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Michel Simonis

Jonathan Haidt : "Les réseaux sociaux ont plongé toute une génération dans la dépression"
Article mis en ligne le 7 mai 2022
dernière modification le 17 juin 2022

Selon le grand psychologue, les réseaux sociaux sont en train de détruire nos sociétés démocratiques, entre trumpisme et wokisme. Sa thèse a fait grand bruit aux Etats-Unis.

Jonathan Haidt est psychologue social à la Stern School of Business de l’université de New York. Il est l’auteur de The Righteous Mind et le coauteur de The Coddling of the American Mind, qui a vu le jour en septembre 2015 dans un article de l’Atlantic.

Son article "Pourquoi les dix dernières années de la vie américaine ont été particulièrement stupides" paru en mai 2022 dans la revue américaine The Atlantic est tout à fait passionnante. Je vous en propose des extraits traduits (avec DeepL) ICI Et une traduction française complète dans mes "Pearltrees" et sur mon blog de Larcenciel. [1]

Extraits d’un article paru dans L’EXPRESS ce 23 avril 2022] [2]

Propos recueillis par Thomas Mahler et Laetitia Strauch-Bonart
Newsletter Le Sept - Publié le 23/04/2022


Jonathan Haidt - Rob Kimː Getty Images via AFP

Selon le grand psychologue, les réseaux sociaux sont en train de détruire nos sociétés démocratiques, entre trumpisme et wokisme. Sa thèse a fait grand bruit aux Etats-Unis.

Jonathan Haidt ne "critique par internet en général, mais un modèle commercial en particulier : celui lancé par Facebook, dans lequel l’utilisateur n’est pas le consommateur mais le produit".

Quand un ancien président des Etats-Unis, l’un des hommes les plus riches de la planète et une chanteuse parmi les plus connues au monde citent et diffusent les propos d’un chercheur en psychologie, il y a de quoi légitimement penser que celui-ci a deux ou trois choses à nous apprendre. Paru il y a une semaine dans le magazine The Atlantic, le long et remarquable texte de Jonathan Haidt, "Why the past ten years of American life have been uniquely stupid" ("Pourquoi les dix dernières années de la vie américaine ont été exceptionnellement stupides") est devenu viral. Barack Obama, Jeff Bezos et Katy Perry - l’assentiment de cette dernière rendant notre chercheur particulièrement fier - l’ont chaudement recommandé. Un comble, car cet article est une charge contre les réseaux sociaux, qui fragmentent selon lui la société et menacent nos démocraties libérales. 

Méconnu en France, Jonathan Haidt est une star intellectuelle aux Etats-Unis. Professeur de "leadership éthique" à la prestigieuse New York University Stern School of Business, le chercheur a acquis une solide réputation dans le domaine de la psychologie morale via The Righteous Mind et The Coddling of the American Mind, deux best-sellers autant prisés par le grand public que scientifiquement novateurs. 
Reprenant ses recherches sur les fondations morales des choix politiques et la fragilité des jeunes Américains tentés par la culture victimaire, le professeur analyse avec brio les conséquences délétères de l’expansion spectaculaire des réseaux sociaux ces dix dernières années. L’Amérique est, décrit-il, similaire à une Babel fragmentée, et l’avenir proche n’annonce rien de bon. Ce qui ne l’empêche pas, fidèle à la visée réconciliatrice qui l’anime - il est notamment cofondateur de l’Heterodox Academy, qui cherche à accroître le pluralisme, la compréhension mutuelle et le désaccord fécond - de proposer des pistes concrètes pour que nos sociétés démocratiques puissent à nouveau parler le même langage. Depuis la publication de ce brûlot, Jonathan Haidt est très sollicité par les médias américains. Mais ce francophile a accepté de s’exprimer en longueur sur sa thèse auprès de L’Express. 

L’Express : Vous qualifiez ces dix dernières années d’"exceptionnellement stupides". Vous n’y allez pas de main morte... 

Jonathan Haidt : Je ne qualifie personne de stupide. En fait, dans nos sociétés, les gens sont de plus en plus éduqués et intelligents au niveau individuel. Mais je m’intéresse aux institutions et à la morale collective. Or il s’est passé quelque chose au début des années 2010. Ce sont nos institutions qui sont devenues plus stupides, en particulier celles qui produisent des connaissances. Cela a commencé par les universités, mais on a vu le phénomène se répandre dans le journalisme, en médecine ou dans le monde professionnel. Depuis 2014, j’essaie de comprendre ce qui se passe. Une stupidité structurelle s’est installée. Quelque chose ne va pas dans la façon dont nous traitons les informations. 
"Même au sein de la gauche ou de droite, on ne se comprend plus !"

Vous comparez notre société actuelle à Babel. Pourquoi cet épisode biblique serait-il la meilleure métaphore pour comprendre ce qui nous arrive ?

Beaucoup de personnes retiennent de cette histoire que Dieu, contrarié par l’hubris de l’humanité, détruit la tour. Mais en réalité, Dieu ne provoque pas l’effondrement de la tour. Il s’arrange pour que les humains ne puissent plus se comprendre en introduisant une diversité de langues. Babel est une image parfaite pour décrire la fragmentation actuelle de notre société. Nous savons tous que les réseaux sociaux nous mettent en colère. Des centaines d’articles scientifiques ont été publiés sur la façon dont Twitter ou Facebook mettent à mal la démocratie en répandant mensonge et indignation. Mais la clé, je pense, est que nous ne parvenons même plus à comprendre la personne qui se trouve à côté de nous. Nous sommes désorientés. Nous ne sommes plus aptes à parler la même langue ou à avoir la même vérité qu’autrui. Nous sommes coupés les uns des autres. 

En tant que psychologue social, j’ai passé une grande partie de ma carrière à étudier la polarisation entre la gauche et la droite. Ce sont deux pays séparés qui se battent l’un contre l’autre.

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Pour la traduction française de "Why the past ten years of American life have been uniquely stupid", voir ICI