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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Le cheval est un animal égocentrique
Article mis en ligne le 15 août 2018

On se plante parfois dans les options prises au niveau thérapeutique.
Contrairement au cheval qui ne peut pas se tromper car il agit tout le temps en fonction de lui.

Le cheval est un animal égocentrique ; il fait toujours les choses par rapport à lui-même. Et donc nous, avec notre empathie, notre manière de nous décentrer, de faire ce que l’on pense être bien, on se plante parfois dans les options prises au niveau thérapeutique. Contrairement au cheval qui ne peut pas se tromper car il agit tout le temps en fonction de lui. Si ce qui se passe entre l’enfant et le cheval est juste, c’est que ça l’est vraiment puisque le cheval ne fait pas les choses pour faire plaisir, mais parce que, pour lui, c’est cohérent. C’est donc un allié incomparable car si ce qui se passe est juste, on peut renvoyer à l’enfant qu’il a des compétences incroyables.

Et nous accompagnons cette interaction enfant/cheval, en mettant des mots dessus.

3 questions à Astrid Everarts de Velp, kinésithérapeute et responsable des équipes de terrain.

1
Que peut apporter le cheval pour les différents types de handicap ?

Au niveau moteur, le fait que le cheval donne un mouvement régulier et rythmique, facilite indéniablement le travail du kinésithérapeute car dans tous les problèmes neuro-moteurs, pour aider l’enfant à se construire, il faut donner du micro-mouvement. Or pendant une séance d’hippothérapie, le cheval fait précisément cela pour nous. Si l’on arrive à bien ajuster le cheval au tonus de l’enfant, la spasticité lâche s’il faut qu’elle lâche, le tonus augmente si c’est nécessaire. Et donc les enfants qui se trouvent en voiturettes avec des sangles partout arrivent parfois à tenir tout seuls sur le cheval. Et ensuite, chez eux, sur une chaise ou dans leur parc. Il y a des petits miracles qui peuvent se passer au niveau moteur. D’autre part, le fait de pouvoir s’appuyer sur du vivant et non sur un mur ou quelque chose d’inerte dans un cabinet de kiné, c’est quand même autre chose !


2
Le fait que le cheval n’est jamais inerte est donc également important ?

En effet, cela permet de tester une série de réactions. Que faire quand il bouge ? Se refermer sur soi-même ou aller avec lui utiliser ses compétences motrices.

3
Et au niveau relationnel, que peut apporter l’animal ?

Le cheval s’adapte très bien au niveau des émotions et du mouvement. Pour nous, c’est un partenaire incroyable, car il fait cela beaucoup mieux que nous.


Le mouvement du cheval stimule le tonus du tronc

"Lorsqu’il est en contact avec les chevaux, Ayman va mieux, nous dit sa kiné. Il a un meilleur tonus ; le mouvement du cheval stimule le redressement du tronc. Aux niveaux psychomoteur et sensoriel aussi, on constate des bienfaits. Il y a le toucher du crin et des poils du cheval, les odeurs, la chaleur… Chaque enfant a ses propres objectifs, car chacun est différent. Souvent, les enfants lourdement handicapés développent une belle autonomie sur les chevaux.”

Polyhandicapé et hypotonique, le jeune cavalier éprouve quelques difficultés à se tenir assis, droit sur sa monture. Qu’importe, il rit et en redemande encore…

Des enfants "différents", comme les appelle Astrid Everarts de Velp, kinésithérapeute de formation et responsable équipe de terrain (voir ci-dessous). Les uns sont handicapés moteurs, les autres sourds, aveugles, présentant des troubles affectifs du comportement…

© FLEMAL JEAN-LUC

Une rencontre individualisée

"Encouragez-les, félicitez-les et contemplez le travail magistral accompli, car derrière chaque enfant, chaque accompagnant, chaque hippothérapeute et chaque poney se cache cette réalité : au pas, au trot, nos chevaux soignent les maux", dit au micro, Dimitri, bénévole, étudiant instituteur primaire. "C’est grâce aux différences que l’enfant peut se construire, en harmonie avec lui-même et avec son cheval, poursuit l’animateur. Apprendre à construire son axe, son assise, son ancrage, tester ses limites. Le cheval est là pour les aider. C’est aussi le moyen pour ces enfants de rassembler les différentes parties d’eux-mêmes, de découvrir un équilibre dans leur corps en communion avec leur poney.”

Laurence Dardenne, LLB, 29 juin 2018


En Belgique, l’hippothérapie est une prise en charge thérapeutique, non conventionnelle, complémentaire aux soins médicaux, qui prend en considération le patient dans son entité physique et psychologique et utilise le cheval comme partenaire thérapeutique pour atteindre les objectifs fixés en fonction de la spécialité du thérapeute. L’objet du soin concerne les aspects psychologiques et/ou psychomoteurs de la personne prise en charge, et exclut les aspects physiologiques. Les séances sont le lieu de nouvelles stimulations sensorielles, d’éveil des compétences motrices, relationnelles, émotionnelles…

Cela fait à présent quatre ans qu’Ayman se rend une fois par semaine au centre d’hippothérapie et au poney club situés dans le parc Solvay du château de La Hulpe. C’est là que, fondée en 1982, l’ASBL "Les Rênes de la vie" poursuit sa vocation de "développement physique, affectif et psychomoteur d’enfants valides et porteurs de handicap par la rencontre avec le cheval". A présent, quelque 250 enfants par an (dont 135 handicapés) participent à cette belle aventure d’inclusion.

photo © FLEMAL JEAN-LUC