Jusqu’ici, la radicalité en politique voulait dire qu’on allait "révolutionner", "renverser" le système économique. Or la crise écologique nous oblige à une transformation si profonde qu’elle fait pâlir par comparaison tous les rêves de "changer de société". La prise du pouvoir est une fioriture à côté de la modification radicale de notre "train de vie". Que peut vouloir dire aujourd’hui "l’appropriation collective des moyens de production" quand il s’agit de modifier tous les moyens de production de tous les ingrédients de notre existence terrestre ? D’autant qu’il ne s’agit pas de les changer "en gros", "d’un coup", "totalement", mais justement en détail par une transformation minutieuse de chaque mode de vie, chaque culture, chaque plante, chaque animal, chaque rivière, chaque maison, chaque moyen de transport, chaque produit, chaque entreprise, chaque marché, chaque geste.
Bruno Latour, 2007
Bon, y a de quoi réfléchir...