Source : "Secouez-vous les idées" (N° 85), Périodique trimestriel du CESEP (Centre socialiste d’Education permanente) asbl.
www.cesep.be
"Du féminisme islamique"
Dossier réalisé par Jean Vogel
Articulations N° 44 février-mars-avril 2011 [1]
Secouez-vous les idées (N° 85) Périodique trimestriel du CESEP (Centre socialiste d’Education permanente) asbl.
Introduction
(Michel Simonis)
C’est sans doute un hasard... Quoique...
Les mouvements d’émancipation populaire en Tunisie, en Egypte et dans le monde arabe ont un caractère de nature à nous réjouir, parce qu’ils sont promesse d’émancipation pour les hommes et les femmes de ces pays.
A lire ce qui suit, on verra qu’il existe, peut-être de manière parallèle, ou peut-être de manière convergente, un mouvement émancipateur qui traverse une minorité féminine agissante, appelé sans doute à faire tache d’huile.
Ce numéro de "Secouons-nous les idées" tombe pile pour amorcer une réflexion qui ne s’y trouve pas mais qui me saute aux yeux. Les réveils citoyens qui ont commencé en Tunisie et en Egypte nous interpellent. Peut-être que cette onde de choc aura directement chez nous des répercussions, qui pourraient être positives. Peut-être ceux-là iront-ils plus loin que nous, qui sommes souvent dans des démocraties aliénées de riches, devenus davantage consommateurs que citoyens.
Les femmes y jouerons sans doute un rôle important, comme dans toute l’Afrique.
Ce qui me touche encore davantage, qui rencontre ma sensibilité aiguisée lors de mon expérience de l’été 2009 à Mostaganem (Algérie) lors de cette formidable rencontre soufie (de 5.000 personnes venant de plus de 50 pays -(Voir ou revoir) dont je vous ai parlé ailleurs (Voir ou revoir...), c’est de penser que les femmes de culture arabo-musulmane ne sont peut-être pas tout à fait étrangères à ces mouvements de contestation populaire, même si on ne les voit pas beaucoup à la télévision.
Il y va aussi de notre avenir européen, de nos futurs choix électoraux, cela saute aux yeux en France qui vire au "bleu Marine", mais chez nous comme en Hollande, en Allemagne, en Suisse et ailleurs...
C’est ce dont témoigne ces articles passionnants que je vous invite à lire sans tarder.
Bonne lecture.
Et je vous recommande de vous abonner à "Secouez-vous les idées" (C’est bon pour les méninges et c’est bon marché : 4 € par an pour les particuliers. Voir sur le site du Cesep (www.cesep.be) ou plus directement. [2]
DU FéMINISME ISLAMIQUE
Dossier réalisé par Jean Vogel
1. INTRODUCTION
Jean Vogel
Depuis une dizaine d’années, le discours politique xénophobe a entrepris de changer de peau. Il s’est mué en islamophobie. La menace n’est plus représentée par "l’étranger" ou " l’immigré " mais par "l’islam ".
Il y a une ironie de l’histoire à constater que c’est précisément pendant la même période qu’est apparue, au sein de l’Islam mondial (pays musulmans et diaspora issue de l’émigration dans les pays occidentaux), une vague nouvelle de combats pour l’émancipation des femmes et leur égalité avec les hommes. Ironie redoublée par l’apparition d’un courant dit de "féminisme islamique" (deux notions dont l’incompatibilité est un des premiers articles de foi du credo islamophobe), qui non seulement s’exprime et agit mais, sous certains de ces aspects, représente une forme radicale de féminisme. (Lire la suite...)
2. QUEST-CE QUE LE FéMINISME ISLAMIQUE ??
Quelques données historiques et théoriques
Le féminisme islamique existe en tant que courant d’idées international depuis une vingtaine d’années environ (il existe bien entendu des précurseurs). Depuis la moitié des années 2000, il est entré dans une nouvelle phase de son développement. Il n’est certes pas apparu dans le vide. Dès le début du XXe siècle, il y eut des féministes dans les pays musulmans, même si leur inspiration était laïque et qu’elles étaient le plus souvent liées aux mouvements nationalistes ou ouvriers de leur pays. Se battant pour la participation des femmes à la lutte de libération et à la construction d’un Etat national, ces premières féministes abordaient plus rarement le domaine privé et familial, dans la mesure où celui-ci était régi par des prescriptions religieuses. (Lire la suite...)
3. Entretien de Jean Vogel avec Ouardia DERRICHE
(Extraits)
"Il faut reconnaître aux autres qu’elles peuvent s’émanciper en suivant des voies qui leur sont propres."
JV : Dans le monde culturel francophone, chez une partie des" féministes historiques ", la notion même de .. féministes islamiques" semble inconcevable...
OD : Les premières fois que j’ai entendu parler de femmes inscrites dans ce créneau, elles m’ont paru comme des groupies, des intégristes, qui montraient un visage féminin (pas féministe) pour donner un visage un peu plus présentable à l’idéologie des intégristes. Mais du côté des Occidentales, j’ai toujours été révulsée par leur" religiophobie ", une méfiance devant tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à de la spiritualité. Le fait qu’il s’agisse de femmes, s’accompagne aussi de misogynie, de mépris. (Lire la suite...)
4. Entretien avec Leïla LE BACHIRI
"Les féministes musulmanes utilisent la religion pour promouvoir l’égalité, les féministes islamiques utilisent l’égalité pour promouvoir l’Islam."
(extraits)
(...) Durant les années 1990 en Iran, ce sont des femmes islamistes du monde universitaire qui se sont réapproprié cette terminologie du "féminisme islamique" en affirmant qu’on pouvait promouvoir le droits de la femme à partir des textes religieux (Coran et Sunna) qui sont porteurs d’égalité de genre et qu’il fallait à cette fin écarter les lectures patriarcales antérieures inscrites dans la jurisprudence (le fiqh) qui sont les seules causes de la "dégradation " de la condition féminine. On le voit, il s’agit d’un discours clairement apologétique : alors que les textes contiennent à la fois des versets discriminants et des versets égalitaires, on affirme que les textes sont par essence égalitaires. (Lire la suite)
Et enfin :
5. VERS UN MOUVEMENT DE PENSéE ET D’ACTION FéMINISTE MUSULMAN EN OCCIDENT
Extraits d’un article de Malika HAMIDI paru dans les Cahiers Marxistes n° 238 (oct. nov. 2008), que je ne reprends pas ici mais que vous pourrez lire dans le numéro 85 de "Secouez-vous les idées". (voir plus haut, et la note 2)