« Je me sens plus impuissante que jamais face à cette guerre à Gaza que je suis incapable d’arrêter »
« Sderot, Israël, 18 mai 2025
Chère Tala, Ça me pèse de t’écrire à nouveau. La dernière fois – en janvier –, je croyais sincèrement que la guerre allait s’arrêter définitivement. Et pourtant, nous en sommes toujours là. Honnêtement, je me sens abattue. J’ai énormément de mal à t’écrire cette lettre. J’ai l’impression de ne plus savoir quoi dire, de ne plus savoir quoi faire non plus. J’ai manifesté, j’ai écrit, j’ai parlé, j’ai utilisé tous mes réseaux sociaux, j’ai collecté des fonds, et pourtant, rien, absolument rien, n’a changé. Je me sens plus petite et plus impuissante que jamais face à cette guerre que je suis incapable d’arrêter.
A mon université, un groupe d’étudiants dont je fais partie a récemment organisé une projection de « No Other Land », un film puissant réalisé par un Israélien et un Palestinien sur le village de Masafer Yatta, en Cisjordanie. Ce long métrage a reçu une large reconnaissance internationale et a même remporté un oscar, je ne sais pas si tu en as entendu parler. Au début de la projection, des personnes, debout au fond de la salle, se sont mises à crier, nous ordonnant de l’arrêter. Quelques minutes plus tard, d’autres personnes sont arrivées, rassemblées à l’extérieur de la salle, frappant à la porte, hurlant des insultes et des menaces. L’un d’entre eux a coupé l’électricité du bâtiment, nous plongeant dans le noir, et rendant la projection impossible. Ils étaient peut-être une vingtaine à manifester contre notre projection. J’ai appris plus tard que l’événement avait été partagé dans des groupes d’organisations d’extrême droite appelant à interrompre le visionnage du documentaire. Certains n’étaient même pas étudiants et n’avaient rien à faire dans notre université. D’autres se vantaient de revenir tout juste de leur service militaire à Gaza. Dans tous les cas, ces manifestants n’avaient pas vu le film. Ils ne savent pas ce qu’il montre et ne voudront d’ailleurs jamais le savoir.
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