions et de nouveaux confinements, alors peut-être auraient-ils donné la priorité au partage des doses de vaccins et poussé les entreprises pharmaceutiques à partager les formules de leurs vaccins. Au lieu de cela, les pays riches ont donné la priorité au nationalisme et à la cupidité.

En conséquence, nous nous retrouverons tous en 2022 face à une incertitude sanitaire et économique (…)
Dans la plupart des pays à revenus faibles ou intermédiaires, les taux de vaccination se situent en dessous de 10 %. En Afrique, à peine plus de 8 % de la population du continent a été entièrement vaccinée, selon les données de l’OMS.

Une question de volonté politique

Remédier à la disparité entre les "nantis" et les "démunis" en matière de vaccination est un défi complexe. Mais celui-ci n’est pas insurmontable. Il se résume à une question de volonté politique. D’ici la fin de l’année, suffisamment de vaccins auront été produits pour vacciner la planète entière. Mais les pays les plus riches font le choix politique de les distribuer de manière inéquitable. (…)
Les États membres de L’Union européenne continuent à accumuler des stocks à longue durée de conservation plutôt que de les partager avec les pays les plus pauvres du monde. Et lorsqu’ils ont pris des engagements considérables, comme le don d’un million de doses d’AstraZeneca au Nigeria, ces stocks étaient si proches de la date d’expiration qu’ils se sont révélés en grande partie inutilisables.

Plus d’un million de doses de vaccin anti Covid détruit
Le Nigeria a incinéré mercredi 22 décembre plus d’un million de doses de vaccin AstraZeneca donné il y a quelques mois par des pays développés, mais dont la date de péremption était proche et qui ont depuis expiré, selon les autorités. Le pays le plus peuplé d’Afrique a jusqu’ici vacciné totalement quelques 4 millions de personnes, soit moins de 3 % de la population adulte. (AFP)

(...)
Les pays de l’UE et du G20 ont, jusqu’à présent, absorbé 89 % des vaccins produits et, aujourd’hui encore, sont prêts à recevoir 71 % des futures livraisons. Ils entravent aussi régulièrement les efforts, présentés pour la première fois à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en octobre 2020, pour suspendre les droits de propriété intellectuelle concernant les technologies relatives au Covid, telles que les vaccins, les kits de test et autres traitements. Le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Allemagne, en particulier, ont placé la sauvegarde des intérêts de leurs propres entreprises pharmaceutiques au-dessus de l’intérêt public mondial, même si ces entreprises ont déjà réalisé d’énormes bénéfices et reçu des fonds publics pour aider à développer les vaccins.

Un devoir moral

En effet, le jour où l’OMS a confirmé l’existence du variant Omicron, les actions de Moderna ont bondi de plus de 20 %, celles de Pfizer de 6 % et celles de BioNTech de plus de 14 %. Ce secteur peut se permettre de partager la propriété intellectuelle avec les pays les plus pauvres du monde.
(...)
Comme le montrent l’émergence et la propagation de ce dernier variant, cette pandémie reste un problème mondial, qui nécessite une réponse conjointe et mondiale.
Aucune politique de nationalisme en matière de vaccins ne peut réussir dans ces circonstances. En maintenant les brevets intellectuels et en stockant l’approvisionnement, nous ne faisons que préparer le terrain pour encore plus d’injustice, d’instabilité politique et de difficultés économiques chez nous et à l’étranger.
Nous avons le devoir moral de protéger tout le monde contre les effets de ce virus mortel. Il est grand temps que les pays riches se mobilisent et tiennent leur promesse d’aider le monde à sortir de cette crise.


« Pour en finir avec la pandémie, levons les brevets vaccinaux »

Lever les brevets sur les vaccins est le bon moyen pour stopper la pandémie de Covid-19, certifie Jérôme Martin, de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. Les pays pauvres pourraient ainsi produire leurs vaccins.

Jérôme Martin est cofondateur de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds).

Extraits d’un article publié par REPORTERRE

Reporterre — L’Europe entre dans une cinquième vague du Covid-19, le monde assiste à l’émergence du variant omicron... Peut-on y voir les signes de l’échec des politiques sanitaires menées jusqu’ici ?

Jérôme Martin — Tant que l’accès aux vaccins n’est pas favorisé partout, les variants continueront d’émerger.Dans ce sens, la cinquième vague et omicron ne sont pas une surprise : c’est le résultat de choix politiques. Le fait de ne pas avoir permis une large vaccination à travers le monde, et d’avoir empêché les pays du Sud de vacciner, a largement favorisé la circulation du virus et l’apparition de variants.

Moins de 5 % des populations des pays à bas revenus et moins de 50 % de la population mondiale ont reçu une première dose de vaccin. La Suède a reçu neuf fois plus de doses de la part du laboratoire Pfizer que l’ensemble des pays à bas revenus réunis. Tant que ces inégalités vaccinales perdureront, on ne sortira pas de la crise sanitaire. Pour en finir avec la pandémie, il faut lever les brevets, pour que les pays pauvres puissent produire leurs vaccins.

Vous dites que l’Europe a empêché les pays du Sud de vacciner, qu’entendez-vous par là ?

Pour le moment, les pays riches se sont contentés de coopérations basées sur le volontariat, comme Covax [1]. Toutes ces initiatives volontaires sont un échec. L’Europe fait valoir des dons et des exportations de doses. Sauf que cela ne fonctionne pas. Début décembre, le Nigeria a dû jeter un million de doses parce qu’elles étaient arrivées dans le pays à la limite de la péremption. Les stratégies de vaccination de masse sont complexes, on le voit bien chez nous, et pourtant les pays riches demandent aux pays pauvres de s’organiser en fonction d’arrivées de doses aléatoires et dans des délais très courts.

Les pays en développement doivent être autorisés à produire leurs vaccins. Il faut aussi qu’on puisse produire des génériques. La plupart des pays du Sud ont des capacités de production. En Afrique du Sud, un laboratoire produit des vaccins Janssen, mais les exporte tous vers des pays riches. Cette logique de l’offre et de la demande, qui détermine tout le processus, est fatale, il faut remettre des logiques de santé publique. On ne peut pas dépendre du bon vouloir des firmes pharmaceutiques, qui chercheront toujours, avant tout, à maximiser leurs profits. Les États ne peuvent laisser les multinationales pharmaceutiques mener la politique vaccinale mondiale.

Cela passe par la levée des barrières de la propriété intellectuelle. C’est tout à fait possible, c’est une des clauses de l’accord de l’Organisation mondiale du commerce. Un brevet doit normalement être justifié par un investissement et une prise de risque. Sauf que les vaccins contre le Covid-19 ont été faits avec beaucoup d’argent public. Aux États-Unis, le secteur public a investi quelque 17,2 milliards de dollars dans les recherches qui ont permis l’élaboration de la technologie ARN messager. Moderna et Pfizer ont aussi reçu énormément de subventions.

Qu’est-ce qui bloque ?

L’Europe a toujours été un ardent défenseur de la propriété intellectuelle contre l’accès aux soins. En tant qu’anciens militants de la lutte contre le sida, nous avons dû combattre les agences européennes, qui soutenaient les brevets, dans les instances internationales ou lors de la négociation d’accords de libre-échange. Derrière, il s’agit pour les pays européens de défendre leurs « champions nationaux », Sanofi, Pfizer...



On a l’impression, du moins en France avec le passe sanitaire, que les États ont répondu de manière forte, presque autoritaire, à la pandémie. Vous affirmez au contraire que les États s’en sont complètement remis au bon vouloir des firmes pharmaceutiques pour décider des stratégies de santé. Comment expliquer cette contradiction ?
Le modèle choisi est celui de la concurrence et de la compétition dans l’innovation : les premiers parvenus à un vaccin ont tout raflé, les autres ont fini par laisser tomber leurs recherches. Sanofi a ainsi abandonné son candidat vaccin en septembre 2021, alors que celui-ci était prometteur ; son arrivée, tardive, par rapport à Moderna et Pfizer, n’aurait pas permis à Sanofi de réaliser suffisamment de profits.

Cette concurrence exacerbée a empêché la coordination, la coopération, l’anticipation. Elle a aussi empêché la transparence sur ce que peuvent, ou pas, les vaccins. On est totalement dépendants de la com’ des firmes, de ce qu’elles veulent bien nous dire. On manque d’information, de données. On ne sait pas combien d’argent public ont reçu les entreprises, combien d’investissements elles ont faits, et on a très peu de détails sur les recherches faites par ces firmes sur les vaccins. Les contrats signés entre les laboratoires et la Commission européenne sont très difficilement accessibles. Tout cela participe à la défiance vaccinale.
(...)


Coronavirus : Omicron, "preuve ultime" du danger des inégalités face à la vaccination, selon la Croix Rouge (Belga)

RTBF Publié le vendredi 03 décembre 2021

L’émergence du variant Omicron du coronavirus est la "preuve ultime" du danger des inégalités face à la vaccination dans le monde, a estimé vendredi le président de la Croix Rouge. "Les scientifiques ont mis en garde la communauté internationale à plusieurs reprises contre les risques de variants très nouveaux dans des endroits où le taux de vaccination est très faible", a déclaré à l’AFP lors d’une interview à Moscou Francesco Rocca, président de la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Une approche égoïste

Selon les statistiques de l’ONU, environ 65% des habitants des pays les plus développés ont reçu au moins une dose d’un vaccin contre le Covid-19, contre seulement 7% dans les pays les moins développés.
Les pays occidentaux ont été accusés de faire des stocks de vaccins et l’OMS les a exhortés à ne pas se précipiter pour faire des troisièmes doses alors que des millions de personnes dans le monde n’ont pas encore reçu la première. "C’est une approche égoïste de la part de la communauté occidentale et une approche vraiment aveugle", a fustigé Francesco Rocca vendredi.

"C’est incroyable que nous ne réalisions toujours pas à quel point nous sommes interconnectés. C’est pourquoi je qualifie le variant Omicron de preuve ultime" des inégalités face à la vaccination, a-t-il poursuivi.

Un accès pour tous

Omicron a été signalé pour la première fois en Afrique du Sud le 24 novembre. Il est désormais présent dans plusieurs dizaines de pays. "Il est essentiel et vital d’identifier de nouvelles solutions, de trouver une fin à la pandémie, et le seul moyen est la vaccination, donc son accès pour tous et partout", a déclaré Francesco Rocca.


Bientôt un vaccin anti-Covid africain ?

Le laboratoire pharmaceutique sud-africain Aspen a signé un accord de principe avec le géant américain Johnson & Johnson (J&J), ouvrant la voie à la production et la commercialisation d’un vaccin anti-Covid "fabriqué en Afrique pour l’Afrique", a-t-il annoncé mardi.

"Aujourd’hui, nous sommes heureux d’annoncer l’intention de Johnson & Johnson d’accorder à Aspen les droits de fabrication et de vente de sa marque de vaccin en Afrique", a déclaré le directeur général d’Aspen, Stephen Saad, cité dans un communiqué. 

Cette première pierre "servira de base à la négociation d’un accord définitif", poursuit Aspen, qui ajoute que J&J prévoit de lui accorder une licence sur la propriété intellectuelle. 


Un vaccin centré sur l’Afrique

Seulement 7% de la population est entièrement vaccinée en Afrique

L’Afrique est la région du monde la plus faiblement vaccinée, avec moins de 7% de la population entièrement immunisée, en grande partie à cause d’une inégalité d’accès aux précieuses doses favorisant les pays riches. 

L’Afrique du Sud et l’Inde ont été, jusqu’ici sans succès, le fer de lance d’un combat pour la levée temporaire de la propriété intellectuelle sur les vaccins anti-Covid pour permettre aux pays à faible revenu de produire localement des génériques moins chers.

Démarrage timide

Le démarrage de la vaccination a été tellement timide qu’il s’est vite avéré que les 1,7 million de doses, d’une durée de vie de quatre mois, allaient atteindre leur date de péremption.
Le mécanisme Covax a donc dû trouver en urgence d’autres pays africains plus réceptifs à l’AstraZeneca, vers lesquels 1,4 million de doses ont été expédiées, explique le Dr Geneviève Begkoyian, responsable santé de l’Unicef en RDC.

Le temps de trouver d’autres vaccins, très demandés par des pays qui, eux, vaccinaient beaucoup, une pénurie a suivi, pendant plus d’un mois, jusqu’à l’arrivée de stocks de différents vaccins. C’est alors, mi-septembre, que Félix Tshisekedi a reçu sa première dose devant les médias officiels.

Depuis quelques semaines, le président, manche de chemise relevée, apparaît sur des affiches en train de recevoir sa piqûre avec ce message : "Je me suis fait vacciner, faites comme moi".

Pas de déferlante mortelle  

Peu nombreux par rapport à la moyenne mondiale, il y a pourtant eu en RDC des cas et des morts avérés - 58.306 cas confirmés, 1.107 décès - sans qu’on soit très sûr du nombre exact de personnes touchées, puisque selon l’OMS, six infections par le Covid-19 sur sept ne sont pas détectées en Afrique. 
Mais rien qui ait donné une impression de déferlante mortelle.

"La maladie qui tue le plus en RDC, c’est la malaria", souligne le Dr Begkoyian, avec quelque 20.000 morts par an. De plus, quand le Covid-19 est arrivé, le pays était aussi confronté à Ebola, à la rougeole - 6.000 enfants sont morts de rougeole en 2019 en RDC - à la fièvre jaune, à la polio, au choléra, sans parler de la malnutrition et de la pauvreté en général. 

Ces derniers temps, un frémissement est perçu dans certaines villes, des spots sont diffusés dans les médias, un vaccinodrome a été installé lundi à Kinshasa. Mais on est encore loin du compte. 


Coronavirus : l’Afrique du Sud dépasse les trois millions de cas officiels de Covid-19

L’Afrique du Sud, qui a détecté le nouveau variant Omicron et connaît une hausse exponentielle des nouvelles contaminations, a dépassé vendredi les trois millions de cas de Covid-19, selon les chiffres officiels. Plus de 16.000 nouveaux cas ont été enregistrés au cours des dernières 24 heures, portant le nombre total à 3.004.203, selon l’Institut national sud-africain pour les maladies contagieuses (NICD). Le nombre total de décès s’élève à 89.944, dont 25 au cours des dernières 24 heures.

La grande majorité des cas récents en Afrique du Sud sont désormais attribués au variant Omicron. La plupart ont été détectés dans la province la plus peuplée du Gauteng (72%), qui compte Johannesburg et la capitale Pretoria. Selon les autorités sanitaires, un pic d’infections est observé chez les enfants.