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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

"Il me cherche"
Isabelle Filliozat
Article mis en ligne le 23 juin 2014

EXTRAITS d’un article de Laurence Dardenne (La Libre, 10 mai 2014) sur le livre "Il me cherche" [1] d’Isabelle Filliozat, psychothérapeute, directrice de l’école des Intelligences relationnelle et émotionnelle.

Adorables par moments, exaspérants aussi souvent.
Mais que peut-il bien se passer dans leur caboche entre 6 et 11 ans ? Puis, surtout, comment les comprendre et réagir, nous, parents ? C’est ce qu’a tenté d’expliquer la Française Isabelle Filliozat, psychothérapeute, directrice de l’école des Intelligences relationnelle et émotionnelle, au fil des pages de "Il me cherche" (Éd. J.C. Lattès, 18 €).
Dans cet ouvrage très concret, illustré de situations familières, de la vie quotidienne, l’auteure décrit, caricature la réaction parentale, donne des "clés de compréhension" et, pour agir de manière efficace et pertinente, propose des "options de parentalité positive", des "outils concrets", solutions à ce qu’elle appelle "les petites difficultés relationnelles du quotidien dans la famille". Histoire de "poursuivre notre tentative de compréhension de ce qui se passe dans la tête de nos enfants dans cette étape de leur développement trop souvent marquée par les conflits de pouvoir".

Pourquoi avoir choisi cette tranche d’âge ? "Les 6-11 ans sont une période dont personne ne parle, comme s’il ne se passait rien pendant ces années, nous dit-elle. Or c’est précisément la période où l’enfant se prépare à l’adolescence. Les parents sont généralement plus interpellés par la période des 2-3 ans, et ensuite par les 13-14-15. Mais peut-être que, pour avoir moins de problèmes à l’adolescence, est-il justement intéressant de s’occuper de la période des 6 à 11 ans, qui construit finalement les bases de la sécurité intérieure et d’une série de compétences. C’est donc véritablement important dans la relation. (...)

Pas d’ordres, pas de punitions, dites-vous. Pourquoi ? "Parce que c’est inefficace. Le gros problème des ordres est qu’ils inhibent le cerveau pré-frontal, qui nous permet de nous sentir responsable, qui nous aide à prendre la responsabilité de nos actes, en nous faisant anticiper, réfléchir et décider de nos actions. C’est notre libre arbitre, en quelque sorte. À chaque fois que nous donnons un ordre, il est entendu par la zone verbale du cerveau, ce qui inhibe la zone pré-frontale. Les ordres empêchent donc la prise de responsabilités.

Quant à la punition, il y a de multiples raisons pour dire qu’elle est mauvaise. La plupart des gens découvrent rapidement qu’elle est inefficace mais ils continuent parce qu’ils ne savent pas quoi faire d’autre. La punition est inefficace parce qu’elle s’accroche sur le comportement. Et fait l’hypothèse que l’enfant pourrait apprendre de son erreur, ce qui n’est pas le cas avant l’âge de 11 ans comme l’ont montré les neuroscientifiques. La punition s’attache au-dessus du comportement. Quand du lait bout dans la casserole et déborde, la punition, c’est comme vouloir mettre un couvercle pour arrêter le débordement. On réussira juste à faire brûler le fond de la casserole. En tant que parents, nous devons éteindre le feu sous la casserole. C’est-à-dire découvrir l’origine du comportement de l’enfant.

Notre travail de parent consiste à accompagner nos enfants, les aider à grandir, leur enseigner les comportements positifs et non les réprimer, ou chercher à les culpabiliser. Il est important de voir ce qui va être le plus productif pour enseigner à mon enfant les comportements appropriés dans toutes sortes de situations". (Voir ci-dessous)

Alors, faut-il pour autant croire tout ce qui est écrit dans cet ouvrage ? "Ne nous croyez surtout pas !", avertit la psychothérapeute. "Ce livre ne vous présente pas de vérité. À chacun d’observer, de sentir, d’expérimenter. Certaines attitudes proposées vous paraissent simplistes, idéalistes. Nous sommes si accoutumés aux conflits familiaux qu’ils nous paraissent naturels, si habitués à ce que nos enfants ne coopèrent pas que nous hésitons à croire que ce puisse être possible et, de plus, si aisément. Quand on s’est arc-boutés pour pousser une porte, il peut être déconcertant de découvrir qu’il suffisait de la tirer pour qu’elle s’ouvre. Là est un peu le sens de cet ouvrage, analyser le sens d’ouverture plutôt qu’y aller en force. Certes, les résultats ne seront pas toujours immédiats, surtout si le changement de style éducatif est important, l’enfant restant un temps sur ses gardes".
Et puis, n’oublions pas qu’il n’y a pas de recette universelle : aucun enfant n’est identique à un autre ; et aucun parent non plus ne ressemble à un autre. Toutes les relations sont différentes et s’inscrivent dans autant d’histoires de vie.
Dardenne Laurence, LLB, 10 mai 2014

Illustration signée Anouk Dubois, psychomotricienne, formatrice pour la petite enfance.

La maman : "Mets ton pyjama ! Dépêche-toi ! Éteins la lumière. Mange. Va te laver les dents ! C’est l’heure ! Déshabille-toi ! Allez au lit ! Habille-toi !". L’enfant : "J’en ai assez que tu me dises toujours ce que je dois faire. Tu me traites comme si j’étais un bébé".

Explication : "En donnant un ordre, l’intention des parents est en général positive. ‘Il faut bien que je leur dise ce qu’ils doivent faire.’ Mais les enfants entendent alors entre les lignes qu’ils ne sont pas capables de savoir par eux-mêmes… et c’est dévalorisant, déresponsabilisant, démotivant".

Et en cas d’urgence ? "Dans ce cas, certes la soumission aux ordres est importante. Mais, en dehors de ces situations extrêmes, les ordres sont contre-productifs.

Souvenons-nous qu’entre 7 et 10 ans, les enfants aiment les règles et bien faire ! Pourquoi mobiliser leur rébellion ? Pour faire bon poids, les parents ont parfois tendance à faire de longs discours. Nous voulons que les enfants ‘comprennent’. Mais tout ce verbe noie les enfants qui cessent de prêter attention.

Le parent cherche alors à culpabiliser l’enfant, pour ‘qu’il se rende compte’.

Las, au mieux, l’enfant se sentira honteux, et la honte est rarement une bonne motivation. L’objectif n’est pas que l’enfant se sente en faute mais qu’il apprenne."

Commentaire personnel (Michel Simonis)
C’est le moment de faire référence à un texte choc (et incontournable) de Grégory Bateson, dans "La nature et la Pensée", dont j’ai beaucoup fait usage dans mes animations et formations. Mais la pilule est parfois difficile à digérer. (Quelqu’un qui en sait quelque chose est Christine Taubira, par exemple).
Voir mon article à ce sujet…
(ce sera bientôt sur le site)