Si l’on veut tenir debout sur le pont d’un bateau qui tangue dans les vagues, on est obligé de corriger à chaque instant sa position, sa posture, son tonus musculaire. On pourrait dire que pour se tenir debout dans notre monde agité, nous avons besoin d’être créatifs. C’est devenu un incontournable [1].
Pour ne pas s’enfermer dans une façon rigide de communiquer avec ses semblables - et à fortiori avec des personnes très différentes de soi par l’âge, le langage, la mentalité ou la culture – il est nécessaire de faire preuve de créativité, tant pour entrer en relation, que pour maintenir la relation et la faire évoluer, ou pour la terminer de façon saine.
Ce que j’appelle la flexibilité est la capacité de remettre en question les habitudes acquises, ou les "routines" quand elles deviennent des obstacles ou des limitations, de se fixer des objectifs en tenant compte de ceux des autres, de se poser des questions sur ce qu’on fait et ce qu’on perçoit, et d’utiliser les informations perçues pour changer ses stratégies et éviter de faire "encore plus de la même chose".
Tout en tenant compte des objectifs de chacun des participants, cet atelier vise
• à ce qu’ils se posent des questions sur la créativité dans leur travail et approchent une théorie de la créativité et de ses mécanismes.
• à ce qu’ils explorent leur propre potentiel créatif et découvrent des outils à même de lever les blocages perceptifs, émotionnels, culturels ou intellectuels à leur créativité.
• à ce qu’ils utilisent leur créativité dans leur vie quotidienne, dans la résolution des problèmes et dans les aspects relationnels de leurs activités.
Les mots clés de l’atelier sont
– ré-enchanter : aspect ludique, humour, accueil et respect de l’autre.
– ré-ancrer sa créativité : retrouver la source vivante de sa créativité de petit enfant ("enfant magique", cerveau "droit", mandala)
– un nouveau métier. Enseigner, former, c’est accompagner l’apprentissage (à inventer, de façon créative) ; c’est aussi : ne pas penser à la place de l’autre, rester en retrait, laisser place au groupe, ce qui suppose discrétion, humilité :
"ce que je sais est moins important pour lui que ce qu’il va découvrir lui-même." Ceci implique une inventivité des procédures d’apprentissage.
– préserver le désir d’apprendre : écarter les obstacles, les pollutions du désir d’apprendre, donc les découragements, les dévalorisations…
– développer ou débloquer l’intelligence, être un "fabricant d’intelligence".
– explorer des cheminements permettant l’émergence de l’imprévisible : c’est le "lâcher prise", notamment de l’hyper-contrôle mental. Dégager les zones coincées de leur gangue !
– équilibre entre les deux manières de fonctionner du cerveau, qu’on appelle en raccourci "hémisphère gauche" et "hémisphère droit" : tabler sur nos intuitions, mais les mettre à l’épreuve, les ancrer dans le rationnel.
– être soi-même en recherche, curieux, inventif.
– créer (et se réapproprier) des outils pédagogiques originaux, centré sur la solidarité entre les apprenants.
– être conscient des valeurs, des partis pris sociaux et philosophiques de ses pratiques : démarches de prise de conscience, échanges, théorisation (auto-socio-construction du savoir, du savoir-faire, du savoir être).
– "du plaisir au désir (de changer)" selon la belle formule de Françoise Kourilsky.
– prise en compte des contextes (le paradigme systémique) et des processus (notamment circulaires) : le "comment" plus que le "pourquoi", l’approche globale.
– l’approche multi-sensorielle et la prise en compte de la dimension corporelle : on oublie encore trop souvent que le corps est au cœur des apprentissages.
– les images mentales.
– les métaphores.
– l’importance de l’affectif, de l’intelligence du cœur.
– le lien avec la nature.
– l’importance de la musique et des arts plastiques, du mandala.
– l’ouverture sur les différentes cultures par la musique et les arts.
– l’art social (tel que pratiqué dans les écoles Steiner et en Anthroposophie.
– et prendre conscience qu’avec tout cela, on entre dans un "nouveau paradigme".
Une autre façon de dire tout cela, c’est un rêve d’école...