Quand on arrive à s’extraire de la vie de tous les jours et reprendre la perspective du petit point bleu pâle de la Terre vu de l’espace, ce petit point qui flotte dans la nuit noire de l’Univers, on revient quand même à des questions de civilisation millénaires : savoir si nous sommes seuls, d’où nous venons et la raison même de notre existence.
Par ailleurs, la raison pour laquelle ce serait non seulement intéressant, mais important de rencontrer d’autres civilisations ou même simplement de trouver la vie ailleurs, ce serait d’obtenir une nouvelle perspective, vu les impasses planétaires dans lesquelles nous nous trouvons.
La recherche de Seti telle qu’elle est faite avec des radiotélescopes est très anthropocentrique, car elle implique que les extraterrestres pensent de la même manière que nous et sont intéressés par ce qui se passe autour d’eux.
Par contre, imaginer une autre civilisation qui aurait eu sa propre évolution pourrait nous donner, sur les mêmes questions que nous nous posons, celles citées plus haut, un point de vue très utlle.
“Avec un minimum de 300 millions de planètes potentiellement habitables situées dans notre galaxie, penser que nous sommes seuls dans cet océan cosmique est une absurdité statistique. Compte tenu des statistiques, il est non seulement probable que des civilisations extraterrestres existent, mais aussi qu’elles soient très nombreuses et sûrement très diverses.”
On connaît assez bien l’habitabilité potentielle du système solaire, on y a travaillé ces 40 dernières années. On commence à y chercher les signatures de la vie et les biosignatures. Les outils développés sont appliqués à présent aux exoplanètes, qu’on étudie quotidiennement et qu’on regarde avec la spectroscopie. Dans les atmosphères, on cherche des déséquilibres, des gaz biogéniques.
On peut demain trouver quelque chose qu’on ne peut absolument pas expliquer naturellement dans l’atmosphère d’une exoplanète.
Ce que je peux vous dire, c’est que tous ces domaines de recherche avancent très rapidement maintenant et que je pense que durant notre génération, on a beaucoup de probabilités d’avoir une réponse dans l’un de ces domaines.
"En tant que chercheuse, je suis extrêmement intéressée et curieuse de tout ce que je ne connais pas." (Nathalie Cabrol)
La vie, pour pouvoir survivre et s’adapter, a besoin d’interagir avec son environnement, c’est ce qu’on appelle la coévolution. Si vous regardez toutes les espèces terrestres, un élément à prendre en exemple est l’invention des yeux. Ils sont apparus de manière complètement indépendante 32 fois.
S’ils existent, des extraterrestres auraient évolué en fonction de leur propre coévolution, c’est-à-dire de l’environnement dans lequel ils ont évolué et des différents changements dans cet environnement. On verra à quoi ils ressemblent mais il y a des réponses, comme être capables d’entendre, de voir, de toucher, qu’on risque de retrouver, avec des différences extrêmement grandes mais toujours avec le même souci de pouvoir interagir avec l’environnement.
Ont-ils une meilleure réponse à une vie plus en harmonie avec leur planète ? Sont-ils passés par les mêmes crises ? Ont-ils vécu les mêmes crises sociales ?
Ce n’est pas qu’on attend des réponses : on a on a absolument besoin de trouver les réponses par nous-mêmes. Mais en même temps, c’est aussi important de savoir que d’autres sont passés par là ; que c’est normal de passer par des crises. C’est important d’apprendre les leçons pour devenir une civilisation responsable. Il n’y a aucun mal à avoir l’opinion d’un adulte un petit peu plus avancé sur la route qui peut apporter un petit peu de sagesse.
Nous en avons grand besoin, par les temps qui courent...
Michel Simonis