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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Twitter pour apprendre à écrire ?
Article mis en ligne le 20 janvier 2013

Je twitte, tu twittes, nous twittons

A l’école fondamentale Sainte-Julienne de Romsée, les élèves de 1re année apprennent à écrire grâce à Twitter.

A priori, l’expérience menée par Didier Spronck, l’instituteur de première primaire à l’école Sainte-Julienne de Romsée en province de Liège, est unique en Belgique. Depuis un an, il utilise, entre autres outils pédagogiques, le réseau social Twitter pour apprendre l’écriture à ses élèves.

"Ma philosophie d’enseignement est de donner le goût de l’écriture et le plaisir de lire aux enfants. J’avais essayé de mettre sur pied une correspondance par courrier postal entre écoles mais cela ne fonctionnait pas très bien. Quand j’ai découvert que des élèves à l’étranger utilisaient Twitter en classe, je me suis dit : "pourquoi pas ?" . J’utilise Twitter moi-même et je trouve intéressante la concision qu’il impose
(140 caractères maximum par message, NdlR). C’est parfait pour des enfants qui débutent dans l’apprentissage de l’écriture", raconte-t-il.

A la rentrée 2011, Didier Spronck se lance dans l’aventure Twitter en classe, avec la bénédiction de sa directrice. Dès les premiers jours d’école, les enfants sont invités à envoyer de courts messages à leurs correspondants. "Nous sommes en contact avec des écoles au Canada, au Gabon et en France. J’ai envie d’ouvrir mes élèves au monde. Cette communication via Twitter répond à l’objectif car elle créée des liens culturels et est une première approche à la différence. Les exercices d’écriture sont orientés autour d’une thématique ou des sons (composer une phrase en rimes par exemple). Les enfants doivent taper une phrase inscrite dans leur cahier en majuscules. Puis j’ajoute des minuscules, plus difficiles à retrouver. Ils envoient le tweet à leur correspondant qui leur répondra à son tour."

En début d’année, l’instituteur dispense une petite formation à l’informatique aux élèves : comment taper une majuscule, créer un espacement, effacer ses erreurs "J’en profite pour faire de l’éducation aux médias. J’explique aux enfants que leurs messages seront publiés et qu’il faut donc faire attention au contenu. Ils sont de toute façon toujours encadrés par un adulte quand ils sont sur Twitter", précise Didier Spronck.

Twitter n’est qu’un des outils pour apprendre à lire et écrire utilisé à l’école Sainte-Julienne. "Nous utilisons des logiciels informatiques mais je ne néglige évidemment pas les méthodes classiques qui permettent d’apprendre l’écriture cursive. Les enfants doivent encore faire des exercices de calligraphie et recopier des mots."

Les 21 "petits Belges" (c’est leur pseudo sur Twitter) de la classe de Monsieur Spronck semblent ravis d’utiliser l’ordinateur. Au moins trois fois par semaine, ils se rendent par groupes de cinq dans la salle d’informatique pour composer leurs messages. Aujourd’hui, ils doivent taper la phrase suivante : "Mon livre préféré, c’est (titre, suivi de leur prénom)".

Pour certains, comme Pauline, l’exercice est une formalité. Elle n’éprouve que peu de difficultés à retrouver les lettres, à part peut-être le "é". "C’est marrant de chercher les lettres sur le clavier. A la maison, j’avais déjà envoyé des mails à ma maman. Mais je me faisais aider", dit-elle. Pour d’autres, cela s’avère un peu plus compliqué mais tous s’appliquent et prennent visiblement du plaisir. Les garçons, Hugo, Omar, Tristan ou Julien, déclarent en cœur : "On préfère se servir de l’ordi plutôt que d’écrire à la main. C’est plus facile !" Les filles, Sacha, Charline et Sarah, travaillent le sourire aux lèvres. "C’est très gai mais on aime bien écrire dans nos cahiers aussi."
Didier Spronck en est convaincu, cet outil informatique est un vrai plus dans le processus d’apprentissage. "La technologie doit avoir sa place à l’école mais ce n’est pas encore clair pour tout le monde", affirme-t-il. "Internet permet à tout un chacun d’écrire et c’est un outil qu’il serait idiot de ne pas utiliser, d’autant que les enfants n’en ont pas peur. Ils vivent et vont grandir dans un monde où l’informatique est omniprésente alors, mieux vaut apprendre à l’utiliser."

L’instituteur constate que ses élèves de l’an dernier, qui ont utilisé Twitter et l’ordinateur pendant toute l’année scolaire, ont développé un goût très prononcé pour l’écrit. "Ils écrivent énormément et très librement. Je n’ai jamais connu ça dans ma carrière." Il brandit un cahier d’écriture d’un de ses anciens élèves qui est maintenant en 2e année. "La calligraphie est impeccable et les textes rédigés sont des créations personnelles. Le niveau est très bon."
Cette méthode 2.0 semble donc bien fonctionner. L’expérience des "petits Belges" devrait être prolongée et peut-être donnera-t-elle des idées à d’autres enseignants.

Isabelle Lemaire, LLB.
LLB, Mis en ligne le 01/10/2012
http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/763810/je-twitte-tu-twittes-nous-twittons.html

Voir aussi l’article "Du bon usage des nouvelles technologies à l’école." et sur le site de Larcenciel.