Message du Cheikh Khaled Bentounes
Cette pandémie provoquée par un virus, aussi petit soit-il, interroge, désarçonne et paralyse l’activité mondiale. Ce moment de crise sanitaire sans précédent, nous invite à méditer sur ses causes et à réfléchir ensemble dès à présent à un projet plus humain et viable pour les générations futures.
Cette crise vient nous rappeler que l’humanité est un corps, touchée dans ce qu’elle a de plus précieux, sa santé. Le monde est en apnée. Il n’échappe à personne que ce virus cible principalement les poumons, il porte atteinte au souffle de l’humanité. De multiples incendies de forêts et des cyclones s’additionnent à la déforestation due à l’avidité de l’homme, et ce, en dépit des nombreux avertissements reçus des scientifiques depuis des décennies. Nos propres poumons et ceux de notre planète sont simultanément menacés par ce que l’on pourrait appeler une « Pneumonie planétaire ». Hier encore, les usines, les voyages de masse, l’agriculture intensive, la mainmise sur l’eau et les énergies, battaient leur plein sans se soucier de l’impact de nos activités sur le monde du vivant. La vision mercantile et financière exclusive s’est faite au dépend de l’Humain qui n’est plus au centre des préoccupations de la société de consommation d’aujourd’hui. La souffrance de notre corps, celle de nos proches, la souffrance du corps social et celui de la planète, sont une seule et même souffrance. Cette crise révèle notre fragilité. Elle vient nous réveiller. Cette crise est une opportunité à repenser le monde de demain et à travailler ensemble à promouvoir l’unité de la famille humaine en passant de la « culture du Je » à la « culture du Nous ». Nous habitons la même planète. Le même air traverse nos poumons et nos forêts, la même eau irrigue nos cellules et nos terres, la même terre nous nourrit et nous porte, le même soleil nous réchauffe et nous éclaire. Ces biens communs inaliénables appartiennent à tous les règnes de la nature, du minéral à l’humain en passant par la biodiversité végétale et animale. Chacun doit apprendre à partager sans oublier les plus démunis. L’histoire nous apprend que nos actes restent inscrits et génèrent des conséquences dont nous sommes tous co-responsables. Cependant, il y a des raisons d’espérer. L’élan de solidarité et l’impact positif de cette crise sur l’environnement sont là : le ciel bleu de la Chine, les eaux limpides de Venise, le chant des oiseaux à Paris, le silence retrouvé à Kinshasa. Faisons en sorte que ce nouveau paradigme s’installe au sein de la famille humaine afin que cet éveil de conscience nous invite à cesser la course folle de notre modèle actuel. Sortons d’une histoire pour rentrer dans une nouvelle histoire. Unissons nos efforts pour que les valeurs universelles de partage, de solidarité, d’égalité et de justice puissent devenir des réalités vécues au profit de l’humanité toute entière, sans distinction de culture, de religion, de rang social. Mobilisons-nous pour promouvoir le Vivre et le Faire Ensemble en Paix ainsi que l’éducation à la Culture de Paix.
(Mis à jour : janv. 21)