Comment avez-vous observé l’affaire de la mode islamique en France ?
C’est une résurgence de l’affaire du voile qui est tellement franco-française... Je ne suis pas laïque intégriste. Je suis pour accepter beaucoup plus de diversité culturelle mais avec des limites. Pour la burqa et le niqab, je mets l’alerte. Ces pratiques sont en contradiction totale avec la vision démocratique de l’espace public, un espace où l’on peut se voir, se rencontrer, se reconnaître. L’interdire sur des bases féministes est ridicule, car cela n’a rien à voir avec le féminisme : ce n’est pas une atteinte à l’idée de la femme, c’est une atteinte à notre conception occidentale de l’espace public. En Grande-Bretagne, il existe un débat autour du pluralisme légal, le fait que la communauté musulmane qui vit en Grande-Bretagne pourrait être régie par la charia, comme si chaque communauté pouvait vivre selon sa propre loi, comme s’il n’y avait pas d’ordre juridique commun aux citoyens. Or, nous devons vivre ensemble en suivant et respectant certaines règles et valeurs. Je suis favorable à plus de pluralisme — on ne vit pas, on ne mange pas, on ne s’habille pas de la même façon —, mais pas dans les principes de la constitution, qui restent la base de la communauté politique.
Voir l’entretien avec Chantal Mouffe dans Télérama
et des extraits de cet entretien dans L’arcenciel, ICI