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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

13 août 2022 • Un Guide de gestion des Terres publiques
Article mis en ligne le 13 août 2022
dernière modification le 6 février 2023

C’est un plaisir pour moi de voir enfin sortir le précieux Guide de gestion des terres publiques, à l’initiative de Terre en vue et de Crédal.
C’est une problématique qui me tient à coeur et que je considère comme essentielle.

En voici quelques extraits.

"Agir localement" dit la formule, pas seulement penser globalement !
Voici un sujet qui peut concerner tout le monde, puisque chacun est citoyen d’une commune. En Belgique, certes, mais cela peut aussi donner des idées à d’autres, à l’extérieur de la Belgique et de la Wallonie...

Guide de gestion des terres publiques

La Foire de Libramont 2022 a été l’occasion pour Terre en vue et Crédal de lancer la diffusion d’un nouveau guide sur la "Gestion des terres publiques".

Et si le foncier public constituait un levier direct pour des politiques alimentaires (économiques et environnementales) relocalisées ?

INTRODUCTION

(Extrait de la conférence de Libramont)

1. Les terres agricoles publiques :

ce sont les terres cultivées
 dont le propriétaire est un acteur public,
 dont le financement est issu de fonds publics : commune, CPAS, fabrique d’église, intercommunale, administration(s) régionale(s), provinciales, la Défense, société de logement, RTBF, SNCB, sociétés de gestion de l’eau (SPGE, SWDE), SOWAER, …..

Les terres agricoles : des biens communs inscrits dans notre législation

Que ce soit au sens du Code wallon de l’agriculture, du Code du développement territorial ou du Code de l’environnement, le territoire wallon, son agriculture et son environnement constituent notre patrimoine commun. Ce concept n’est pas un alliage de beaux mots : il fonde et oblige juridiquement l’action des pouvoirs publics. La terre n’est en effet pas un bien comme un autre. Elle revêt une utilité sociale et collective évidente, conditionnant notre survie même et l’exercice de plusieurs droits fondamentaux.

Plus que toutes autres, les terres publiques peuvent et doivent être gérées en bien commun.

Les terres agricoles publiques en Wallonie :

- Communes : 27.800 ha
- Fabriques d’églises : 11.500 ha
- CPAS : 10.800 ha
- Wallonie : 6.500 ha
- TOTAL : 57.000 ha = 8% de la surface agricole utile (UAA)

2. Contexte et constats

 Il n’y a pas ou (très) peu de politique foncière publique ;
 Le patrimoine foncier est (souvent) considéré comme un simple actif immobilier

  • qui se vend ( et constitue une “réserve”)
  • se loue, rarement avec une intention politique

 C’est une matière qui requiert plusieurs compétences (finances, patrimoine, urbanisme, agriculture)

  • qui est donc nécessairement transversale et donc, complexe à gérer/coordonner ;
  • il est rare d’avoir du personnel en charge de cette matière de manière transversale

 Ce sont les CPAS qui

  • (en général) ont le plus de terres (mais ce n’est pas systématique) ;
  • ont le plus souvent un projet / une intention sur leurs terres publiques ;
  • (en général) ont la gestion la plus organisée/rigoureuse
  • l’enjeu financier est important

 Les informations relatives aux terres publiques sont insuffisantes :

  • leur vente ne fait pas l’objet d’un recensement spécifique à l’observatoire du foncier agricole
  • les donnée quantitatives à leur propos sont insuffisantes

 L’accès à l’information relative à la mise en adjudication des terres publiques
est insuffisante pour les agriculteurs en installation

 La gestion des terres publiques est une matière qui a souvent été abandonnée ;

  • la remise à niveau (exemple : dans le cadre du nouveau bail à ferme) est lourde, lente et complexe ;
  • la population des agriculteurs est très vieillissante du fait démographique et faute de renouvellement de l’octroi des terres

 Lors des ventes de terres, les propriétaires publics contribuent -dans leur proportion- à la spéculation ;

 L’échéance de renouvellemenet des baux, les inondations, la relocalisation de l’alimentation ... sont des « opportunités » qui remettent les terres publiques à l’agenda de certaines communes.

 Les jeunes agriculteurs ont très difficilement accès aux terres, tant à l’achat qu’à la location

  • leur prix est trop élevé et non régulé
  • malgré la réforme, l’accès aux terres locatives est très difficile pour ces
    Jeunes
  • il y a de nouveaux acteurs fortunés qui accèdent aux terres

 pour soutenir les jeunes agriculteurs, dans un contexte aggravant d’agriculteurs vieillissants, le rôle des terres des des propriétaires publics est fondamental.


1. Préserver la biodiversité sur les terres publiques ?

Le bail à ferme tel qu’entré en vigueur en 2020 permet dans certaines situations de préserver voire encourager le développement de la biodiversité dans les terres agricoles.

Lors de la conclusion du bail, la nouvelle législation prévoit la possibilité pour le propriétaire public de protéger ces différents aménagements Identifiés dans l’état des lieux. Lorsque la parcelle est en prairie permanentes. son maintien peut être exigé. Dans le même ordre. lorsque cette parcelle présente une pente de >10%. des mesures visant à lutter contre les coulées de boue sont possibles.

Il est possible de mettre des clauses environnementales (ou sociales) complémentaires si on est dans un contrat de type comodat (gratuit) ou une emphythéose. De même, s’il s’agit “d’essarts” (voir plus loin).

2. Une opportunité pour soutenir un projet social et alimentaire ?

La sécurité alimentaire n’est plus une priorité pour les pouvoirs publics : la nourriture vient à nous mais on ne sait plus comment. On ne stocke plus, on ne produit plus sur un territoire donné qu’une Infime partie de ses besoins.

Cela n’a pas toujours été le cas. le rôle historique des Bourgmestres était d’assurer la sécurité collective, notamment sur l’alimentaire. Les sociétés de pénuries au Moyen âge avaient des stratégies alimentaires publiques élaborées de gestion de stock, des productions alimentaires afin de limiter les disettes.

Au XIXe siècle. dans nos contrées. les pouvoirs communaux mettaient gratuitement à la disposition des chefs de famille les terres et bois communs à la condition que ceux-ci effectuent eux-mêmes et sans frais pour la commune l’essartage de ces bois et leur transformation en terrains de culture. Ces fameux (es)sarts communaux font encore partie de notre environnement. On en retrouve la trace dans de nombreux toponymes et parmi les biens des communes.

S’il s’agit d’essarts, le règlement communal pourrait apporter des clauses complémentaires. L’idéal, toujours, c’est que ces clauses soient proportionnées, liées à votre politique, et équitables.

Au XXe siècle, les Commissions d’Actions Publiques puis les CPAS héritent d’une partie de ces patrimoines, avec la mission de le gérer et l’exploiter au mieux afin d’en tirer le meilleur revenu au profit des habitants les plus démunis. Depuis, dans la majorité des cas, ces terres sont confiées aux agriculteurs pour y cultiver, élever du bétail. Aujourd’hui, essarts, terres publiques, etc ... représenteraient donc environ 50.000 hectares. (Analyse CPTD https://cpdt.wallonie.be/sltes/default/files/ r3_rapscientifique_201712.pdf)

3. La sécurité sociale de l’alimentation

Aujourd’hui, les questions de sécurité et de souveraineté alimentaire posent le constat suivant : une fraction croissante des ménages Belges peine à s’alimenter convenablement.

Certaines communes ont fait ce pari en soutenant et développement des projets de production alimentaire sur leurs terres publiques. Elles ont pu mettre en place des mécanismes de soutien public sous le mode de la sécurité sociale de l’alimentation. Ce faisant les communes permettent de soutenir des prix accessibles pour certains publics précarisés tout en garantissant un certain prix juste pour les producteurs. La ”sécurité sociale de l’alimentation” est un concept né en France depuis quelques années et qui commence à faire des émules en Belgique.
Crédal, partenaire du projet « Terres publiques », étudie ces projets qui émergent et qui sont sources de grande créativité dans les mécanismes de soutien aux familles.
Il existe des initiatives portées par les pouvoirs publics ou des projets soutenus par ces derniers. Le soutien peut être
- direct : le CPAS achète les denrées alimentaires à un producteur local dans l’objectif de les fournir à prix réduit à ses bénéficiaires, ou
- indirect le pouvoir public soutien le(s) producteur(s) en contrepartie d’une vente à prix accessible vers un certain public : mise à disposition d’infrastructures, de main d’oeuvre, d’outils, etc ..

4. L’insertion socioprofessionnelle dans l’agriculture

Un des mécanismes possibles pour résoudre la difficile équation entre “accessibilité” et “rémunération juste”, tout en formant des personnes éloignées du marché de l’emploi, est l’agriculture en Insertion socio-professionnelle (ou ISP). De nombreux CPAS de notre pays ont activé sur leurs terres publiques des projets intégrant l’ISP et engrangés de belles expériences.(Cf. Le potager Saint Germain de Pepinster, p. 19 du “Guide”)

5. Je commence l’inventaire de mes terres publiques

Pour fin 2024, selon les dispositions de la nouvelle Loi sur le bail à ferme, les autorités publiques sont invitées à convertir les baux ou accords (de tous types) sur leurs terres en baux écrits.

Voir les exemples ou suggestions de réflexions et d’action qui peuvent aider une autorité à enclencher ce processus, p. 20 du “Guide de gestion des terres publiques”

6. Le processus d’attribution des terres

Un outil au service d’une politique de gestion des terres publiques ?

 Un Arrêté du Gouvernement wallon du 20 juin 2019 détermine la façon dont les pouvoirs publics doivent mettre leurs terres en bail à ferme. (...)
 La nouvelle loi sur le bail à ferme qui régit ces procédures permet également d’envisager d’autres critères ou d’éléments contractuels ! Ceux-ci peuvent être construits en considérant le contexte et les objectifs du pouvoir public. (...)
 Les projets des propriétaires publics peuvent être intégrés dans la politique de gestion des terres agricoles. (...)

7. Vendre (seulement) s’il le faut vraiment… 
mais vendre avec un projet politique !

https://terre-en-vue.be/IMG/pdf/2022_tev_terrespubliques_web.pdf


Annexe

Présentation du Guide à la foire de Libramont

La Foire de Libramont 2022 a été l’occasion pour Terre en vue et Crédal de lancer la diffusion d’un nouveau guide sur la "Gestion des terres publiques".

Cette première édition est le fruit de nombreuses rencontres de terrain depuis le printemps 2021 avec une diversité de propriétaires publics de terres agricoles : CPAS, communes, intercommunales, fabriques d’église, …

Il est désormais disponible au téléchargement ICI !

Ce guide est une mine d’or à destination de tout propriétaire public qui souhaite s’engager dans une démarche de valorisation de ses terres agricoles en soutien à une agriculture familiale, durable, locale.

Le guide répondra au mieux à toutes les questions que suscite une telle démarche :
 inventorier ses parcelles,
 mettre en place une politique foncière,
 trouver les locataires inconnus,
 la législation sur le bail à ferme,
 les terres agricoles au profit de la biodiversité, de l’insertion sociale et de la sécurité alimentaire locale,
 les différents processus d’attribution d’une terre,
...

La présentation faite lors de la conférence à la Foire de Libramont est également disponible ici.