Israël permet que des bouts de territoires soient plus ou moins autogérés par les Palestiniens, tout en continuant de les assièger avec des murs, des colonies et des tours de garde. Israël envisage de mener l’annexion progressivement pour diluer la protestation internationale, mais le reste de la Palestine ressemble déjà à un gruyère ; un État impossible à faire fonctionner et à gouverner. Un État où il est impossible de vivre.
Dans les faits, les Palestiniens seraient parqués dans de minuscules territoires - de véritables prisons à ciel ouvert, strictement contrôlées par Israël. De nombreux observateurs parlent même d’apartheid. En tant que premier partenaire commercial d’Israël, l’UE pourrait clairement signifier que l’annexion et les violations des droits humains en Palestine entraîneront des sanctions.
Il s’agit de l’une des mesures les plus illégitimes jamais prises dans la longue et tragique histoire du conflit israélo-palestinien. Si le monde regarde ailleurs, une nouvelle ère d’injustice et de cruauté s’ouvrira. C’est la raison d’être d’Avaaz - faisons-nous entendre ’Pas avec notre complicité’, et faisons retentir la sonnette d’alarme auprès de nos dirigeants pour qu’ils agissent :
J’appelle à agir pour la Palestine en urgence
Avaaz s’est battu avec acharnement pour que les Nations Unies reconnaissent la Palestine comme la 194e État mondial, et nous avons gagné. L’ambassadrice de Palestine en Europe avait alors déclaré : ’Avaaz et ses membres à travers le monde ont joué un rôle crucial en persuadant les gouvernements de soutenir les efforts du peuple palestinien pour un État, la liberté et la paix. Ils ont toujours été avec nous et leur solidarité et leur soutien resteront dans nos mémoires et seront chéris à travers la Palestine’. Tenons-nous aux côtés des Palestiniens, des Israéliens et de ceux qui, à travers le monde, veulent faire respecter les droits, la liberté et les lois, et refusent que la loi du plus fort gouverne notre monde.
Avec espoir et détermination,
Ricken, Marie, Fadi, Mike, Nax, Mohammad, Nathan et l’équipe Avaaz
ARTICLES POUR PLUS D’INFORMATIONS
– 400 universitaires dénoncent l’annexion comme « un crime contre l’humanité » (The Times of Israël)
https://fr.timesofisrael.com/400-universitaires-denoncent-lannexion-comme-un-crime-contre-lhumanite/
– Manifestation à Tel-Aviv : « L’annexion, ça voudrait dire qu’on bascule dans l’apartheid » (Libération) (Voir ci-dessous)
– Annexion de la Cisjordanie : l’Europe prévient Israël : « c’est une violation du droit international » (Le Courrier du Soir)
– Annexion de territoires en Cisjordanie : Israël divisé, des responsables redoutent un embrasement (France 24)
– Israël-Palestine : agir pour empêcher une nouvelle annexion (Libération)
L’article de LIBERATION
Il y a 15 jours, plusieurs milliers d’Israéliens, arabes et juifs, se sont réunis à pour s’opposer au projet d’annexion partielle de la Cisjordanie.
A trois semaines de la date fixée par Nétanyahou, les manifestants espèrent réveiller l’opinion publique en s’inspirant des manifestations antiracistes américaines.
Voir les articles de Guillaume Gendron, correspondant à Tel-Aviv dans LIBERATION->https://www.liberation.fr/auteur/guillaume-gendron/] notamment celui du 7 juin 2020.
Samedi soir, ils étaient quelques milliers (il n’y a jamais de comptage officiel en Israël) sur la très symbolique place Rabin de Tel-Aviv, protestant contre les projets d’annexion de Benyamin Nétanyahou en Cisjordanie. Le Premier ministre israélien se montre aussi flou sur les détails que résolu dans l’intention à moins d’un mois de la date butoir qu’il s’est fixée.
La police avait d’abord tenté de dissuader les organisateurs – dont la coalition arabe à la Knesset et Meretz, le parti du camp de la paix –, sous prétexte de la lutte contre le coronavirus. Finalement, le rassemblement a été autorisé, et la police a même fait montre d’une relative indulgence, laissant les manifestants dûment masqués, dont de nombreux Arabes du nord d’Israël, brandir leurs drapeaux palestiniens d’ordinaire si rapidement remballés, au cœur de Tel-Aviv. Au grand dam des éditorialistes de droite, qui n’ont retenu que cette image.
« Don’t make apartheid great again »
Néanmoins, plus que les traditionnels fétiches de la lutte palestinienne (keffieh, étendards), ce sont les références visuelles aux mouvements afro-américains qui prédominaient, à grand renfort de pancartes « Palestinian Lives Matter », « We Can’t Breathe Since 1948 » (date de la création d’Israël), « Don’t make apartheid great again », de We shall overcome chanté en arabe et hébreu et de genoux au sol. Plusieurs manifestants avaient confectionné des effigies d’Iyad Al-Khalak, ce jeune Palestinien autiste abattu par la police à Jérusalem il y a une semaine. Une minute de silence lui a été consacrée, liant la lutte contre l’annexion à la question plus large des violences policières et militaires en Israël et dans les Territoires palestiniens.
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« Les gens dans les cafés autour de la place nous demandent de quelle annexion on parle, qui est cet homme sur nos pancartes », assure Sally Abed, du mouvement judéo-arabe « Debout Ensemble », inspiré des organisations « grassroots » à l’américaine et qui se veut une alternative à l’apathie des partis de gauche en Israël. « Les gens ne sont pas informés, ou ne veulent pas savoir, tant l’occupation est normalisée, poursuit-elle. Aujourd’hui, être contre l’occupation, et par extension l’annexion, c’est être un mauvais Israélien. C’est absurde. Car au-delà d’être moralement inacceptable et de nous éloigner toujours plus d’une solution, l’annexion n’a aucun intérêt pour les Israéliens ! On est sous le coup d’une pandémie mondiale et en pleine récession économique, et le gouvernement n’a rien de mieux à faire que de monter d’un cran dans la colonisation ? On n’a pas de plans pour les hôpitaux, mais on a un plan pour l’annexion ? C’est délirant, et c’est ce que nous essayons de faire entendre. »
« L’annexion plus dangereuse que le Covid-19 »
Croisé dans la foule avant son discours, Nitzan Horowitz, le chef du Meretz, veut encore croire que le processus d’annexion peut être stoppé. « Sinon, ce serait un désastre pour le pays. Ça voudrait dire qu’on bascule dans un régime d’apartheid, qu’on alimente un nouveau cycle de terrorisme et qu’on déverse des millions de shekels supplémentaires dans l’appareil sécuritaire. Surtout, ce serait la fin du rêve de deux pays pour deux peuples. » Lui aussi a noté l’indifférence du reste du pays. « Les gens sont préoccupés par le chômage, le coronavirus… Mais l’annexion est bien plus dangereuse que le Covid-19, ça veut dire la guerre perpétuelle ! »
Sur un écran au centre de la place, Ayman Odeh, le leader des partis arabes, harangue la foule et explique, à grand renfort de paraphrases de Martin Luther King, qu’Israël est « à la croisée des chemins. […] Une démocratie qui ne s’appliquerait qu’aux Juifs n’en est pas une ! » Message appuyé ensuite par le sénateur américain Bernie Sanders dans une autre allocution vidéo.
Au bout de la place, Chen, 22 ans, a terminé son service militaire l’an dernier. « L’occupation, ce n’est pas génial, c’est certain. Mais ça laisse l’option de créer deux Etats. Annexer, c’est franchir la ligne, et ça va franchement nous faire passer pour des fascistes aux yeux du monde. Comment justifier ça ? »
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« Fibre morale »
Robi Damelin, une septuagénaire qui a perdu un fils dans un attentat durant la seconde intifada, ne dit pas autre chose : « Je viens d’Afrique du Sud. Pendant longtemps, j’ai combattu les comparaisons avec l’apartheid, car je connaissais les deux. Mais là, si Nétanyahou annexe les colonies juives et la vallée du Jourdain, on y sera réellement, dans l’apartheid. Et ce qui reste de la fibre morale du sionisme disparaîtra. »
Ironiquement, jusqu’ici, la plus féroce opposition au projet d’annexion vient de la droite, chez les colons, que Nétanyahou a traités d’« ingrats ». Qu’il s’agisse des plus zélotes pour qui c’est « tout ou rien », comme le proclament leurs affiches, alors que le projet du gouvernement pourrait « appliquer la souveraineté israélienne » à environ 30% de la Cisjordanie occupée, laissant le reste à un putatif Etat palestinien morcelé, selon les termes du plan Trump. Ou bien des plus pragmatiques, qui, satisfaits du confortable statu quo, ne voient pas l’intérêt de provoquer un regain de nationalisme palestinien pour une mesure perçue comme principalement symbolique. « C’est comme si on nous forçait à manger du gâteau avec un flingue sur la tempe », a résumé David Elhayani, leur porte-voix.