Ridhima Pandey, la Greta Thunberg de l’Inde : cette adolescente a été distinguée par la BBC parmi les 100 femmes qui changent le monde.
À 13 ans, la jeune fille originaire de l’Uttarakhand, une région de l’ouest de l’Himalaya, dans le nord de l’Inde, est devenue le porte-voix d’une jeunesse indienne qui s’estime sacrifiée par la pollution de l’air, des fleuves et la hausse des températures. "Nos dirigeants répètent la même chose à longueur de discours. Ils prétendent vénérer les plantes, les animaux, les insectes alors qu’ils détruisent la nature", déplore Ridhima Pandey avant de donner un exemple : "Ils veulent raser la forêt de Thano près de chez moi pour agrandir l’aéroport de Dehradun et abattre 10 000 arbres. Ils prétendent qu’il n’y a pas de faune alors qu’il y a des tigres, des léopards et des éléphants à proximité. Ils passent leur temps à mentir."
Ridhima ne s’emporte jamais quand elle parle. Mais sa voix enfantine débite des faits et des arguments à toute vitesse, signe de l’impatience qui saisit la jeune fille face au changement climatique. Elle multiplie les interventions en public et dans les écoles pour mobiliser la jeunesse et interpeller les élites. En 2017, avec l’aide de son père, elle a saisi le Tribunal environnemental indien pour convaincre les juges d’ordonner au gouvernement de prendre des mesures efficaces face au changement climatique. Déboutée, elle a saisi la Cour suprême.
Ridhima s’agace de la cupidité et de la soif de pouvoir de l’élite économique et politique. "Les politiciens ne parlent jamais du changement climatique lors des élections. Nous sommes trop occupés à raser des centaines de milliers d’arbres pour creuser des mines de charbon et développer notre industrie au nom du profit. Notre gouvernement veut aussi transformer l’Inde en grande puissance, tout préoccupé qu’il est par sa quête de pouvoir."
Malgré la surdité des autorités, Ridhima refuse de baisser les bras. "Le coronavirus a montré que si nos dirigeants veulent agir, ils y arrivent. Nous avons besoin d’un choc, similaire à celui provoqué par la pandémie, pour résoudre le problème climatique. Cela viendra un jour. J’espère qu’il ne sera pas trop tard."
Emmanuel Derville, à New-Delhi
Publié le 16-04-21 dans La Libre