Bandeau
LARCENCIEL - site de Michel Simonis
Slogan du site

"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Parfois, c’est presque de la poésie…
Article mis en ligne le 22 janvier 2014
dernière modification le 24 janvier 2014

BREVES DE COMPTOIR

Jean-Marie Gourio publie ’Le Grand café des brèves de comptoir’.

9.000 brèves savoureuses. Un film réalisé par Jean-Michel Ribes est en cours de tournage avec Yolande Moreau, François Morel…

(Tiens, cela me rappelle les ’Deschiens’ qui nous ont tant fait rigoler (jaune) !)

Il semble presque incongru de rencontrer Jean-Marie Gourio assis à une table sans café ni vin tant on l’imagine son verre ballon à la main au bout du comptoir. C’est qu’il a dû en boire des ’coups de blanc et des coups de rouge’ pour récolter ses brèves depuis trente ans. Après une petite pause, il publie ’Le Grand café des brèves de comptoir’ où il réunit 9.000 brèves saisies au vol. A savourer sans modération.

(...)

C’est pas presque, c’est de la poésie ! C’est renversant de voir à quel point les gens ont une capacité au poème. Un maçon qui arrive avec les mains toutes blanches et les chaussures très sales peut sortir une phrase très jolie. Le maçon a la même capacité poétique que Rimbaud… ou Verlaine, ça dépend de ce qu’il boit ! C’est une bonne nouvelle de savoir que la poésie peut traverser tout le monde, de la petite vieille au gamin, du chauffeur de taxi au flic. Les gens des cafés sont très littéraires. Pouvoir s’arrêter, passer un moment qui ne sert à rien, crée la littérature.  

Mais on n’entend pas que des jolies choses dans les cafés. 

Ah non ! Mais moi je prends tout, comme un panier de champignons, je prends les beaux et ceux qui sont un peu dégueulasses. Quand on les mange, ils ont un goût amer ! Mais dans les bois, je fais un panier pour avoir une belle représentation. 

Est-ce un portrait de la société ’populaire’ ?

Oui, d’année en année et au fil des lois, c’est apparu. Les brèves dessinent un monde. Au comptoir, personne ne vit le même monde et c’est l’ensemble de ces perceptions qui est intéressant. C’est comme si personne ne vivait sur la même Terre, chacun est roi sur sa propre Terre. 

En trente ans, qu’est-ce qui a changé ? 

On ne fume plus. Le fait de fumer dehors a beaucoup cassé le comptoir parce que celui qui doit fumer s’en va, les autres attendent, son verre est abandonné, ça va pas. Il y a une impolitesse.

Mais aujourd’hui, on recommence à fumer dedans… Et puis le prix, c’est fou, un verre de bordeaux ça peut monter à 6 ou 7 euros. Le verre de beaujolais, 4 euros ! Alors que c’était un truc d’ouvrier qu’on prenait avec un petit bout de saucisson, même s’il n’était pas bon, on s’en foutait. C’est un vin pour ceux qui ont les mains rouges et qui ont froid l’hiver. Aujourd’hui, on l’exporte à New York avec la tartine Poilâne. Le Lotto flash aussi, les numéros s’affichent instantanément à l’écran, les gens passent leur temps à regarder le mur… Sinon, le reste ne change pas.

Je retrouve la même gaieté ou le même désarroi. Pouvoir s’adresser à tout le monde même pour dire que son chat est mort, c’est important. Cette parole jetée au milieu du comptoir fait du bien. La parole publique, cette voix du peuple, ne doit pas se perdre, même la tristesse, ça se partage.

’Le grand café des brèves de comptoir’, Jean-Marie Gourio, Robert Laffont, 926 pp., env.23 €

http://www.lalibre.be/culture/livres/jean-marie-gourio-des-breves-de-comptoir-et-un-film-529c0ec63570b69ffde619e5