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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

« Le “nous contre eux” signe fatalement le début de l’obscurantisme et de la cécité »
Article mis en ligne le 6 novembre 2023

L’écrivaine libanaise Dominique Eddé] nous interpelle en signant, sur la guerre Israël-Hamas, une tribune dans Le Monde du 31 octobre dernier :

"Le massacre commis par le Hamas le 7 octobre marque la fin d’un long processus de démembrement de la région, et signe la défaite de tous les acteurs concernés, estime l’essayiste, dans une tribune au « Monde ». Selon elle, « il est temps pour chacun de nous de faire un immense effort si nous ne voulons pas que la barbarie triomphe à nos portes. »"

« Le “nous contre eux...”

Que nous soyons Israéliens ou Palestiniens, Libanais, Syriens, juifs ou musulmans, chrétiens ou athées, Français ou Américains, nous ne nous méfierons jamais assez du recours au « nous contre eux », qui signe fatalement le début de l’obscurantisme et de la cécité.

Or l’emploi de ces trois mots enregistre à l’heure qu’il est des records terrifiants, d’un bord à l’autre de la planète. Et il se répand à une vitesse si foudroyante qu’il emporte les têtes, comme un ouragan des maisons.

Le carnage barbare du Hamas, le 7 octobre, n’a pas fait que des milliers de morts et de blessés civils israéliens, il a jeté une bombe dans les esprits et dans les cœurs, il a arrêté la pensée. Il a autorisé le déchaînement des passions contre les raisons et les preuves de l’histoire. Ce déchaînement peut se comprendre là où manquent les moyens de savoir, d’un côté comme de l’autre. Là où la douleur est écrasante.
Il est inacceptable chez les puissants : là où se déclarent les guerres, là où se décident les chances de la paix.

(...)

Publié le 31 octobre 2023

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« Les dirigeants israéliens n’ont pas compris que, dans une guerre asymétrique, le faible finit en général par l’emporter sur le fort »

Tribune
Sophie Bessis, Historienne
Le Monde, 24 octobre 2023

Les luttes armées du XXᵉ siècle ont montré que lorsque le dominant refuse de prendre en compte les demandes des dominés, ces derniers se radicalisent et finissent par se convaincre que seule la violence peut les libérer de l’oppression, rappelle l’historienne Sophie Bessis, dans une tribune au « Monde ».

Depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, nombre d’esprits que l’on pouvait jusqu’ici qualifier de raisonnables somment les uns et les autres de choisir leur camp. La seule attitude raisonnable est de refuser une telle injonction et de tenter de comprendre, sachant que comprendre n’équivaut pas à justifier. Car de quoi parle-t-on ? Si le Hamas s’était contenté d’enfoncer le mur de sécurité israélien et d’attaquer les casernes de Tsahal [l’armée israélienne], son opération aurait été légitime, quelle que soit la répugnance que peut inspirer un mouvement de nature fondamentaliste et totalitaire, car il aurait pulvérisé la certitude qu’a Israël de sa toute-puissance et l’aurait peut-être ramené au principe de réalité. Mais le massacre de centaines de civils israéliens ne peut être considéré comme un acte de résistance à l’occupant et doit être condamné sans réserves.

L’histoire des luttes de libération du XXe siècle nous enseigne que le refus des colonisateurs de négocier avec leurs responsables considérés comme les plus modérés a radicalisé ces derniers ou a laissé la voie libre à leurs éléments les moins disposés au compromis. Toutes ces luttes ont montré que le désespoir des dominés, l’absence de perspectives engendrée par l’entêtement des occupants à occuper ont fini par convaincre les premiers que la violence seule pouvait les libérer. Ils sont alors devenus des terroristes.

C’est ainsi que l’on a qualifié entre autres le Vietcong, le Front de libération national algérien et, jusqu’en 1993, l’Organisation de libération de la Palestine, avant de les reconnaître comme des interlocuteurs obligés. Il faut rappeler à cet égard qu’au cours des dernières décennies, le Mossad [les services de renseignement extérieur israéliens] a systématiquement assassiné des dirigeants palestiniens sinon les plus modérés, du moins les plus politiques, à l’instar d’Abou Jihad [en 1988], laissant il est vrai aux franges les plus extrémistes du mouvement palestinien, comme le groupe d’Abou Nidal, le soin d’éliminer ceux qu’il épargnait.
Le retour du refoulé colonial

Le vocabulaire des situations coloniales est d’une affligeante monotonie : quand la violence répond à la violence parce que toutes les autres routes ont été coupées, celle de l’oppresseur est passée sous silence et celle de l’opprimé devient l’emblème du mal et de la cruauté qui caractérisent son essence et sa culture.

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