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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

"Si le déni politique continue, de nouvelles émeutes...
...seront inévitables."
Article mis en ligne le 20 août 2023
dernière modification le 4 septembre 2023

Depuis la fin des années 1990, en France, les quartiers populaires sont comme une marmite dont le couvercle saute à intervalles réguliers, laissant s’échapper une colère toujours croissante.

Personne, ni à droite ni à gauche ni a fortiori au centre, ne semble en mesure de pouvoir éviter la cocotte-minute d’exploser à nouveau.

Parmi quantité de commentaires de tout acabit, y compris ceux qui humblement avouent ne rien y comprendre, j’en retiens deux pour le moment, en y ajoutant mon grain de sel qui deviendra peut-être un article à part entière...

 ci-dessous, un article de Laure de Charette donnant la parole à Marwan Mohammed, sociologue au CNRS.
 une carte blanche d’Alain Bentolila, linguiste, spécialiste de l’illettrisme, que j’aurais voulu résumer, mais tout son texte me parait essentiel à lire (et à commenter, ce que j’ai bien envie de faire un de ces jours...)
 un fil de la toile de mes réflexions, pour bientôt. [1]

La mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre le 27 juin, a provoqué des émeutes à peine croyables, et à première vue incompréhensibles de la part de jeunes ados parfois de 13 à 15 ans.

Un article de Laure de Charette, Correspondante en France, publié dans La Libre le 12 juillet 2023, donne la parole à Marwan Mohammed, sociologue chargé de recherche au CNRS.

Les élites au pouvoir refusent de voir les ressorts réels de la colère des jeunes dans les quartiers populaires. Elles refusent de se confronter au réel, d’actionner les leviers structurels susceptibles de changer la donne comme la lutte contre le racisme systémique chez les policiers, contre la pauvreté et les inégalités scolaires. Si ce déni politique continue, et les premiers signaux envoyés laissent penser que tel sera le cas, de nouvelles émeutes seront inévitables à l’avenir. Ce déni est de la permaculture d’État des révoltes de demain”.

Les questions restent nombreuses pour tenter de comprendre les raisons mais aussi les enseignements à tirer de cette nouvelle crise des quartiers. Pour Luc Bronner, du Monde, "Les violences de ces derniers jours trouvent leurs origines dans des maux conjoncturels mais surtout structurels, connus et jamais résolus”. Il évoque une “fracture” avec des quartiers populaires au bord de l’asphyxie, en situation de détresse alimentaire en raison de l’inflation et où s’accumulent les injustices.

Le sociologue Marwan Mohammed évoque de “fortes attentes après les révoltes de 2005”, ” des avancées notables en matière d’urbanisme avec d’énormes investissements réalisés pour rénover le bâti” mais un certain nombre de reculs sur le plan social, économique, du racisme et des pratiques policières. “Les inégalités scolaires sont toujours importantes, les frustrations économiques s’accroissent et l’ordre dit républicain est de plus en plus méprisant et autoritariste”.

Ne jamais oublier les banlieues

Dès lors, que faire ? Marwan Mohammed répond qu’il faut aller bien au-delà des mesures proposées. (...)
Les questions sont complexes, sensibles, et les réponses clefs en main n’existent pas. Et chacun, selon son camp politique, ses convictions ou ses intérêts, tire des leçons différentes des évènements récents. Une chose est sûre, selon le spécialiste des banlieues Erwan Ruty, auteur d’une Histoire des banlieues françaises (François Bourin, 2020) : “Il ne faut jamais oublier les banlieues. C’est une faute morale, politique et civilisationnelle” écrit-il dans Le Monde.

On est loint actuellement du discours de Jacques Chirac, qui avait noté en 2005 une “crise de sens et de repères” et déclaré : “Je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelle que soit leur origine, qu’ils sont tous les fils et les filles de la République […]. Il faut offrir partout et à chacun les mêmes chances”.

VOIR "L’immigration algérienne post-indépendance : l’enracinement à l’épreuve de l’exclusion", un article paru dans Le Mouvement Social 2017/1 (n° 258), pages 29 à 48, dont j’ai repris des extraits à lire ICI

"Taper les familles au portefeuille” ?

Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de sanctions financières, il faut “taper au portefeuille” des familles dès “la première connerie” selon un de ses proches. Le chef de l’État veut “reciviliser” via un “agenda défense républicaine” : “lutte contre l’effondrement civique, l’école, qui doit rentrer dans le champ du régalien, et régulation XXL des réseaux sociaux”.

Les réponses ne sont pas les mêmes selon, là encore, le prisme politique : certains plaident pour davantage de mixité sociale dans les quartiers, le retour d’une police de proximité, une meilleure insertion socioprofessionnelle des jeunes et une lutte contre l’échec scolaire, quand d’autres préfèrent le tour de vis.

“Des leviers structurels existent, souligne Marwan Mohammed. Encore faut-il qu’il y ait une volonté politique pour les actionner”.

Dans tous les cas, le chantier est immense. Mais rien n’indique, à ce stade, qu’il sera jugé prioritaire…

VOIR la carte blanche d’Alain Bentolila, professeur à l’université Paris-Descartes, linguiste, spécialiste de l’illettrisme, à lire ICI