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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Des choix seront faits par d’autres que nous... Et alors ? 
Article mis en ligne le 29 avril 2023

L’essayiste Corinne Morel Darleux publie "Etre heureux avec moins ?", aux éditions La Martinière, un petit opus pédagogique à destination des adolescents (en librairie le 5 mai).

Dans un texte incisif et nécessaire, Corinne Morel Darleux s’interroge sur la possibilité d’être heureux en possédant moins. Avec le souci de l’éthique et du discernement, elle nous suggère de limiter le superflu de notre consommation pour vivre mieux.

Très bien, mais...

Quand elle dit : "...Et les choix seront faits par d’autres que nous", nous avons envie de lui demander : et alors ? Est-ce que des choix "faits par d’autres que nous" seraient si graves ?

Cette réflexion de Arnaud Gonzague, dans écolobs soulève une question fondamentale. Si nous faisons tous partie d’une même planète en état de survie, nos choix et nos actions ne doivent-ils pas être collectifs ? [1]

Et moi... et moi... et moi...

“Le problème des autres, disait dès les années 1960 le pédagogue exceptionnel que fut Lorenzo Milani, est le même que le mien. S’en sortir tous ensemble, c’est de la politique. S’en sortir tout seul, c’est de la cupidité ” (cité par Philippe Meirieu)

Entre le vice et la vertu, mieux vaut choisir la vertu, n’est-ce pas ? Et, en l’occurrence, le fait de savoir s’autolimiter est, en soi, une bonne chose, quel que soit la santé des écosystèmes.

Tel est le message porté par l’essayiste Corinne Morel Darleux dans "Etre heureux avec moins ?", aux éditions La Martinière, un petit opus pédagogique à destination des adolescents (en librairie le 5 mai).

Elle y expose sa vision éthique d’une tempérance écolo volontaire : "De plus en plus de personnes décident de s’autolimiter, sans attendre qu’on ne leur impose ni que les ressources soient épuisées", car cette contrainte est en soi un plaisir. Dans la lignée d’Aristote jurant que l’homme vertueux est le plus heureux de tous, Corinne Morel Darleux fait donc rimer frugalité et volupté.

"Même si les réserves de lithium, d’eau ou d’énergie étaient illimitées, même si on n’était pas en train de détruire les écosystèmes, je persiste à croire qu’on aurait intérêt à s’alléger", écrit-elle. Pourquoi ? Parce qu’« on éprouve une satisfaction sincère à réduire son empreinte, à se montrer économe, à se libérer des sollicitations numériques, à apprendre à faire soi-même ", etc. D’autant plus, que de toutes façons, "au rythme où le monde va, nous n’aurons plus le luxe de choisir entre sobriété et pénurie. Et les choix seront faits par d’autres que nous."

A ces mots, précisément, nous avons envie de lui demander : et alors ? Est-ce que des choix "faits par d’autres que nous" seraient si graves ?

Car au fond, qu’est-ce qu’une société civilisée, sinon un ensemble de règles imposées à tout le monde – les vertueux et les vicieux – parce qu’elles sont tout simplement nécessaires au bon fonctionnement collectif ? Peut-être avez-vous envie de tuer, piller ou violer votre prochain, mais vous ne pouvez pas le faire - sauf à vous exposer à de lourdes punitions. Ce sont des choix politiques "faits par d’autres que nous", qui parfois nous contrarient, mais qui sont, qu’on le veuille ou non, nécessaires.

De fait, on regrettera que, comme bien des essayistes écolos, Corinne Morel Darleux – pourtant une ancienne élue – cantonne sa réflexion à la sphère éthique individuelle et nous laisse en rase campagne là où démarre le collectif.

Arnaud Gonzague, écolobs
Jeudi 27 avril 2023