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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Le mois de juin au Proche-Orient.
Il se passe quelque chose...
...et le tram de Jérusalem
Article mis en ligne le 30 juin 2010
dernière modification le 30 juin 2021

Il se passe quelque chose de très spécial et nouveau en Israël, ces derniers temps : les médias parlent des Palestiniens en tant que victimes. Mais les bourreaux ont changé : ce sont les islamistes du Hamas qui persécutent ces malheureux Palestiniens. Le grand public en Israël est invité maintenant à plaindre les Palestiniens. Enfin ! pourrait-on penser...
Un journaliste israélien ironise, je le cite (B. Mikhael, traduit de l’hébreu par Yaël Shneerson) :
 [1]
"Subitement, nous avons tous découvert la souffrance des Palestiniens. Nous sommes tous très profondément et photogéniquement choqués par les souffrances inouïes infligées à la population occupée de Gaza, écrasée sous les bottes de l’occupant hamassique. (...) Ahuri, j’ai entendu de mes propres oreilles des présentateurs de télévision (israélienne) parler, le visage sombre, de "crimes de guerre" commis à Gaza. "Crimes de guerre", oui, ils l’ont dit clairement. C’était après que des hommes eurent été massacrés au couteau, et d’autres fusillés, vêtus uniquement de leurs culottes. Des crimes de guerre, oui, des actes terribles, sans aucun doute.
Si ces militants du Hamas s’étaient conduit en personnes civilisées, ils auraient renoncé à bousiller leurs ennemis de la sorte (...). Ils auraient pu utiliser, par exemple, un avion sans pilote, ou un chasseur bombardier ou quelque système téléguidé sophistiqué. Ainsi auraient-ils évité qu’on les taxe de "criminels" et auraient-ils épargné à nos journalistes indignés des images aussi choquantes.

Un journaliste de la première chaîne a même raconté d’un ton outré que des salauds dHamas avaient mis le feu à une maison où se cachait un "militant recherché" (sic) du Fatah. Quelle cruauté ! (...) Mais c’est notre Premier ministre Olmert qui a atteint les sommets de néo-humanisme et battu les records de chagrin et de pitié. De la lointaine Washington et devant les téléspectateurs du monde entier, il a décrit les atrocités commises par le Hamas (...) Il se surpassa lorsqu’il annonça d’un ton profondément ému que "nous ne resterons pas indifférents à la souffrance humaine à Gaza."
Et nous croyions rêver. Le Premier ministre israélien avait découvert la souffrance des habitants de Gaza. La mort, la destruction, l’enfermement, et qui sait, peut-être même l’humiliation, le désespoir, la pauvreté arriveront-ils jusqu’à ses oreilles. Et à partir du moment où il l’a découvert, il ne peut plus rester indifférent.
Mais à peine vingt secondes plus tard, il fallut nous réveiller de notre rêve. Le premier ministre précisa de quelle souffrance il s’agissait "la souffrance causée aux Palestiniens par les Palestiniens". Seule cette souffrance toute fraîche "made in Palestine" ne nous laisse pas indifférents. La bonne vieille souffrance, celle qu’Israël inflige au peuple de Gaza depuis plusieurs décennies, cette souffrance-là nous pourrons continuer à ne pas la voir, comme c’est notre habitude depuis toujours (...)"

Bon, si je reprends ce commentaire et son ton ironique, c’est d’abord parce qu’il vient d’Israël, mais surtout parce que la conclusion de l’article n’est pas tout à fait anodine : "Mais ne méprisons pas les petites choses. Même quelques instants de reconnaissance de la souffrance des Palestiniens, c’est déjà un changement bienvenu." (article paru dans Yediot Aharonot, 22 juin 2007)

En effet ! Mon indécrottable optimisme me fait penser que c’est peut-être une avancée, toute tordue qu’elle soit ! Celui ou celle qui veut pousser un peu plus loin, s’il a ouvert un oeil, sera peut-être tenté d’en ouvrir un autre, puis un autre... Idem chez nous aussi, en définitive, car l’aveuglement est bien largement partagé dans tous nos médias occidentaux...

A propos, connaissez-vous l’histoire du tram de Jérusalem ?

De quoi s’agit-il ? Un article tout récent, "Al Qods : un tramway pour l’Apartheid", de Rob Winder, paru le 4 juin 2007 sur Al Jazeera.net, nous en précise les enjeux.
Si j’en parle, parmi une multitude d’autres choses, c’est pour une petite lueur à l’horizon :
"Tramway colonial à Jérusalem, premier contrat annulé, première victoire" [2]
Deux entreprises françaises, Alstom, et Connex (Véolia), sont engagées sur le chantier du tramway qui pourrait relier en 2008 la partie occidentale de Jérusalem à deux colonies en Cisjordanie, French Hill et Pizgat Zeev. Un projet qui n’engage pas que la France. C’est ainsi que la Campagne de Solidarité Irlande- Palestine (IPSC) peut se féliciter d’une première victoire importante : une compagnie irlandaise a été contrainte d’annuler son contrat avec les autorités d’occupation israélienne à Jérusalem. Une victoire qui en appelle d’autres...

« Une petite victoire significative dans la lutte internationale contre Connex et la ligne de tramway illégale qu’il construit pour les Israéliens dans les territoires palestiniens occupés. » C’est ainsi que la Campagne de Solidarité Irlande-Palestine (IPSC) annonce que Connex (Veolia), a été forcée d’annuler la transaction proposée à ses contreparties israéliennes, concernant la formation d’ingénieurs et conducteurs, après une pression des représentants syndicaux irlandais, en réponse aux demandes de la Campagne de solidarité Irlande- Palestine.
La position de Veolia a quelque chose de paradoxal : en annulant ce contrat, Veolia reconnaît que la ligne de tramway israélienne est illégale ; pourtant l’entreprise participe de sa construction. Une « hypocrisie inexcusable ». Aussi l’organisation invite-t-elle aujourd’hui le ministre des Transports, Martin Cullen, ainsi que la Railway Procurement Agency à renoncer à la construction de cette ligne de tramway illégale en territoire palestinien occupé. L’association alerte en tout cas les mouvements de solidarité européens sur d’autres formations possibles, au sein de pays européens, de futurs exploitants (ingénieurs ou conducteurs) du tramway colonial israélien. Or le travail des uns ne saurait passer par la négation du droit des autres, et certainement pas par le renforcement de la colonisation, singulièrement à Jérusalem, et dès lors, l’étouffement de toute perspective d’Etat palestinien viable.
En tout état de cause, la Campagne de Solidarité Irlande-Palestine est bien décidée à poursuivre sa campagne.
Et en France ?