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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Les deux métiers de chacun
Article mis en ligne le 17 avril 2011
dernière modification le 25 juillet 2013

Extrait de la préface au livre de Tim Jackson : "PROSPéRITé sans CROISSANCE"
Voir aussi... et la couverture du livre

Patrick Viveret
Préface

Il y a un moment où il faut changer de posture et partir de la question du métier - et non du travail - en lui redonnant son sens fort originel qui est celui du compagnonnage. Métier vient des mots latins ministerium (le ministère, le service) et mysterium (le mystère). Le métier est donc un ministère mystérieux qui renvoie à un projet de vie et non pas à la question classique : que faites-vous dans la vie ? Cela renvoie à la question, plus vertigineuse mais aussi lus passionnante : que faisons-nous de notre vie ? Métier se trouve sur le même régistre sémantique que le mot vocation, profession (avant sa réduction techniciste). Professare : on ne professe que ce qui nous habite. Profession, métier, vocation sont sur le registre fondamental du projet de vie.

Ainsi, tout être humain a au moins deux métiers matriciels :
 Un métier de "chargé de projet" - du projet de sa propre vie - et cela ne va pas de soi que de prendre en charge sa propre vie. C’est dans l’intérêt de la société que le discernement sur ce qui fait projet(s) de vie soit effectué dans de bonnes conditions ; une personne qui n’arrive pas à prendre en charge sa propre vie, non seulement a tendance à se détruire elle-même mais les dégâts collatéraux qu’elle produit sur l’environnement social vont coûter très cher.

 Un métier de "chargé de savoirs", que les réseaux d’échanges réciproques ont mis en évidence. Toute personne, quelle que soit sa condition, est porteuse de savoirs. A partir du moment où elle le comprend, où elle arrête de croire qu’elle ne sait rien et que l’on crée les conditions telles qu’elle puisse les échanger, elle va se mettre à exercer des métiers qui sont en rapport avec du projet et du sens de vie.

C’est donc à partir de cette question du sens même de nos vies que la question du "droit au métier" plus que du droit au travail pourrait être repensée dans le cadre d’une approche renouvelée de la richesse et du bien-être. C’est d’ailleurs ce que dit fortement l’une des citations du livre, reprenant les propos de Ben Okri : "Nous devons réintroduire dans la société un sens plus profond des raisons d’être de l’existence. La tristesse qui règne dans tant de vies devrait nous apprendre que la réussite seule ne suffit pas. La réussite matérielle nous a apporté une étrange banqueroute spirituelle et morale."

On le voit, la richesse même des débats qu’il suscite montre quece livre aujourd’hui traduit en français constitue un pas décisif dans l’avancement des propositions concernant une stratégie écologiquement et socialement soutenable.

Patrick Viveret
Philosophe, animateur du Centre international
Pierre Mendès France