Il est prévisible que la recherche médicale verra son budget s’accroître de manière importante dans les prochains mois, poursuivant ainsi notre quête d’invulnérabilité. Mais les conséquences "collatérales de la pandémie Covid-19 nous montrent toute la limite de cette vision.
Pour une sécurité humaine
Arrêtons-nous à ce titre sur la composition du comité chargé de planifier le déconfinement, qui regroupe des scientifiques médicaux, des· économistes, et aucun autre domaine scientifique. Où sont les sociologues, psychologues, politologues, bref, les experts en sciences humaines et sociales dont les champs de connaissance portent précisément sur l’homme, dans son individualité et en société ? La crise sanitaire n’est-elle pas d’abord une crise relevant de la sécurité humaine, et pas uniquement médicale ou économique ? Nous ne pouvons pas nous prémunir de toutes les maladies qui ont existé et existeront un jour dans le monde.Autrement dit, s’il est nécessaire d’accroître les moyens de la recherche scientifique, c’est dans tous les domaines de la science, les sciences dures comme les sciences humaines et sociales. Aujourd’hui se dessinent les politiques des prochains mois, des prochaines années ; et elles semblent aller vers une vision· très court-termiste qui ignore bien des aspects de cette crise, dans ces dimensions nationale et internationale.
Dorothée Vandamme et Tanguy Sruye de Swielande, respectivement chargée de cours en Relations internationales à l’UMons et à l’UCLouvain et professeur en Relations internationales à l’UCLouvain, dans La Libre, 20 avril 2020