Comment mesurer le progrès humain
Le dernier rapport des Nations unies sur le développement humain entend mieux prendre en compte l’incidence de l’homme sur l’écosystème terrestre.
Ce n’est pas encore le "Bonheur national brut" du Bhoutan [1], mais c’est un premier changement qui se libère un peu du PIB, et tient un peu mieux compte de l’avenir de la Planète.
Ainsi, l’indice de développement de chaque pays se voit évalué, affecté ou favorisé en fonction de ses émissions de CO2.
Peut-on encore, à l’heure d’une crise mondiale majeure, mesurer le progrès humain à travers les indicateurs habituels que sont la santé, l’éducation et le niveau de vie ? La réponse est non !
C’est que nous sommes bien entrés dans "l’âge des humains", explicite le rapport : celui de l’anthropocène. Un âge où l’on ne peut plus considérer le progrès comme un concept hors-sol - au sens littéral.
"la pandémie de Covid-19 pourrait avoir fait basculer environ 100 millions d’individus dans l’extrême pauvreté", selon le rapport. Soit "le pire recul en une génération"…
"Nous devons imaginer des solutions inédites et nous y tenir strictement".
En adaptant sa méthode d’évaluation du développement, le rapport expérimente la production de nouvelles normes et mesures d’incitations que les gouvernements pourraient mettre en place, en particulier la réduction des émissions de CO2.
"Nous avons donc décidé d’innover", indique Achim Steiner, administrateur général du programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Ainsi, "l’indice de développement des pays de cette année comprend une mesure expérimentale, à savoir, les émissions de dioxyde de carbone et l’empreinte matérielle" pour chaque pays. (Celle-ci mesure la quantité d’extraction domestique et d’importation de matières premières (biomasse, combustibles fossiles, minerais métalliques et non métalliques).
Changement de paradigme
Qui dit nouveaux indicateurs dit aussi changement dans le classement mesurant l’indice de développement des pays. En effet, si l’on ajuste l’indice de développement humain aux pressions planétaires provoquées par les rejets de CO2, "sur plus de 60 pays à très haut développement humain en 2019, il n’en reste plus que 10 qui font encore partie de ce groupe" dont la Norvège tient la tête. (avec la Belgique en 14ème position). D’autres pays tient bien leur épingle du jeu, comme le Costa-Rica. "qui gagne 37 places sur l’indice", pointe Achim Steiner, du fait que "ce pays a exploité l’hydroélectricité pour la décarbonation de son électricité et a permis à ses citoyens de gagner leur vie tout en replantant des mangroves et en protégeant les tortues", en taxant "les combustibles fossiles, à hauteur de 5 billions de dollars qui représentent le coût total annuel des subventions publiques aux combustibles fossiles dans le monde".
le dernier rapport du programme des Nations unies sur le développement humain (PNUD), estime que la pandémie actuelle est l’arbre qui cache la forêt de bouleversements qui attendent le XXIe siècle : "la crise climatique, l’effondrement de la biodiversité, l’acidification des océans, etc. "La liste est longue, prévient le rapport, et ne cesse de s’allonger. À tel point que de nombreux chercheurs sont d’avis que, pour la première fois, ce n’est plus la planète qui façonne les êtres humains, mais les êtres humains qui façonnent intentionnellement la planète."