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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

9 octobre 2021 • L’usine à viande planétaire
Article mis en ligne le 9 octobre 2021
dernière modification le 8 janvier 2022

L’ONG « Les Amis de la Terre » et la Fondation Heinrich-Böll publient « L’Atlas de la viande 2021 ». Un rapport qui dresse un tableau très sombre des tenants et aboutissants du business mondial de la production industrielle de viande.

Comment vous dire ?

Les nouvelles que vous allez lire, aussi sinistres soit elles, éveillent chez moi un sentiment d’optimisme.
Comment partager ce paradoxe ?

C’est que, en réalité, la proposition de la production de nourriture dans le monde est si importante dans les perturbations climatiques qu’en définitive ce qu’il faut faire pour lutter contre le réchauffement apparait assez évident.
Les solutions sont là, on les a sous la main, ou sous les pieds, ou plus exactement dans notre assiette.
Car oui, si un quart du réchauffement climatique tient à notre assiette, les pistes de solution existent, sont envisageables, et à notre portée.

Bref de plus en plus de monde sait ce qu’il faut faire, indiscutablement. [1]

Il est donc incorrect de penser “il suffirait de” sans prendre en compte l’énorme complexité des mesures à prendre ou plutôt, si les mesures à prendre sont assez évidentes, ce qui est terriblement complexe c’est la mise en œuvre des mesures à prendre et de les faire accepter par la population.

Toutefois, il faudrait quand même au départ une véritable volonté politique. Et là, on peut se poser des questions… (“Notre maison brûle”… disait Chirac…)

Septembre 2021

Un régime alimentaire moins riche en viande et en produits laitiers fait partie des mesures nécessaires pour contrer la crise climatique et celle de la biodiversité. Souvent répétée, cette recommandation formulée par de multiples experts scientifiques ne semble pas vraiment en passe de se concrétiser. Telle est la conclusion principale qui ressort de « L’Atlas de la viande 2021 » publié ce mardi par l’ONG « Les Amis de la Terre » et la Fondation Heinrich-Böll.

A ce sujet, voici quelques extraits d’un article de Gilles Toussaint , Journaliste à La Libre Belgique, responsable de la rubrique Planète - Inspire, publié le 07-09-2021

Basé sur une analyse détaillée des diverses données officielles disponibles, l’Atlas de la viande 2021 dresse un tableau très sombre.

Les trois-quarts des terres agricoles sont désormais dédiés à l’élevage d’animaux (bœuf, porc, volaille…) ou aux cultures nécessaires à leur alimentation.
Rien qu’au Brésil, 175 millions d’hectares sont consacrés à l’élevage de bovins, notamment pour la production de soja, soit l’équivalent de la surface agricole totale de l’Union européenne.

Au moins deux tiers de la déforestation en Amazonie résultent de la création de pâturages pour le bétail par les grandes entreprises de l’agrobusiness.
Et dans certains cas, ces opérations de défrichement relèvent d’une stratégie visant prioritairement à s’assurer un titre de propriété sur les terres. Un mouvement qui s’est accentué avec l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Une bombe climatique

• A l’heure actuelle, la production agricole représente environ 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une empreinte carbone en bonne partie imputable à l’élevage industriel, qui génère à lui seul près de 60 % des émissions de ce secteur.

• Son impact sur la consommation d’eau mondiale est également notable (29%), ainsi que sur la pollution des eaux souterraines par les nitrates et par les pesticides massivement utilisés pour la production des cultures fourragères. Une pression sur l’environnement qui a par ricochet de lourdes conséquences pour la biodiversité.

• Orienté vers une augmentation de la productivité sans fin, l’élevage intensif comporte qui plus est une énorme part de gaspillage. De nombreux animaux restent en effet sur le carreau avant d’être envoyés à l’abattoir en raison d’épidémies dans les élevages ou parce qu’ils sont éliminés pour des motifs de rentabilité économique.

En France, par exemple, plus de 50 millions de poussins mâles sont tués chaque année directement après leur éclosion, avance l’Atlas, tandis qu’à l’échelle globale 115 millions de bovins et plus de 400 millions de porcs n’atterrissent jamais dans l’assiette destinée à la consommation humaine.

On est bien loin des « Objectifs de développement durable » pourtant endossés par les 193 Etats membres des Nations unies.

Des impacts sociaux

L’usage d’antibiotiques dans ces élevages augmente par ailleurs de plus en plus la résistance à ces traitements, posant un danger pour la santé publique.

• Concentrée entre les mains de quelques géants (Cargill, JBS, Tesco…) qui vendent leurs produits sous une ribambelle de marques différentes, la production de viande et de produits laitiers étouffe les filières de la petite agriculture familiale.

• Dans les pays comme le Brésil, cette expansion de l’agrobusiness se fait souvent en piétinant, parfois dans la violence, les droits des communautés locales qui pratiquent généralement un pastoralisme davantage en équilibre avec les ressources naturelles.

Par ailleurs les conditions de travail des ouvriers employés dans les méga-abattoirs qui dépendent de ces filières sont extrêmement dures.

Et le rapport évoque au passage la multiplication des épidémies de Covid-19 qui ont été enregistrées dans de nombreuses « usines à viande » à travers le monde.

• Ces firmes bénéficient de financements considérables tant publics que privés, relèvent les deux associations. Entre 2015 et 2020, elles ont bénéficié du soutien de sociétés d’investissements, banques et autres fonds de pension - pour la plupart basés en Amérique du Nord et en Europe - à hauteur de 478 milliards de dollars.

L’UE, un acteur de poids

Alors qu’elle aime se présenter comme comme étant à l’avant-garde de la lutte pour la sauvegarde du climat et de la biodiversité, l’Union européenne a encore beaucoup de chemin à accomplir, ressort-il du rapport. Quelque 20 % du soja brésilien importé pour nourrir les animaux des élevages européens proviennent par exemple de terres qui ont été illégalement défrichées.

D’où l’appel à abandonner l’accord de libre-échange Mercosur (actuellement en négociation) qui contribuera, selon elles, à amplifier la production de viande et les dérives qui y sont associées.
« Malgré l’impact mondial de la production, la distribution et la consommation de viande de l’UE, les responsables politiques n’ont pas pris de mesures en conséquence pour changer en profondeur le système agricole et alimentaire », déplorent les auteurs.

Ils estiment que ni la nouvelle Politique agricole commune, ni la stratégie « De la ferme à la table » ne permettent de renverser cette tendance lourde et d’ouvrir l’espace aux alternatives qu’offre l’agroécologie.

« L’UE doit interdire l’élevage industriel et réduire le nombre d’animaux d’élevage afin de créer les conditions d’un développement de l’agriculture durable », ajoutent-ils, mettant en avant les nombreux leviers – politiques, juridiques, fiscaux, informationnels - à disposition des pouvoirs publics pour orienter les comportements de consommation dans une direction la fois meilleure pour environnement et la santé publique. 


Gilles Toussaint Journaliste La Libre Belgique. Responsable de la rubrique Planète -Inspire. Publié le 07-09-2021

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