Extraits d’un article de VALENTIN DAUCHOT, Publié dans La Libre le lundi 06 avril 2015
Deux molosses assignés par la police brésilienne à la protection indispensable de ce chef tribal menacé de mort à plusieurs reprises, qui était de passage en Belgique pour présenter son livre : "Sauver la planète". Récit autobiographique implaccable dont est extrait ce préambule, qui pose les indigènes en maîtres de leur destin et démontre à travers l’histoire d’une population tribale, que la forêt est bien plus riche et rentable lorsqu’elle est exploitée correctement.
Fin des années 90, conscient que les siens sont bien trop dépendants des aides gouvernementales qui ne leur sont que difficilement accordées et que la destruction programmée de leur forêt provoquerait leur mort spirituelle et économique, il élabore un plan de gestion durable des ressources de la forêt sur cinquante ans, instaure un moratoire sur l’exploitation forestière, plante 100 000 arbres, et lance un projet de compensation carbone rémunérateur. Preuve que la tribu est capable de générer des revenus propres tout en sauvegardant son territoire.
Google Earth au cœur de la jungle
Quelques années plus tard, de passage en Californie où il est invité à donner une conférence, Almir Surui tente de localiser les villages Surui sur Google Earth et ne trouve qu’une grande zone verte déclarée "inhabitée". Il contacte Google pour revendiquer ses terres et finit par convaincre le géant américain d’envoyer au cœur de l’Amazonie une dizaine d’ordinateurs, des formateurs, et des GPS avec connexion satellite, pour cartographier son territoire et mieux localiser les abattages clandestins.
D’aucuns diront toujours qu’un Indien "High Tech" fait mauvais genre, et que les Surui ont finalement perdu une partie de leur âme. Mais l’histoire d’Almir Surui illustre le combat d’un chef qui a trouvé le moyen de protéger les siens, sa culture, son territoire et notre patrimoine planétaire, en prouvant au monde extérieur qu’écologie et économie étaient loin d’être inconciliables.
"Moi, je survivrai. Chez vous, par contre, sans électricité tout est mort"
• Votre peuple a un rapport très spirituel, quasiment charnel avec la nature, les esprits. Comment voyez-vous notre culture, où la productivité a plus de valeur que la spiritualité ?
Ne pas accorder suffisamment de valeur à la spiritualité revient à ignorer à quel point cette spiritualité peut nous aider dans la vie. Elle incarne un équilibre, les esprits maintiennent les plantes et les personnes en vie, ils nous guident. Si on ne pense que de manière quantitative, on ne se pose pas la question de savoir comment vivre . Dans les sociétés individualistes, on va jusqu’à abandonner ses propres parents. Quand vous êtes vieux, vous devenez un problème, alors que les anciens sont les instruments fondamentaux d’une société. Ce sont eux qui la valorisent, la transmettent, font subsister notre culture.
• Nous risquons fort probablement de changer trop tard notre rapport à la nature, et les peuples comme le vôtre risquent d’être parmi les premiers à en payer le prix…
Je ne crois pas, je pense que vous serez les premières victimes. En Amazonie, il fait déjà 30°C, alors honnêtement, même s’il fait 15°C de plus je peux m’adapter. Dans les pays où les gens sont habitués à vivre dans moins de dix degrés, ce sera l’enfer s’ils doivent en supporter 30 en permanence. La forêt aussi survivra, si tout disparaît mais qu’il ne reste qu’une seule plante, la vie est préservée et peut recréer son chemin. Tandis que dans les bâtiments où des appareils contrôlent les portes, les ascenseurs, la température, rien ne restera. Sans électricité, tout cela sera mort. Et c’est la nature qui reviendra.
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