A peine étions-nous sur nos deux pieds
Que nous avons commencé à migrer dans la savane,
Au rythme des troupeaux de bisons
Au-delà de l’horizon, vers de nouvelles terres lointaines.
Les enfants sur notre dos, curieux de tout,
Les yeux grands ouverts, l’ouïe en alerte,
Humant ce nouveau paysage surprenant, inconnu.
Nous sommes une espèce en voyage,
Nous n’avons pas de biens, seulement des bagages,
Tel le pollen nous porte le vent
Nous sommes vivants car nous sommes en mouvement
Jamais nous ne nous arrêtons,
Nous sommes en transhumance, nous sommes
Parents, enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants d’émigrants,
Mes rêves m’appartiennent plus que ce que je touche.
Je ne suis pas d’ici, toi non plus,
Je ne suis pas d’ici, toi non plus,
De nulle part et d’un peu partout.
Nous avons traversé des déserts, des glaciers, des continents,
Le monde entier d’un bout à l’autre, obstinés, survivants,
L’œil dans le vent et les courants,
La main ferme sur la rame.
Nous portons nos guerres sur le dos,
Nous portons nos berceuses,
Nos chemins faits de rimes,
De migrations et de famines.
Et c’est ainsi depuis la nuit des temps,
Nous fûmes la goutte d’eau portée par la météorite,
Traversant galaxies, vides sidéraux et des millions d’années,
En quête d’oxygène, nous avons rencontré des rêves.
A peine étions-nous sur nos deux pieds
Et avions-nous vu dans les flammes notre reflet
Nous avons écouté la voix du défi,
Et regardé le fleuve en pensant déjà à l’autre rive.
Nous sommes une espèce en voyage,
Nous n’avons pas de biens, seulement des bagages,
Tel le pollen nous porte le vent
Nous sommes vivants car nous sommes en mouvement.
Je ne suis pas d’ici, toi non plus,
Je ne suis pas d’ici, toi non plus,
De nulle part et d’un peu partout.
De même que pour les chansons,
Les oiseaux, les alphabets,
Si tu veux que quelque chose se meure,
Immobiles-le.
Jorge Drexler
Texte espagnol :
En movimiento
Apenas nos pusimos en dos pies
Comenzamos a migrar por la sabana
Siguiendo la manada de bisontes
Más allá del horizonte, a nuevas tierras lejanas
Los niños a la espalda y expectantes
Los ojos en alerta, todo oídos
Olfateando aquel desconcertante
Paisaje nuevo, desconocido
Somos una especie en viaje
No tenemos pertenencias, sino equipaje
Vamos con el polen en el viento
Estamos vivos porque estamos en movimiento
Nunca estamos quietos
Somos trashumantes, somos
Padres, hijos, nietos y bisnietos de inmigrantes
Es más mío lo que sueño que lo que toco
Yo no soy de aquí, pero tú tampoco
Yo no soy de aquí, pero tú tampoco
De ningún lado del todo y, de todos
Lados un poco
Atravesamos desierto, glaciares, continentes
El mundo entero de extremo a extremo
Empecinados, supervivientes
El ojo en el viento y en las corrientes
La mano firme en el remo
Cargamos con nuestras guerras
Nuestras canciones de cuna
Nuestro rumbo hecho de versos
De migraciones, de hambrunas
Y así ha sido desde siempre, desde el infinito
Fuimos la gota de agua, viajando en el meteorito
Cruzamos galaxias, vacío, milenios
Buscábamos oxígeno, encontramos sueños
Apenas nos pusimos en dos pies
Y nos vimos en la sombra de la hoguera
Escuchamos la voz del desafío
Siempre miramos al río, pensando en la otra rivera
Somos una especie en viaje
No tenemos pertenencias, sino equipaje
Nunca estamos quietos, somos trashumantes
Somos padres, hijos, nietos y bisnietos de inmigrantes
Es más mío lo que sueño, que lo que toco
Yo no soy de aquí, pero tú tampoco
Yo no soy de aquí, pero tú tampoco
De ningún lado del todo y, de todos
Lados un poco
Lo mismo con las canciones
Los pájaros, los alfabetos
Si quieres que algo se muera
Déjalo quieto