L’Association internationale soufie alawiyya (AISA) y voit « une décision historique ». L’assemblée générale de l’ONU a adopté à l’unanimité le 8 décembre 2017 un projet de résolution, soutenue notamment par l’Algérie, visant à instaurer une « Journée internationale du vivre ensemble dans la paix ». Celle-ci aura donc lieu tous les 16 mai.
Pour l’assemblée générale, il s’agit par là de renforcer une coopération déjà « active » entre l’ONU et « les organisations confessionnelles et culturelles » et de soutenir les initiatives de la société civile en faveur du dialogue des religions et des cultures.
« La société civile, y compris les milieux universitaires et associatifs, joue un rôle important dans la promotion du dialogue entre les religions et les cultures », souligne la proclamation. Cette journée internationale est donc un moyen supplémentaire de la « mobiliser », en « renforçant ses moyens (et) en lui ouvrant des perspectives nouvelles ».
« 172 pays se sont d’ores et déjà engagés à célébrer cette journée internationale », assure Farid Aït-Ouarab, responsable de la communication d’AISA.
Congrès international féminin
Cette résolution adoptée par l’ONU récompense trois ans d’efforts pour l’AISA, association liée à la confrérie soufie alawiyya basée à Mostaganem en Algérie. L’idée de cette journée a en effet été lancée en novembre 2014, à l’issue d’un premier « congrès international féminin » organisé à Oran par cette confrérie plutôt récente (elle a été fondée en 1914 par le cheikh Abu Abbas Ahmed Ibn Mustafa al’Alawi (1869-1934)) qui a connu un important développement international. La confrérie est à l’origine de la création, en France, des Scouts musulmans.
« C’est une idée qui remonte jusqu’au cheikh Al Alâwî, fondateur de la voie soufie Alâwiyya, qui vient de se concrétiser », affirme ainsi le cheikh Khaled Bentounes, actuel guide spirituel de la confrérie, fondateur et président d’honneur de l’AISA. « Il y a un peu plus de 250 millions de soufis dans le monde mais le message qu’ils véhiculent n’est pas audible, explique Farid Aït-Ouarab. Cette journée peut changer les choses. En outre, elle doit permettre d’éveiller les consciences. Nous sommes obligés de vivre ensemble et donc de poser des actes de paix. Concrètement, la journée internationale contribuera à mettre en lumière les différentes actions, comme les multiples rencontres interreligieuses, qui montrent que le vivre-ensemble est possible. »
Comité de soutien
Un comité de soutien avait été constitué, disposant de relais dans de nombreux pays du monde. En France, des personnalités musulmanes comme Ghaleb Bencheikh, animateur sur France 2 et président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, ou l’imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, l’avaient signé, ainsi que des représentants du monde soufi, comme l’universitaire Éric Geoffroy, la sénatrice de Paris Bariza Khiari ou la physicienne Ines Safi.
L’écrivain Abdennour Bidar, le père Christian Delorme, Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), Boris Cyrulnik ou encore Pierre Rabhi soutenaient également le projet.
« Les choses sérieuses vont commencer parce qu’il s’agit maintenant de concrétiser cette idée sur le terrain en vue de rapprocher les humains en quête de paix », reconnaît le cheikh Bentounes.
La Croix, Anne-Bénédicte Hoffner (avec Arnaud Bevilacqua) , le 15/12/2017