Les plus récentes en haut de page.
Collectées régulièrement...
Je commence par ces mois d’été 2022.
Interpelé... touché... confirmé... troublé... étonné... confronté... conduit à la nuance... stimulé...
Je note, je résume, je cite, je donne un lien...
La suite, c’est au mois de septembre, ici...
• « La cour de récré est le lieu d’expression des violences entre enfants » (Bruno Humbeeck)
11 août 2022
Pour le psychopédagogue, aménager une cour de récréation pour permettre à chacun et chacune de trouver sa place a pour conséquence de diminuer les comportements violents entre enfants.
Si vous demandez à une petite fille de 4 ans de traverser la cour de récréation, elle aura tendance à longer les murs contrairement à un petit garçon qui, lui, traverse plus naturellement la cour par son centre. Quelques années plus tard, si vous lui demandez de dessiner sa cour de récréation, il y a de fortes chances qu’elle commence par tracer un grand terrain de football. Dans le film Un Monde, une petite fille explique, en se trompant de mot, que les footballeurs sont des « racistes », qu’ils ne pensent pas aux autres. Elle désigne simplement par son expression maladroite le phénomène par lequel les petits footballeurs ont tendance à prendre le plus de place possible et donc à refouler les filles à l’extérieur du centre. Une fois devenues adultes, les femmes auront évidemment tendance à incorporer ces différences de genre en envisageant leur place dans l’espace public.
En fonction des styles de jeu, on constate que dès la maternelle, il y a une tendance des petits garçons et des petites filles à se livrer à des activités un peu différentes. C’est assez naturel et en même temps culturel. Mais de plus en plus de petites filles jouent au football. Pour qu’elles se sentent suffisamment accueillies, le projet de l’établissement doit évidemment être repensé. L’aménagement de la cour de récréation fait partie d’un ensemble qui peut s’associer à des espaces de paroles régulés dans lequel chacun va pouvoir exprimer ses émotions. Si une petite fille exprime qu’elle aimerait jouer au football mais qu’elle ne peut pas, l’adulte doit pouvoir intervenir.
C’est dans une cour de récréation que se prépare la société de demain parce que les enfants, s’y sentant plus libres que les élèves qu’ils sont pendant les heures de classe, apprennent à être en relation les uns avec les autres dans un territoire qu’ils sont tenus de partager. C’est pour cela que les cours de récréation doivent absolument être sensibles à la question du genre.
• Contre la sécheresse, une forêt comestible s’épanouit dans l’Hérault
9 août 2022
Malgré le soleil brûlant, l’air semble humide et frais sous la canopée. « Le sol d’une forêt retient huit fois plus d’eau que celui d’un champ, explique Daniel. C’est la vraie solution face à la sécheresse. »
Alors que la France traverse une vague de chaleur précoce et que plusieurs départements sont déjà en alerte sécheresse, la forêt jardinée de Delphine et Daniel, nichée au creux d’une vallée du Haut-Languedoc, est un havre de paix. Les premiers jardins-vergers ont été créés par des adeptes de la permaculture [1] « dans l’idée de suivre le modèle de la forêt naturelle, mais en y semant des espèces comestibles », dit Daniel. Les avantages sont multiples : « On restaure les sols, on préserve la biodiversité — beaucoup plus riche dans une forêt que sur un terrain nu — on produit de la nourriture en respectant la nature et en économisant l’eau. »
Certains pionniers, comme Fabrice Desjours, en Bourgogne, sont partis d’un terrain nu, où ils ont peu à peu fait fructifier plantes à baies, tubercules et fruitiers.
« Le sol était abîmé par l’érosion et les produits chimiques, les ronces s’étaient installées sur une partie du terrain ». En moins de trois ans, ils ont transformé 1 300 mètres carrés de broussailles parsemées de chênes en une petite oasis. Plus de 400 plantes ont été dispersées, certaines sont bien connues, d’autres oubliées — tel le cormier — et d’autres encore plus exotiques, comme le laurier des Iroquois. Des plantations mûrement réfléchies, afin que chaque espèce se retrouve au meilleur endroit possible en fonction de ses besoins en ombre, en espace. « Nous agissons ici comme nos cousins primates, en disperseurs de graines, en semeurs de vie, dit Daniel, ex-informaticien originaire des États-Unis. L’humain n’est pas néfaste pour la nature s’il se contente de remplir son rôle écosystémique. »
« Jusqu’ici nous avons été une civilisation de l’herbe, dit Delphine, nous devons devenir une civilisation de l’arbre. »
Voir l’article complet sur https://reporterre.net/Contre-la-secheresse-une-foret-comestible-s-epanouit-dans-l-Herault?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_hebdo
(aussi sur https://www.pearltrees.com/michelsim/on-avance/id52860595#item456464383)
• Reproduire de petites sociétés autogérées
1er août 2022
Il faut démanteler tout ce qui interdirait à des populations locales de s’auto-organiser. Par exemple s’auto-organiser pour l’énergie, pour l’eau, et aussi pour retrouver des matériaux de construction qui ne soient pas du parpaing et du béton, ni du bitume. Donc il y a quelque chose à faire autour de la réappropriation, de la possibilité de reconstituer des échelles pertinentes d’actions.
Ce qui n’empêche malgré tout qu’il va falloir démanteler le nucléaire. Et cela ne peut pas se faire à l’échelle locale.
• Le nucléaire est antinomique de tout ce dont on a parlé depuis une heure, centralisé, inappropriable, loin, abstrait, très dangereux…
… et qui va durer des millénaires. C’est l’énergie totalement à l’image de la société dans laquelle on vit, une société industrielle. On voit tout ce dont le nucléaire a besoin pour vivre. Nous, dans notre quotidienneté, est-ce dans ce monde-là que nous avons envie de vivre ? Ariel Salleh, une écoféministe australienne, a beaucoup dit que ne pas avoir suffisamment réfléchi au complexe nucléaro-pharmatico-pétrochimique de notre confort moderne est un vrai, vrai, vrai problème politique.
Extrait du Podcast : Dans les campagnes, « nous pouvons reproduire de petites sociétés autogérées »-
Se nourrir, se vêtir, construire une maison… autant de besoins vitaux que beaucoup d’entre nous ne savent plus satisfaire seuls. Pour compenser, on achète, on consomme, on fait faire. Bonne nouvelle : on peut y remédier et retrouver notre autonomie pour s’émanciper de ce système de consommation.
Geneviève Pruvost est l’invitée des Grands entretiens de Reporterre.
Elle dépeint les espoirs et les enjeux d’une société inspirée par l’écoféminisme où l’entraide mènerait à la subsistance et à l’ancrage local.
Geneviève Pruvost est sociologue du travail et du genre au Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS). Elle a publié Quotidien politique - Féminisme, écologie, subsistance éd.La Découverte) en 2021.
Ce Podcast de REPORTERRE que vous pouvez lire et écouter (J’ai trouvé fort confortable d’avoir le texte à lire (parfois résumé) en même temps que l’écoute.) est repris dans mes Pearltrees, ici. https://www.pearltrees.com/michelsim/enjeux-aujourd-hui-pour-demain/id37936256#item455656884 [1]
• Injuste !
30/7/22
“Que ce soit dans la rue, sur les réseaux sociaux, ou ailleurs, tous mes actes sont réfléchis en fonction de la peur. La peur qu’on me suivre, qu’on m’insulte, qu’on m’agresse. Je trouve ça injuste de savoir que quoi qu’il arrive, parce je suis née femme, d’origine étrangère, je ne pourrai jamais jouir de la même insouciance que ceux qui ont des privilèges que je n’ai pas.”
Extrait d’un article d’Imagine sur les émotions, origine de l’engagement “L’indignation face aux violences subies, aux injustices, est très certainement l’un des moteurs premiers de l’engagement. (Denise Van Dam, psychologue clinicienne et docteure en sciences sociales. - Imagine,demain de monde, n° 151, juillet-août 2022)
• TROIS HISTOIRES DE MOTS (plus une) :
21 juillet 2022
1. Stephen Pyne : "Pyrocène" - "Nous sommes en train de créer un Âge du feu"
Pour le professeur émérite à l’Arizona State University, le réchauffement climatique signe notre entrée dans le « Pyrocène », un temps où le feu modèlera la planète comme la glace lors des périodes glaciaires.”
La canicule et la sécheresse qui sévissent en France facilitent la propagation des feux de forêts. Historien du feu, auteur de nombreux livres sur le sujet, l’Américain Stephen Pyne a participé à la théorisation des « mégafeux », des feux pathologiques, symptômes d’une planète rendue plus dangereuse par le réchauffement climatique. En France, ses travaux ont été popularisés par la publication, en 2019, du livre de la philosophe Joëlle Zask : « Quand la forêt brûle. Penser la nouvelle catastrophe écologique ». Il s’apprête à publier « The Pyrocene. How We Created an Age of Fire, and What Happens Next ».
2. La « sève des salariés » de Ruffin, nouveau « sang des travailleurs »
LES MOTS DÉMONS.
Pas de doute, François Ruffin est un redoutable orateur.
En dénonçant les « seigneurs » pompant l’énergie vitale des travailleurs, François Ruffin modernise mais édulcore un passage du « Capital » où Marx dénonce les vampires.
François Ruffin : « Vous êtes la protection des nouveaux seigneurs ! Des seigneurs du numérique, de l’armement, des sous-sols et du médicament ! Des seigneurs qui sucent la sève des salariés et qui refusent de payer l’impôt dans ce pays ! Vous les protégez, les bras ballants. Voilà qui vous êtes ! »
Marx dans le « Capital » : « Le capital est du travail mort qui, semblable au vampire, ne s’anime qu’en suçant le travail vivant, et sa vie est d’autant plus allègre qu’il en pompe davantage. »
Pourquoi être passé de l’image du sang à celle de la sève ?
Peut-être parce qu’en 2022 l’image du vampire ne fait plus recette. A l’époque de Marx le sang versé faisait partie de l’Histoire ouvrière… Les chants révolutionnaires en étaient pleins. En France, c’est le sang des martyrs du peuple qu’on retrouve dans le rouge du drapeau national. Et puis, le romantisme était triomphant et les vampires étaient terriblement à la mode.
En 1867, quand parait le premier livre du « Capital », la saga des morts-vivants s’abreuvant du sang d’innocents avait déjà commencé avec « The Vampyre » de John Polidori (1819), une histoire inspirée par Lord Byron.
Pour « Dracula » pourtant, il faudra attendre 1897…
Quand aux “seigneurs”qu’évoque François Ruffin, un psychanalyste lacanien nous renverrais peut-être vers l’homophonie entre « seigneurs » et « saigneurs ».
(D’après une chronique de Pascal Riché dans L’OBS du 21 juillet 2022)
3. Entre Pierre Rabhi et Emmanuel Macron, le sens du mot SOBRIÉTÉ a muté…
Cet été, l’idée de « sobriété » a gagné l’ensemble du monde politique, qui s’en enivre. (...) Ce mot aura mis des années avant de s’imposer. Pendant longtemps, il a été considéré comme une lubie réactionnaire ou décroissante.
Dans le vocabulaire courant, le mot de « sobriété » a été pendant longtemps assigné au discours sur l’alcool, ce qui est conforme à son étymologie : en latin sobrietas, c’est ebrietas (ébriété) précédé du préfixe se (à l’écart de). Mais les Eglises, catholiques ou protestantes, utilisent depuis longtemps ce mot dans un sens plus large, proche de tempérance/modération. (...)
Dans les années 2000, Pierre Rabhi va populariser l’expression de “sobriété heureuse” et. en 2015 le pape va la reprendre à son compte (à deux reprises) dans sa fameuse encyclique “Laudato Si”.
(...) Le mot, a force d’être utilisé, s’est usé. Et son sens s’effiloche rapidement. On parle de « technologies de la sobriété » pour désigner des appareils moins gourmands en énergie. On place sous l’étiquette « sobriété » des politiques comme l’isolation thermique des immeubles, qui n’exigent pourtant aucun changement de mode de vie, mais seulement des investissements. Même des moteurs automobiles plus économes en essence -mais gorgées de high-tech- sont rangés dans la case « sobriété » ! A ce train-là, la sobriété promet de devenir la condition d’un renouveau de la société productiviste, dont elle prenait pourtant naguère le contrepied.
(D’après une chronique signée Pascal Riché, L’OBS, juillet 2022. A lire en entier ICI :
4. PS. Et en voici une quatrième...
que je viens de noter dans l’article sur "L’art de joie" (18 août 2022) : “Le mot amour mentait, exactement comme le mot mort. Beaucoup de mots mentaient. Ils mentaient presque tous..." (Golardia Sapienza)
• Etre une adolescente en ville, une double charge
13 juillet 2022
En 2009, une étude de Bruxelles Environnement pointait que l’offre d’aires de jeux ignore les besoins de plusieurs publics cibles : familles avec enfants d’âges différents, enfants porteurs d’un handicap, très jeunes enfants (0-3 ans) et ados, et plus spécifiquement adolescentes.
En Autriche, Vienne applique un budget genré pour penser chaque parc. A Malmô en Suède, on consulte des jeunes filles pour réaménager les plaines depuis qu’une étude a objectivé que 80% des sites étaient fréquentés par des garçons plutôt sportifs ...
“En Belgique aussi, les espaces publics sont genrés. On a toujours eu tendance à les penser uniquement par le prisme du sport, regrette Florence Beaurepaire, coordinatrice du service maillages jeux et sport chez Bruxelles Environnement. Dans la capitale, l’offre de plaines sportives est composée à 80% de terrains de football.
Par ailleurs, 50% des jeunes adolescentes indiquent que le harcèlement a un impact sur leur manière de consommer l’espace public. Voilà ce que relève le projet “Safer Cities” mené par Plan International dans plusieurs villes du monde. Chez nous, à Bruxelles, Charleroi et Anvers, le projet a permis de consulter plus de 700 jeunes de 15 à 24 ans.
“Ce qu’on voulait, c’est que les jeunes et les décideurs et décideuses politiques discutent de manière informelle des questions d’aménagements urbains et de harcèlement”, explique Catherine Péters, coordinatrice du plaidoyer chez Plan International Belgique. Le réflexe d’inviter les ados autour de la table manque encore alors que ces questions les concernent directement.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur planinternational.be/safer-cities
Le Ligueur 13 juillet 2022
• Une interdiction de tout regroupement par confession dans les cimetières français date de 1881 !
D’après le Conseil Français du culte musulman, 600 carrés musulmans sont répartis dans les 40.000 cimetières de France. Cela entraine parfois de vives polémiques dans certaines communes.
"A priori, la loi du 14 novembre 1881 supprime l’obligation d’affecter une partie du cimetière à chaque culte, et interdit "tout regroupement par confession sous la forme d’une séparation matérielle du reste du cimetière”.
(L’Express du 7 juillet 2022)
• « Conversion » - très calculée - de trois grands patrons
7 juillet 2022
Face à un risque réel de pénuries, Patrick Pouyanné, Jean-Bernard Lévy et Catherine MacGregor , patrons respectivement de TotalEnergies, EDF et Engie, appellent les Français à réduire d’urgence leur consommation de pétrole, d’électricité et de gaz. Si le contexte n’était pas si tragique, on serait tenté d’en rire. « C’est un peu comme si un dealeur demandait à l’un de ses clients de modérer sa consommation de drogue », ont relevé certains esprits sur Twitter, soulignant l’absurdité de la situation.
La « conversion » - très calculée - de ces trois grands patrons en dit long [2] Elle en dit beaucoup, aussi, sur le déni qui prévalait jusqu’alors sur ce sujet, en particulier au plus haut niveau de l’Etat. Alors que la guerre en Ukraine a mis en lumière notre dépendance – et donc notre vulnérabilité – aux hydrocarbures russes, Emmanuel Macron n’a jamais jugé bon de tenir le moindre discours alertant sur la nécessité absolue de modérer collectivement notre consommation énergétique démentielle, ne serait-ce que pour des raisons sécuritaires.
A l’heure où nos importations de gaz et de pétrole russes financent la guerre de Vladimir Poutine, un tel choix a quelque chose de sidérant, d’autant que des leviers d’action, à court terme, existent. L’Agence internationale de l’énergie (AIE), qu’on ne peut accuser de sympathies « amish », a par exemple publié, fin mars, une liste de dix « actions clés » pouvant assez facilement permettre de freiner la consommation de carburant. Or aucune de ces mesures, positives aussi pour le climat, n’a été retenue par l’exécutif, qui n’a eu de cesse, en revanche, de vanter les sommes colossales d’argent public qu’il a mises sur la table pour subventionner l’achat de carburant… On savait déjà que, pour la plupart des dirigeants politiques, le réchauffement climatique n’était pas une raison suffisante pour oser bouleverser nos modes de vie énergivores. On a la preuve, au regard de ces quatre derniers mois, qu’une guerre à nos portes ne l’est pas non plus.
Depuis quelques jours, de timides signes d’inflexion sont perceptibles : des groupes de travail sur la sobriété énergétique ont été mis en place par le gouvernement, qui dit viser une réduction de la consommation d’énergie en France de 10 % d’ici deux ans par rapport à 2019. Mais que de temps perdu…
Sébastien Billard,
7 juillet 2022, ECOLOBS
• Canicule, quelques chiffres
4 juillet 2022
On notera que le soleil, la canicule, la sécheresse ne sont pas favorables à la production nucléaire, qui demande beaucoup d’eau et rejette une énorme quantité de chaleur, alors que la production photovoltaïque croit avec l’ensoleillement dans un cycle vertueux au regard de la demande de froid. La production éolienne, à l’inverse, est plus importante en soirée et dans la nuit et elle croît avec le mauvais temps, cette complémentarité entre solaire et éolien palliant en partie leur intermittence journalière et saisonnière.
Il faut s’attendre à ce que l’Allemagne batte chaque année ses propres records de production photovoltaïque, car la puissance installée ne cesse d’augmenter. Elle est aujourd’hui de 60 GW : l’équivalent donc, en puissance, de 60 réacteurs nucléaires [1].
Ce chiffre sera porté à 200 GW en 2030. L’Allemagne a mis en service 5,3 GW de nouvelles installations photovoltaïques en 2021, 10 % de plus que l’année précédente. Une progression qui devrait atteindre 10 GW par an dès 2025.
Pendant toute la semaine du 13 au 19 juin, entre 10 h 30 et 16 h 30, soit pendant 6 heures autour du pic de consommation quotidien sur le réseau public, les panneaux solaires allemands fournissaient la moitié de la consommation électrique allemande.
En France près de la moitié des réacteurs nucléaires français (27 sur 56) étaient à l’arrêt. Et pendant les heures les plus ensoleillées, les panneaux solaires allemands, en très grande majorité la propriété de particuliers, de coopératives citoyennes, ou de collectivités locales, produisaient plus d’électricité que l’ensemble de la puissance nucléaire disponible en France (29 GW). Une pointe de 38,7 GW de solaire a été enregistrée en Allemagne le 15 juin.
On notera que l’Allemagne est très loin de bénéficier des conditions d’ensoleillement françaises. Même chose pour le vent.
Les renouvelables ont atteint 50 % de la consommation d’électricité allemande au premier trimestre 2022, avec 73 milliards de kWh générés [2]. Le pays prévoit d’atteindre 100 % d’électricité renouvelable en 2035 avec l’éolien terrestre pour premier contributeur (110 GW), suivi de l’éolien en mer (30 GW).
• Satish Kumar propose une trinité composée de la Terre, l’âme et la société. Cela vous parle-t-il ?
Si notre société tout entière était tournée vers le fait de prendre soin de la Terre, de l’âme et de la société, quels sont les métiers et les entreprises qui resteraient ? C’est vers cet essentiel qu’il faut tendre et dévouer notre quotidien. Le système tient parce qu’on est nombreux à être dévoués à ce qui n’a pas de sens : une croissance déconnectée des ressources de la Terre, des entreprises qui ne redistribuent pas les richesses produites…
(Géraldine Remy raconte son parcours, de l’éco-anxiété à la résilience intérieure.)
• Marie de Hennezel : "Il y a tellement de gens qui meurent avant de mourir…"
Extrait
– Vous dites que les mourants ont “un comité d’accueil”…
– Il est arrivé que certaines personnes voient dans leur chambre des personnes décédées qui les attendent. Cela montre que la frontière entre le visible et l’invisible devient très poreuse. (…) Nous sommes nombreux, comme la rabine Delphine Horvilleur, à dire qu’il faut absolument parler de la mort, parler des morts et parler aux morts. Delphine Horvilleur parle d’un travail de couture : il faut coudre leur âme à la nôtre. Pour se mettre en paix…
L’abbé Maurice Zundel a écrit : “Si notre corps meurt, la longueur d’onde caractéristique qui nous constitue, elle, ne meurt pas”. Nous avons ce qu’il appelle une vibration. Nous sommes des ondes. Zundel disait : “Rien ne nous interdit de penser que notre longueur d’onde caractéristique puisse subsister après la mort et aller informer d’autres formes de vie".
Le titre de l’entretien était “"Il y a tellement de gens qui meurent avant de mourir…"
“Le problème n’est pas de savoir où nous irons après la mort, dit-elle, mais bien si nous serons vivants avant. : il y a tellement de gens qui meurent avant de mourir… Le défi est de donner un sens à notre vie.”
(Entretien avec Francis Van de Woestyne, La Libre, 26 juin 2022)
• Une réforme de très "haut volt"
La réforme du marché de l’électricité a été votée
au Parlement wallon ! Elle implique un basculement de modèle, passant d’un système centralisé aux mains de quelques grandes entreprises quasiment monopolistiques (et souvent étrangères), pour passer à un système décentralisé sur l’ensemble du territoire, qui met le consommateur au centre. Ce sont désormais les citoyen·ne·s qui vont pouvoir s’organiser pour produire, fournir et partager de l’énergie. Mieux encore : en levant une série de barrières liées au développement du renouvelable, le partage et les communautés d’énergie vont enfin permettre à plein de gens actuellement exclus de ces dynamiques d’énergies renouvelables de participer eux aussi à la transition. C’est une avancée fondamentale, car cette transition ne sera possible que si et seulement si elle est à la portée de toutes et tous !
• Maraîcher, j’ai déserté le capitalisme
Les discours répétitifs sur le réchauffement climatique semblent incapables d’infléchir nos modes de vie, comme si la réalité annoncée restait au niveau de l’idée et qu’elle n’arrivait pas à descendre dans nos perceptions et nos corps.
Les récits sur l’effondrement du vivant, les récits sur les manières de bifurquer sont nombreux. Ils changent nos existences à la marge, dans des espaces réduits et fragmentaires, comme nos manières de voyager ou de consommer. Ou ils proposent une grande rupture avec le système capitaliste sans parvenir à passer l’épreuve du temps et s’essoufflent dans la nuit.
Entre l’écologie des petits pas et l’écologie du Grand Soir, il y a peut-être une autre piste.
Maraîcher, j’ai déserté le capitalisme
La gravité de la situation écologique nous oblige à opérer un déclassement social, selon notre chroniqueur. Comme déserter le capitalisme et choisir un métier plus manuel.
• "Jung nous a avertis : les épidémies psychiques sont les plus dévastatrices"
Il est taxé de mysticisme dans la pensée rationaliste française.
En 1944, Jung écrit : "Je suis convaincu que l’étude scientifique de l’âme est la science de l’avenir […]. Il n’existe encore aucune protection efficace contre les épidémies psychiques. Or, ces épidémies-là sont infiniment plus dévastatrices que les pires catastrophes de la nature !" À l’heure où le monde entier se bat contre un virus, ces propos interpellent.
Nous vivons aujourd’hui une épidémie virale, physique, qui provoque une épidémie psychique. Les gens sont enfermés dans des peurs et des colères incroyables. Le débat sur la vaccination obligatoire, des soignants et de tous, en est une parfaite illustration. La population ne parvient plus à dialoguer. On fait des autres les ennemis. Entre les partisans et les opposants aux vaccins, il y a tellement d’émotions qui sont générées que cela crée un virus psychique. Cela signifie que l’on ne peut plus parler rationnellement. On est dans l’irrationnel, on est dans la folie psychique.
Le propos de Jung, c’est de dire que le virus crée davantage de dégâts psychiques que de dégâts physiques. Et je partage son avis. Je pense qu’aujourd’hui les gens sont plus menacés psychiquement que physiquement. Dans cette crise mondiale, on passe complètement à côté de cette dimension-là. Il faut plus de souplesse et moins de restrictions de libertés. Il faut accepter qu’il y ait peut-être plus de morts physiques mais moins de dégâts psychiques.
(Frederic Lenoir)
• Une carte blanche de Benoit Lannoo, historien de l’Eglise et consultant en relations internationales et interreligieuses
Les quelques chrétiens qui subsistent en Turquie et les survivants des génocides d’antan dans les pays limitrophes, se retrouvent sans cesse entre le marteau et l’enclume du nationalisme turc, de l’indépendantisme kurde et de la terreur islamiste. Ils craignent que l’indifférence occidentale pour leur sort permettra à la Turquie de continuer le génocide presque terminé de la chrétienté dans le nord de la Mésopotamie, région ou ils étaient bien avant l’islam, avant les Arabes et avant les Turcs.