A l’heure de l’informatique, de l’engouement pour les tablettes et pour le tableau blanc interactif (simple avatar du tableau noir), il est temps pour l’enseignement de se mettre en phase avec ces différents outils. Depuis de nombreuses années, existent des correcteurs informatiques d’orthographe (ou correcticiels).
Il n’est pas question de parler ici des versions de base présentes dans les traitements de texte habituels, mais des correcteurs informatiques professionnels. Ceux-ci sont capables de retrouver plus de 85 pour cent des erreurs présentes dans les textes qui leur sont soumis (une quinzaine de pour cent seulement pour les correcteurs de base ). Il s’agit là d’un véritable outil au service de l’écrit. Ecrit qui passe et passera sans doute de moins en moins par la voie papier-brouillon (il ne faut pas le déplorer, il faut juste le constater).
Dans son livre "Zéro faute", François de Closets propose de réfléchir à une pédagogie du correcteur informatique à l’école. Puisque les élèves écrivent de plus en plus au départ d’un support informatique, pourquoi ne pas leur apprendre à manipuler les outils mis à leur disposition ? On en voit déjà monter sur leurs grands chevaux : ce n’est pas ça qui va apprendre aux élèves à faire attention à leur orthographe, c’est le correcteur qui va faire le boulot à la place de l’élève ! Ils n’y sont absolument pas : le correcteur ne corrige pas, n’écrit pas à la place de l’élève. Au contraire ! En plaçant son texte sous le prisme informatique du correcteur, l’usager est placé devant un choix qui aiguise son regard métalinguistique et critique : accepter ou non le changement proposé. On est également placé devant l’explication de son erreur (révision utile de la règle ou de la procédure). Il est, par ailleurs, possible de consulter ses statistiques personnelles et de dresser un bilan des erreurs commises.
Le correcteur informatique, bien manipulé, peut se révéler un véritable outil pour progresser et faire le point sur ses carences en vue de les pallier. Les correcteurs ne constituent certes pas la panacée, mais sont une pierre désormais essentielle à la construction orthographique de tout un chacun.
Les correcteurs informatiques actuels ne remplacent cependant en rien le dictionnaire, ils constituent seulement une aide supplémentaire qui permet de structurer l’orthographe de l’utilisateur (ce que ne permet absolument pas la consultation d’un dictionnaire traditionnel) et autorise enfin un regard critique autonome sur son orthographe. Les correcticiels occupent une place laissée vacante jusque-là dans le domaine de l’écrit. L’école, à chaque niveau d’enseignement, ne peut manquer ce tournant. Il faut apprendre à chacun à utiliser cet outil (qui va encore s’améliorer à l’avenir) et à profiter de toutes ses facettes (classement d’erreurs, pourcentage de graphies correctes, etc.) pour cibler au mieux la remédiation par la suite. Chacun commet des erreurs différentes, chacun aura donc un parcours orthographique différent. L’enseignant, une fois qu’il aura appris à ses ouailles à utiliser de manière pertinente les correcteurs orthographiques, pourra en retirer la substantifique moelle et débuter un travail de remédiation utile et échelonné. Il faut vivre avec son temps et ne pas diaboliser toutes les ressources informatiques.
Mis en œuvre utilement et de manière pertinente, car la manipulation en aura été apprise et supervisée, les correcteurs orthographiques permettront d’envisager une pédagogie de l’orthographe renouvelée et de cibler davantage le travail de remédiation auprès des élèves. Aucun enseignement sérieux de l’orthographe ne pourra (ne peut déjà !) se passer de ce type d’outils.
Benoit Wautelet
Maitre-assistant en langue française,
HELHa (Braine-le-Comte), Catégorie pédagogique.
LLB, Mis en ligne le 13/02/2012