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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

À quoi l’Europe devra faire face en 2030 ?
Et comment doit-elle se préparer ?
Article mis en ligne le 9 avril 2019

"2030, c’est déjà demain et ce que sera demain est déterminé par les choix d’aujourd’hui" écrit Ann Mettler, présidente de l’European strategy and policy analysis system (Espas).

Un rapport d’une cinquantaine de pages intitulé "Les tendances globales d’ici à 2030, tendances et choix pour l’Europe" qui doit servir d’outil de réflexion aux décideurs politiques, présente les scénarios du futur auxquels l’UE doit se préparer.

Ce que j’ai trouvé intéressant, ce n’est pas la nouveauté, c’est que les décideurs politiques ne pourront plus faire semblant de ne pas savoir. Nous pouvons rêver d’un autre avenir, mais alors il faut une volonté acharnée de s’y mettre. Et vite !

Voici les principaux enseignements du rapport.

L’EPSAS s’appuie sur le travail des analystes de la Commission, du Parlement européen, du secrétariat général du Conseil de l’UE et du Service européen d’action extérieure.

Le rapport de l’European Strategy and Policy Analysis System épingle également les "catalyseurs" qui pourraient accélérer l’une ou l’autre tendance de fond, d’ici 2025. (Voir plus loin).

1. Les effets du changement climatique se feront sentir

En 2030, le monde sera plus chaud, d’environ 1,5° par rapport à la période pré-industrielle. Le rapport stipule que quels que soient les actes posés maintenant, nous allons payer les conséquences de notre inaction à traiter le changement climatique.
Les effets disruptifs de celui-ci se feront ressentir dans la décennie à venir : sécheresse, incendies, inondations et baisse des récoltes…
Ces changements étant perceptibles tant par la population que par les décideurs politiques, "peut-être que des décisions jadis impopulaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre seront plus faciles à prendre et à mettre en œuvre", peut-on lire.

Mais jusqu’ici, nos systèmes politiques ne se sont pas montrés en mesure d’adopter les changements radicaux nécessaires, ce qui accentue les risques que le changement climatique devienne "incontrôlable" à l’horizon 2030. Si la température augmente de plus de 2 degrés, l’impact sera dramatique pour l’Europe, en raison de la hausse du coût des soins de santé pour les aînés, de la baisse de productivité due aux incendies, aux inondations et autres phénomènes extrêmes.
Un changement climatique "incontrôlable" poussera plus de 100 millions de personnes sous le seuil d’extrême pauvreté en 2030. "Le sentiment d’une catastrophe impossible à empêcher et le sentiment de panique pourraient emmener la stabilité politique de l’UE au point de rupture", dit le rapport. À bon entendeur.

2. Les Européens moins nombreux et plus âgés

La Terre abritera 8,6 milliards de personnes en 2030. Le continent européen sera le seul à voir diminuer sa population qui passera de 742 millions à 739 millions d’habitants. Les Européens seront moins nombreux, mais aussi plus âgés : plus d’un quart de la population européenne aura plus de 65 ans. Le vieillissement de la population européenne occasionnera 2 % de dépenses supplémentaires, moins en raison des pensions, que des soins de santé (46,5 milliards d’euros par an), prédit le rapport. Qui recommande aux autorités politiques d’adapter l’environnement du monde du travail aux besoins des aînés et de prendre des mesures pour les conserver en bonne santé pour qu’ils puissent continuer à jouer un rôle productif dans la société.
A noter qu’un des éléments qui permettraient d’enrayer le déclin de la natalité en Europe est une meilleure approche de l’égalité homme-femme, selon l’Espas.

3. Nous serons de plus en plus urbains

En 2030, deux tiers de la population mondiale vivra en ville. Les villes consommeront 60 à 80 % des ressources en énergie, produiront 70 % des émissions de gaz à effet serre, représenteront 70 % de la richesse globale et 35 % de la croissance du PIB. Paris sera la seule ville de l’Union européenne à faire partie de 43 villes du globe comptant plus de 10 millions d’habitants. La plupart des Européens vivront dans des cités comptant de 100 000 à 1 million d’habitants.
Sur le plan politique, cela signifie que l’échelon politique local (ou régional) le plus proche du citoyen devrait gagner en importance, en pertinence et en influence.

4. L’économie européenne va continuer à croître

La croissance mondiale devrait être de 3 % du produit intérieur brut à l’échelle mondiale. La croissance européenne sera plus modeste - 1,4 % du PIB - ce qui rendra plus difficile l’augmentation du taux d’emploi et l’intégration des jeunes sur le marché du travail. Dans dix ans, la part de l’UE dans le PIB mondial passera de 15 à 13 %, en raison de la montée en puissance de la Chine, qui ravira aux États-Unis le titre de première économie mondiale, et de l’Inde.
Le rapport souligne que les facteurs économiques seuls ne déterminent pas le bien-être. Aussi faudra-t-il sans doute que les décideurs politiques aient une approche plus large que les légitimes préoccupations économiques et réfléchissent à un modèle alternatif qui ne serait pas basé sur des hauts niveaux de croissance et de consommation.

5. Un monde de plus en plus connecté

"La planète apparaîtra de plus en plus petite en 2030", lit-on dans le rapport. À cette date, le monde comptera 125 milliards d’appareils connectés à Internet contre 27 milliards en 2017. Ce devrait être le cas de presque toutes les voitures européennes, prédit l’Espas. Le nombre de passagers aériens va doubler pour atteindre sept milliards (surtout des Asiatiques de la classe moyenne), le fret aérien va tripler, et le traitement de containers dans les ports pourrait quadrupler. Les ventes de voitures vont augmenter, mais le nombre de voitures privées devrait diminuer en Europe, où l’on privilégiera les voitures partagées. À noter que quand les humains voyagent, ils emportent les maladies avec eux, aussi le risque de pandémie sera-t-il plus élevé.

La connectivité en soi n’est ni positive ni négative, écrivent les auteurs du rapport, mais renforce tous les comportements humains, au bénéfice comme au détriment de l’ensemble. La technologie peut améliorer la qualité de vie et le quotidien ; la connectivité peut permettre l’apparition d’une "e-citoyenneté" qui dépasse les frontières. Mais la connectivité nous rend aussi plus vulnérables aux cyberattaques et à la propagation de fake news.

6. Un monde non multipolaire, mais "poly-nodal"

Sommes-nous vraiment en train de passer à un monde multipolaire ? "Il est douteux qu’il s’organise en pôles". 2030 sera différent non seulement en termes de distribution du pouvoir, mais aussi en ce qui concerne la nature du pouvoir", lit-on dans le rapport. "Le pouvoir ne sera plus seulement déterminé par des instruments de mesures classiques comme le PIB, la taille de la population et les dépenses militaires ; il ne sera plus seulement détenu par des États, mais aussi des villes, des régions, des entreprises et des mouvements transnationaux."
Dans dix ans, plus aucun État ne sera en mesure de faire face seul aux défis globaux. Ce ne seront donc plus les "pôles", en tant que centres de pouvoirs cohésifs, qui bâtiront le système mais les "nœuds", les points d’intersection. L’influence d’un acteur sera déterminée par le nombre et la qualité de ses relations bi- et multilatérales. Ce système poly-nodal est familier aux Européens. Il n’empêche que l’UE devra reconnaître que "le monde pacifique dont elle rêve n’est pas à portée de main", et adapter son comportement et sa philosophie en conséquence, dans le domaine de la diplomatie et, surtout, de la défense.


Olivier le Bussy, LLB mardi 09 avril 2019

https://www.lalibre.be/actu/interna...


Le rapport de l’European Strategy and Policy Analysis System épingle également les "catalyseurs" qui pourraient accélérer l’une ou l’autre tendance de fond, d’ici 2025.

Le commerce. Le commerce international pourrait être perturbé par les tendances protectionnistes aux États-Unis, ou l’impact du Brexit sur les marchés européen et britannique. Par ailleurs, la Chine va lentement, mais sûrement, se concentrer sur son marché intérieur.

L’accès à la nourriture et à l’eau. Le changement climatique va augmenter le risque d’insécurité alimentaire et d’accès à l’eau, ce qui est source de conflits.

La guerre va changer. La majorité des conflits éclateront à l’intérieur d’États plutôt qu’entre États. Le cyberespace va devenir un front primordial. Les avancées technologiques pourraient aboutir à ce que les guerres soient plus courtes, mais aussi plus meurtrières.

La technologie va bouleverser notre monde. Elle va rendre la vie humaine plus simple, mais aussi bouleverser le marché du travail en causant la disparition de certains emplois, tout en en créant d’autres. Le leadership dans le domaine technologique sera plus que jamais un facteur de pouvoir.

La migration. La migration est moins une tendance que le symptôme d’une tendance (démographie, économie, connectivité, climat...).

Les populistes sont l’expression d’un malaise, mais peuvent être l’écho de préoccupations sincères de la population.

Le terrorisme va continuer à façonner la politique sécuritaire de l’Europe.