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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
Slogan du site

"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

1.3 Flash-back sur un aveuglement

1. Mise en perspective (3)
Aurore Vaucelle
le 3 août 2020

Article mis en ligne le 4 septembre 2020
dernière modification le 5 septembre 2020

À partir du moment où on exploite le vivant, on crée des relation dissymétriques. Chloé Mondeme, spécialiste des animaux, CNRS

“Observer les animaux nous oblige à l’humilité.”

L’analyse des origines de la pandémie dans laquelle nous vivons désormais au quotidien aura mis en évidence notre rapport malsain au monde du vivant.

Flash-back sur un aveuglement

Dans La Libre du 23 mars 2020, Serge Morand, spécialiste de l’écologie parasitaire, expliquait ainsi : "Nous créons de nous-mêmes les conditions qui facilitent une transmission infectieuse de l’animal à l’homme, suivie d’une contamination à grande échelle […”] Nous observons depuis ces 60 dernières années une accélération globale de notre système à tous les niveaux : démographie, production, empreinte écologique. Et que voit-on s’accélérer en parallèle ? Le nombre d’épidémies." Et l’infectiologue Pascal Meylan de poursuivre : "Il existe en Chine 20.000 fermes élevant divers animaux sauvages commercialisés dans des marchés [...] En n’interdisant pas une industrie favorisant l’avènement des zoonoses, le gouvernement chinois a joué avec le feu."

Des mots qui frappent, mais surtout révèlent notre incapacité à saisir le point de départ de l’incompréhension entre hommes et animaux, et notre perpétuelle tendance à les regarder avec condescendance. Et ce n’est pas Violette Pouillard, historienne, attachée de recherche au FNO de Gand, et au FNRS (ULB), interrogée sur la dernière zoonose en date, dite Covid-19, qui dira le contraire. "Nous n’avions pas vu les risques pour nous, ils nous apparaissaient toujours lointains, toujours pour d’autres. Mais on savait bien que le modèle dominant (NdlR, le modèle capitaliste actuel) ne mènerait pas à des relations harmonieuses à long terme. Nous n’avions pas senti que la facture pourrait nous concerner directement El puis nous l’avons reçue, la facture [ ... ] Elle nous aide à réaliser que nous vivons avec - ou contre - , les non-humains de ce monde. Nous avons longtemps considéré qu’animaux et environnement étaient loin, de nous, d’autant que nos sociétés reposent sur une séparation radicale entre nature et culture. Cette séparation a été démentie de manière brutale."

Retour au zoo

Jean-Jacques Cloquet, directeur opérationnel de Pairi Daiza, qui nous accueille en ce jour de juin, n’en démord pas. "Il faut retrouver un nécessaire rapport entre les humains et les animaux. Cette relation est fondamentale, l’un ne peut pas vivre sans l’autre." Et s’il fallait le préciser, il professe : "Si seulement cela pouvait nous sensibiliser à la fragilité de la nature ... "

On ajouterait bien "nous sensibiliser à notre propre fragilité ou vulnérabilité d’humain" mais de nouveau, on serait un peu trop anthropocentrés....

C’est donc le moment ou jamais d’aller voir de plus près les animaux, pour voir ce qu’ils ont à nous dire. Et ce que nous n’avions peut-être pas compris.

Aurore Vaucelle dans La Libre, le 3 août 2020