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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Notes de lecture
Convergences de lectures - 3. La parole du chef Seattle

Un bouquet de livres.
En cinq parties.

Article mis en ligne le 11 février 2021

Par Dieu sait quel hasard...

Suite des chapitre 1. Introduction et 2. Une Kyrielle de livres :
3. Petit détour par la fausse origine de la parole du chef Seatle.

3. Première voie parallèle, petit détour par la fausse origine de la parole du chef Seatle.

Avant de faire un bouquet de tout cela, et d’entrer dans les profondeurs de ce qui a fait écho pour moi dans ces lectures, j’en reviens au résumé éclatant du chef Seattle, heureux d’avoir trouvé une image parlante pour l’accompagner :

“Apprenez à vos enfants ce que nous apprenons à nos enfants, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre. Lorsque les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux-mêmes. Nous le savons : la terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. Nous le savons : touteschoses sont liées comme par le sang qui unit une même famille. L’homme n’a pas tissé la toile de la vie. Il n’est qu’un fil de tissu. Tout ce qu’il fait à la toile, il le fait à lui-même. »

(Lettre du chef Seattle au gouvernement américain, 1854)

"D’abord se laisser bercer par ce texte comme on écouterait couler une rivière, s’abandonner à sa beauté, sa poésie, sa pureté. Puis frémir lorsqu’il s’agite, gronde et se révolte. Respecter ses silences aussi."

Ces paroles sont devenues quasi sacrées aux Etats-Unis, où la repentance pour les exactions commises contre les ’natives’ a commencé à prendre sa véritable ampleur voilà une cinquantaine d’années. A l’entrée des réserves, dans les musées et les parcs, le discours de Seattle est affiché partout. Chaque année,à la Journée de la Terre, il est lu religieusement dans des centaines de villes.

Ce discours de 1854 est-il un faux ?

Un texte reconstitué de mémoire : en 1887, trente-trois ans après les faits, le Seattle Sunday Star publie, sous la signature du Dr HenrySmith, la première transcription écrite des propos. Smith, qui était présent à l’entrevue d’origine entre le chef indien et le gouverneur Stevens en 1854, donne une version pour le moins personnelle de ce texte, qu’il reconstitue de mémoire, et dans un style emphatique à consonance très catholique qui n’a, d’après les spécialistes, pas grand-chose à voir avec la façon dont Seattle devait s’exprimer.

N’empêche, durant près d’un siècle, de multiples versions de ce texte vont circuler. Jusqu’au jour où, en 1969, un professeur de littérature de l’université du Texas - William Arrowsmith- restitue ce discours dans une adaptation plus moderne, le publie, et... le lit en public lors du premier Jour de la Terre, en avril 1970. C’est le moment où la vague écologiste et hippie déferle sur une Amérique qui, en pleine guerre du Vietnam, doute de ses valeurs comme de son modèle…Parmi les auditeurs d’Arrowsmith, le scénariste Ted Perry, qui prépare justement un film écologiste, s’empare du personnage et du discours de Seattle pour réaliser une oeuvre de semi-fiction, diffusé sur la chaîne ABC. Les producteurs se gardent bien de préciser que ces paroles attribuées à Seattle ne sont qu’une très libre adaptation du discours d’origine. Bouleversés par ce discours, des milliers de téléspectateurs réclament le texte de Perry, qui va alors se répandre comme une traînée de poudre. 

En 1992, Perry a confessé qu’il avait été horrifié de voir son adaptation confondue avec le véritable discours du chef Seattle, et le mythe devenir plus fort que la réalité. "Pourquoi sommes-nous si disposés à accepter un texte de la sorte lorsqu’il est attribué à un chef indien ?” se demande-t-il. En fait, son texte, fidèle à l’esprit sinon à la lettre des propos du vieux chef, résonne si juste aux oreilles d’un monde à la dérive que l’on en a besoin aujourd’hui.

Cela permet aussi d’évoquer les cas de Jésus ou Mahomet, dont les paroles, elles aussi, ont été écrites longtemps après avoir été prononcées et ont été probablement si déformées qu’ils ne les reconnaîtraient sans doute pas aujourd’hui. 

Peu importe la forme du discours du chef Seattle : s’il a autant marqué les esprits, c’est pour le message qu’il véhicule. 

Un message qui est toujours d’actualité un siècle plus tard. Parce qu’il dénonce les exactions commises par les colons sur les Amérindiens. Mais aussi, et c’est d’autant plus d’actualité aujourd’hui, parce qu’il dénonce plus globalement la responsabilité humaine dans la destruction de l’environnement.

Nous y voilà.

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