1. Cuba lance la vaccination de ses soignants
Avant même son approbation, Soberana 2 est déjà injectée aux travailleurs du secteur de la santé de Cuba dans une étude d’intervention lancée lundi 22 mars, avant la campagne de vaccination qui devrait démarrer en juin. Les Cubains se sont donnés comme objectif de vacciner toute la population d’ici la fin de l’année avec son injection nationale.
Volontairement et fièrement, le personnel médical de la Havane se fait vacciner avec Soberana 2, le vaccin 100% cubain contre le Covid-19… qui n’est pourtant pas encore approuvé.
Dans cette clinique du Vedado, Ysel Cardoso attend impatiemment de recevoir sa première dose de Soberana 2. « C’est un honneur pour moi, car nous serons les premiers à être immunisés et ainsi nous apporterons la preuve que ce vaccin est sûr, explique la dentiste, également personnel à risque. Malgré le fait d’être dans un pays sous embargo, nous avons su dépasser les contraintes et développer notre propre vaccin. »
Injection à grande échelle
Avant même de terminer les essais cliniques, le vaccin Soberana 2 est donc injecté à grande échelle à 150 000 médecins, infirmiers et personnel technique et d’entretien des hôpitaux. Cela avant les 1,7 millions de volontaires à la Havane dans les prochains mois, en attendant l’approbation du vaccin et le début de la campagne de vaccination au reste de la population, en juin prochain.
Triomphaliste, la médecin Carmen Veldis Pineira supervise la vaccination dans la clinique des Héros-de-Corinthe : « En août, nous aurons déjà la moitié de la population vaccinée, au rythme où nous allons, et à la fin de l’année je pense que tout le monde sera vacciné. »
Soit 11,2 millions de cubains à vacciner avec l’un des quatre candidats vaccins contre le coronavirus que Cuba développe actuellement.
Avec notre correspondante à la Havane, Domitille Piron
2. Covid-19 : Cuba compte vacciner sa population à partir de juin
Par Le Figaro avec AFP
Publié le 24/03/2021
Cuba compte démarrer en juin sa campagne de vaccination contre le coronavirus avec l’un de ses vaccins maison et avoir immunisé d’ici août la moitié de ses habitants, ont annoncé mardi 23 mars les autorités. « Le moment de lancement de la vaccination que nous envisageons » est « le mois de juin », a déclaré à la télévision Iliana Morales Suarez, directrice du département Science et Innovation du ministère de la Santé.
Le pays compte deux candidats vaccins, Soberana 2 et Abdala, en phase 3, la dernière avant approbation. Si l’un ou l’autre parvient à l’autorisation finale, il serait le premier vaccin contre le Covid conçu et produit en Amérique latine. Avant cela, le pays prévoit d’avoir « un peu plus de deux millions » de personnes vaccinées d’ici mai, en combinant les essais cliniques en phase 3 et des études d’intervention à plus grande échelle auprès des personnels soignants.
Le 4 mars, Soberana 2 est entré en phase 3, qui implique 44.000 volontaires, et lundi 150.000 travailleurs de la santé ont commencé à être vaccinés dans le cadre d’une étude d’intervention. Les deux tests sont menés à La Havane. Une autre étude d’intervention va aussi être lancée dans la capitale, auprès de 1,7 million de volontaires. La Havane, qui compte 2,1 millions d’habitants, est la plus touchée par la pandémie. Lundi, Abdala a, lui, démarré sa phase 3 dans les provinces de Santiago de Cuba, Granma et Guantanamo, dans l’est du pays, avec 48.000 volontaires. Une étude d’intervention sera ensuite menée dans la même région, auprès de 120.000 travailleurs de la santé.
3. Sans faire de bruit, Cuba élabore son vaccin maison : l’île a de grandes ambitions
Alors que la course aux vaccins bat son plein aux quatre coins du monde, leur conception est principalement le fait des pays les plus riches. Cuba n’en a cure : l’île développe son propre vaccin. Et l’optimisme est de mise.
Jusqu’ici, les vaccins qui sont inoculés à la population mondiale ont été conçus au sein des plus grandes puissances. Les États-Unis (Moderna et Pfizer, avec BioNTech), le Royaume-Uni (Oxford/AstraZeneca), la Chine (Sinovac et Sinopharm), la Russie (Spoutnik V), l’Allemagne (BioNTech, avec Pfizer) et l’Inde (Bharat Biotech) sont au rendez-vous.
Parmi ces mastodontes, un plus petit pays veut tirer son épingle du jeu : Cuba. Depuis plusieurs mois, l’Institut de Vaccination Finlay (IFV) y développe deux vaccins : le Soberana01 et le Soberana02. D’après les autorités locales, le second est en très bonne voie.
Cette semaine, Soberana02 est entré dans la phase 2 de ses tests, impliquant 900 volontaires. Si elle se solde par un succès, la phase 3, sera lancée au mois de mars. Une ultime étape qui rassemblera 150.000 volontaires.
Début janvier, Cuba a annoncé avoir conclu un accord avec l’Institut Pasteur… d’Iran. C’est donc là-bas que se déroulera en grande partie la phase 3 des tests cliniques de Soberana02.
Cuba procédera à ses tests à grande échelle en Iran, car le coronavirus ne sévit que trop faiblement sur son territoire. Depuis le début de la pandémie, Cuba a enregistré moins de 20.000 cas de coronavirus sur son sol. Pour à peine 180 décès.
De leur côté, les autorités iraniennes se réjouissent également de ce deal car elles refusent les vaccins américain et britannique.
Si Cuba réussit le développement de Soberana02, il s’agira du premier vaccin contre le Covid-19 mis au point en Amérique latine. Le Dr Vicente Vérez, directeur de l’Institut de Vaccination Finlay, estime que les vaccinations pourraient même débuter dans le courant du premier semestre de 2021.
‘Si tout se passe bien, cette année, toute la population cubaine sera vaccinée’, a-t-il avancé, précisant que le vaccin cubain pourrait également être proposé aux touristes.
Cuba compte un peu plus de 11,3 millions d’habitants. Or, 100 millions de doses du Soberana02 sont prévues. Le pays compte donc en exporter ailleurs dans le monde. L’Iran fait évidemment partie des pays intéressés.
José Moya, représentant local de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est dit ‘optimiste’. ‘Cuba a plus de 30 ans d’expérience dans la production de ses propres vaccins et près de 80% des vaccins du programme national de vaccination sont produits dans le pays’, a-t-il rappelé, cité par Euronews.
4. Cuba : un vaccin sous forme de spray nasal contre le coronavirus ?
Un vaccin sous forme de spray nasal contre le coronavirus ? Il pourrait offrir des avantages non-négligeables.
Extraits.
Pour les détails médicaux sur ce choix, voir l’article complet de La Libre. [1]
Ils s’appellent "Soberana" (souverain) 1 et 2, "Abdala" (qui tire son nom d’un poème de José Marti, héros de l’indépendance cubaine vis-à-vis de l’Espagne) et "Mambisa", qui désigne les femmes révolutionnaires cubaines au XIXe siècle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les vaccins développés à Cuba transpirent la fierté d’une île qui a, en dépit des embargos - notamment américains -, développé une farouche indépendance en matière de médecine et de biotechnologies.
Outre le fait que Cuba forme de nombreux médecins reconnus pour leurs qualités (un véritable instrument diplomatique), les Cubains "ont été les premiers à fabriquer le vaccin contre ce qu’on appelle le méningocoque B - la méningite de type B - dans les années 1980", abonde Annie Robert, chef du pôle d’épidémiologie à l’UCLouvain. "Du fait qu’ils ont un embargo américain, ils n’ont pas pu joindre le groupe international de développement des vaccins (le fonds Gavi, NdlR), mais ils ont quand même continué. Aujourd’hui, ils sont là, avec quatre vaccins qui sont déjà bien avancés."
De vrais avantages… théoriques
Non seulement les Cubains avancent, mais ils ont plus d’une corde à leur arc. Outre Soberana 2, récemment entré en phase clinique 3, et sur lequel les autorités cubaines comptent pour produire 100 millions de doses, le pays planche sur trois autres vaccins, dont l’un, Mambisa, s’apparente à un spray nasal.
Plusieurs pays intéressés par le procédé
Cuba n’est pas le seul pays à s’intéresser à un vaccin qui s’administrerait par voie nasale. Aux États-Unis, au Canada, en Russie mais également… en Belgique, les firmes pharmaceutiques ont lancé des programmes de développement, dont certains sont, à l’instar de Mambisa, déjà entrés en phase clinique. Et cela n’a rien d’une fantaisie.(...)
Concernant Cuba, un autre facteur a pu jouer dans le choix de se lancer sur ce type de vaccin en particulier. "Tout ce qui est vaccin actuellement utilisé, notamment à vecteur viral, sont des vaccins qui doivent être conservés dans des conditions difficiles (froid), observe Annie Robert. Imaginez si vous devez aller vacciner dans les pays chauds… on ne peut pas transporter des millions de doses dans de telles conditions. Si je prends l’Amérique latine, par exemple la Bolivie, dans la partie située à l’est du pays, les températures sont tropicales. Comment faire pour y amener les vaccins Pfizer ou Moderna ? Ce n’est pas possible. Ces vaccins à technologie extrêmement pointue se conservent dans des conditions très spécifiques et peu transposables dans des pays pas ou peu industrialisés."
Vers l’Amérique latine et au-delà ?
Justement, c’est - entre autres - en Amérique du Sud que Cuba escompte éventuellement exporter un ou plusieurs vaccins, compte tenu de son savoir-faire et de sa proximité géographique. Et si, pour l’heure, le candidat idéal semble être Soberana 2, entré récemment en phase clinique 3, Mambisa pourrait bien avoir un coup à jouer. Pour une raison simple : "L’avantage d’un spray nasal, c’est que potentiellement les gens peuvent se l’administrer eux-mêmes", note Arnaud Marchant. "De même, en termes d’organisation et de logistique, c’est a priori plus facile - on imagine moins quelqu’un qui se pique dans la cuisse, la fesse ou l’épaule que quelqu’un qui s’administre un spray nasal…"
Alors que le programme Covax, soutenu par l’OMS et visant à une redistribution des vaccins à destination des pays défavorisés, est en train de patiner, il y a fort à parier que le potentiel de Mambisa est actuellement scruté à la loupe.
Le vaccin, fierté nationale, nécessité économique et arme diplomatique
Les progrès réalisés par Cuba dans le domaine des vaccins candidats contre le Covid-19 ont été reconnus aux États-Unis", titre non sans fierté une radio provinciale cubaine, dont le slogan est : "Au cœur du peuple !"
En guise d’illustration se distinguent les quatre vaccins actuellement développés sur l’île, dont le fameux spray Mambisa, brandi tel un emblème sur fond rouge. Mais pour le reste ? Le titre de l’article fait en réalité référence à une analyse du magazine américain Business Insider qui, il est vrai, reconnaît à l’île un savoir-faire certain dans le domaine de la vaccination, qu’elle a acquis sans l’aide de l’Occident, note le magazine.
Économie en ruine
Mais Business Insider n’est pas le seul média américain à noter la bonne dynamique de Cuba dans sa course à la recherche d’un ou de plusieurs vaccins. Il y a deux jours, le New York Times se faisait également l’écho de la bonne dynamique du pays en la matière, notant au passage que, "si le vaccin s’avère sûr et efficace, il donnera au gouvernement cubain une victoire politique significative - et une chance de sauver la nation de la ruine économique".
Et pour cause, l’embargo américain sur Cuba perdure depuis le début des années 1960, une politique qui contribue à étouffer l’île sur le plan économique.
Avec l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, les relations pourraient bien se réchauffer (comme ce fut le cas lors du double mandat de Barack Obama), mais l’île revient de loin : juste avant de quitter le pouvoir, Donald Trump s’est fait un devoir de classer Cuba sur la liste des pays terroristes.
"Pour un pays qui, depuis des décennies, vante son système de soins de santé sophistiqué comme preuve des avantages du socialisme, le vaccin offre également une opportunité unique de relations publiques", note encore le New York Times.
Cuba ne s’est d’ailleurs pas fait prier pour suggérer que l’île offrirait des vaccins à tous les étrangers qui s’y rendent. Une manière de conjuguer ses deux joyaux que sont la médecine et le tourisme ?
Clément Boileau
La Libre, le 24-02-21