Une opinion de François Ost, Prof. ém. UCLouvain-St-Louis-Bruxelles, membre de l’Académie royale de Belgique
Trois cercles de la violence pour caractériser l’impensable qui se déroule sous nos yeux à Gaza :
1. La violence légale exercée par les autorités publiques dans un cadre juridique
2. La violence du talion qui exprime la justice qu’on se fait à soi-même
3. La violence déchaînée, sans cadre aucun, qui procède des pulsions les plus primitives
On aura compris que la situation dans laquelle le Moyen-Orient s’enfonce depuis le 7 octobre procède d’une telle descente aux enfers.
La Libre, contribution externe, publiée le 13-01-2024
L’enfer de Dante compte neufs cercles, chacun représentant un stade plus avancé de déréliction. N’ayant pas la puissance d’imagination du poète italien, je me contente de parler de trois cercles de la violence pour caractériser l’impensable qui se déroule sous nos yeux à Gaza :
1. La violence légale exercée par les autorités publiques dans un cadre juridique ; Max Weber la qualifie de “légitime”.
2. La violence du talion qui exprime la justice qu’on se fait à soi-même ; René Girard explique que, comme la stratégie du bouc émissaire, si elle représente une régression par rapport à la violence légale, elle est cependant le premier sursaut de civilisation par rapport au troisième cercle.
3. La violence déchaînée, sans cadre aucun, qui procède des pulsions les plus primitives ; le seul à en parler vraiment est Sade, et pour cause. On aura compris que la situation dans laquelle le Moyen-Orient s’enfonce depuis le 7 octobre procède d’une telle descente aux enfers.
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Extrait :
Une course à tombeau ouvert.
J’ai la certitude que la politique menée par le gouvernement Netanyahu relève de cette folie (la violence déchaînée) (même si en elle s’explique aussi par la volonté même plus cachée de recoloniser la bande de Gaza) : une course à la mort – au premier chef, celle des Palestiniens, bien entendu, mais aussi, à terme, celle de ses compatriotes. Avec, dans l’immédiat, la perte du crédit moral dont la démocratie israélienne a bénéficié jusqu’ici, en Occident à tout le moins. Ce crédit, déjà sérieusement entamé avec la colonisation sauvage de la Cisjordanie, se dilapide aujourd’hui à une vitesse impressionnante. Tous les termes du débat, y compris les plus tabous, comme celui de “génocide” se retournent dans cette confusion mortifère générale. À ce point de mobilisation des forces inconscientes collectives, la situation n’est plus sous contrôle...