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Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Rachid Benzine : « L’histoire du nouveau Front populaire a déjà commencé à s’écrire »
Article mis en ligne le 21 juin 2024
dernière modification le 17 janvier 2025

Tribune de Rachid Benzine, Politologue et écrivain, Publiée dans Le Nouvel Obs le 19 juin 2024

Pour l’écrivain et politologue, cette alliance des gauches nous appartient parce qu’elle est tissée de nos vies. Elle est l’alternative à la haine de tous contre tous et à la disruption libérale permanente.

Extraits


1. Je veux vous raconter l’histoire qui peut encore s’écrire

Dire de voter contre le RN ne fonctionne pas. Nous avons été nombreux à le dire. Développer des arguments techniques et rationnels ne marche pas non plus. On a déjà rappelé à l’envi que Jordan Bardella et Jean-Marie Le Pen comme Marine étaient des rentiers incompétents de la politique, que leur parti prétendait depuis des décennies décider de qui était un bon ou un mauvais Français alors que lui-même charrie le pire de l’héritage politique hexagonal, celui de la trahison. Tout cela a déjà été dit et ne suffit pas. Le matraquage médiatique façon Bolloré, le culte du fait divers et l’implantation lente du RN ont fait sauter les digues il y a longtemps. Alors parlons d’autre chose.

Je veux vous raconter l’histoire qui peut encore s’écrire. Celle du Front Populaire. Pas celui de 1936, celui de 2024.

Ce Nouveau Front populaire n’appartient pas aux partis. Individuellement et même collectivement, ils ne pèsent plus assez dans nos vies. Le Nouveau Front populaire, c’est une alliance qui les dépasse pour offrir une alternative historique.

Le Nouveau Front populaire, c’est avant tout un récit de vies. Des vies malmenées par plusieurs décennies de politiques austéritaires et de réformes mal conduites. Des vies de travailleurs essentiels, d’ouvriers, de paysans, de chômeurs, d’immigrés, des personnes engagées pour le service public et les biens communs, des premiers de cordée qui font vivre la France en silence.

Le Nouveau Front populaire, ce sont ceux qu’on a voulu diviser et qui veulent au contraire que leur expérience intime et collective, les difficultés et les espoirs de leurs familles trouvent enfin un débouché politique. Ce sont les parties silencieuses du pays qui refusent les extrêmes.

Ceux qui réparent
J’en ai croisé beaucoup ces dernières années à l’occasion de mes interventions dans les villes et les campagnes, dans les écoles, les centres culturels et sociaux pour apaiser les tensions intimes de notre pays et ouvrir la voie d’une meilleure reconnaissance de nous-mêmes et de nos institutions.

L’histoire du Nouveau Front populaire a déjà commencé à s’écrire. Par exemple, à travers la vie de Rachida, 45 ans, bibliothécaire à Toulouse, qui fait travailler des jeunes sur des romans pour explorer les thèmes du silence, de la mémoire et de l’exil. Elle leur fait lire leurs travaux devant un public d’adultes venus de toute la ville, créant un moment de partage et de réflexion intense. Le Nouveau Front populaire, c’est Alexandre, 26 ans, jeune entrepreneur qui a créé une association visant à aider les mamans à se lancer dans l’entrepreneuriat. Issu d’un milieu modeste, il a été témoin des défis auxquels font face les mères célibataires.

L’histoire du Nouveau Front populaire a commencé il y a longtemps à travers Gérard, 70 ans, ancien délinquant repenti devenu éducateur en prison. Il consacre encore sa vie à aider les jeunes à travers des formations professionnelles et à construire une seconde chance. Le Nouveau Front populaire peut déjà compter sur le travail de Sylvie, 54 ans, pionnière de la permaculture à Vénissieux, qui, pour pallier les problèmes de pollution et de manque d’espaces verts, a transformé un terrain vague en un jardin luxuriant où elle enseigne l’écologie pratique aux habitants : respect des sols, ressources locales et systèmes autosuffisants.

C’est ce peuple de France que la cisaille de la dissolution a voulu réduire au silence mais qui peut décider à la fin du mois de refermer le chapitre de vingt ans d’expérimentation néolibérale désastreuse et réparer notre action publique, nos injustices, notre Europe, notre climat et notre société.

(…)

Il y a évidemment encore beaucoup de travail mais ce Front populaire de 2024 est une meilleure alternative face au mythe de la « nation assiégée » promu par le Rassemblement national. C’est une alternative à la haine de tous contre tous et à la disruption libérale permanente.

L’histoire connaît des moments de bascule mais le pire n’est jamais certain. 48 % des électeurs n’ont pas voté aux élections européennes et la campagne commence. Quand les responsables politiques mettent leur ego de côté, que la société civile prend ses responsabilités et que les citoyens retournent aux urnes, une nouvelle page de l’Histoire de France peut s’écrire et tous les espoirs sont possibles.

Rachid Benzine

https://www.nouvelobs.com/politique/20240619.OBS89956/rachid-benzine-l-histoire-du-nouveau-front-populaire-a-deja-commence-a-s-ecrire.html?at_medium=email&at_emailtype=retention&at_campaign=ObsPolitique&at_send_date=20240619&M_BT=122601349722065


ANNEXE

2. La lettre du Mouvement Colibris

Juin 2024

Damien Deville, géographe culturel, membre de l’équipe du Mouvement Colibris, et habitant d’un territoire rural de la Sarthe écrit :

Extraits (Je me suis permis de supprimer les mots en écriture dite "inclusive" que je me refuse à utiliser dans Larcenciel)

La France périphérique n’existe pas. Un territoire est toujours un centre du monde pour celles et ceux qui y habitent. Car c’est à cette échelle que l’oiseau fait son nid et le castor construit son barrage. C’est aussi là que nous faisons grandir nos enfants et que nous enterrons nos proches.


Personne n’est périphérique à sa propre vie. Et même si les territoires ont été blessés par les coups de l’Histoire, ils restent un repère primordial pour ceux et celles qui y habitent. Depuis nos villages et nos quartiers, nous sommes solides, heureuses et heureux de ces lieux qui grandissent en nous et que nous soignons en retour.
Nous sommes solides et nous savons que nous ne serons remplacés par personne. Le "grand remplacement" est une illusion d’un débat politique faussé qui n’a aucune réalité géographique ou sociologique. (…)

L’histoire de la France et de ses héritages, a toujours été, au moins depuis l’époque romaine, des histoires de rencontres.

C’est en tissant du lien et en développant des possibles, autant avec les habitants de toujours que les nouveaux venus, que les habitants d’un lieu réussissent à aller collectivement de l’avant.

Depuis les territoires, je n’ai aucun conseil à prodiguer et je ne suis personne pour donner des consignes de vote. Je suis, au fond, comme tout le monde : perdu. Je ressasse les mêmes questions, les mêmes aigreurs, les mêmes espoirs déchus.

Mais je n’ai au fond qu’une seule vérité en magasin : mettons de l’amour dans les urnes, pas de la colère. Car l’amour c’est de la couleur et la couleur a toujours mis davantage en mouvement que le noir et blanc.

Note :
Au Mouvement Colibris nous sommes, depuis l’origine, convaincus de l’importance d’agir "avec" plutôt que "contre". Pour autant, nous sommes opposés à tout groupe ou idéologie porteuse de clivage, de haine, et de rejet de l’autre. Comme nous le disons dans notre manifeste, « "Faire sa part", c’est cultiver en nous, et autour de nous, la bienveillance, la générosité, l’empathie, la solidarité ; c’est s’engager dans une remise en question de nos modes de vie ; c’est, enfin, se relier aux autres et participer à transformer collectivement notre quartier, notre commune et notre territoire. »