L’école autrement
Le collectif Pédagogie Nomade rêve d’une école au sein de laquelle apprendre rime avec plaisir. Où tout se fait ensemble, professeurs et élèves sur pied d’égalité. Où tout est à inventer. Une école vraiment démocratique qui devrait ouvrir ses portes à Limerlé, en province du Luxembourg.
A l’école de l’égalité
A Limerlé, en province du Luxembourg, le collectif Pédagogie Nomade planche sur une école nouvelle. Où élèves et profs sont sur un pied d’égalité. Où apprendre rime avec plaisir.
L’école secondaire n’est pas toujours synonyme de « réussite ». Beaucoup d’élèves ont perdu le goût d’apprendre. Déçus du système ou des matières, ils se détournent de l’enseignement. Comment les relancer ? « En créant une école alternative », soutient le collectif Pédagogie Nomade, composé d’enseignants, d’éducateurs et de philosophes qui militent, depuis 2005, pour la création d’une école « différente » de l’école traditionnelle.
Une école vraiment démocratique. Où les profs et les élèves sont mis sur un pied d’égalité. Où le désir d’apprendre, l’autonomie, le respect mutuel, l’autorité réciproque, la confiance sont au centre du projet pédagogique.
Soutenue par l’Université de Liège (service de Philosophie morale et politique), cette école ne sort pas de nulle part. Elle s’inspire d’expériences françaises (Paris, Caen, Rouville ), luxembourgeoises et indiennes. Elle s’adresse aux élèves de plus de 16 ans qui sont en « difficulté ». Une soixantaine de places sont prévues. Elle devrait ouvrir ses portes à Limerlé (Gouvy), en province de Luxembourg, sur le site de l’ASBL Périple en la demeure, reconnue par la Communauté française (café philosophique, concerts, écosensibilisation ).
En théorie, cette école alternative devrait être rattachée à l’Athénée de Vielsam. L’initiative est d’ailleurs soutenue par la ministre de l’Enseignement Marie Arena (PS), qui juge le projet « réellement novateur. »
Mais attention, précisent les concepteurs : « Il ne s’agit pas d’une maison de jeunes ou d’un centre de loisirs vaguement théorique ».
Certes, dans cette école « laboratoire », le pouvoir est réparti équitablement entre les profs et les élèves. Il n’y a pas de directeur, de préfet de discipline ou de femmes d’entretien. Tout le monde est appelé à gérer l’école de A à Z (administration, nettoyage, cuisine ). Conseil d’institution, réunions publiques, groupes de base La démocratie est au cœur du projet.
On veille à respecter le rythme, les compétences et les besoins de l’élève. Rien n’est établi à l’avance. Cours « ex cathedra », ateliers, animations, contenus traditionnels (maths, sciences, géo ), tout se mélange. On y fera tout autant de la calligraphie, de la philo, de l’horticulture ou de la musique rock.
« Tout est à inventer ensemble », insiste le collectif Pédagogie Nomade. L’essentiel, c’est de donner sens aux matières. De partir du concret (la cuisine, la gestion quotidienne ) pour aborder les matières plus arides (la chimie, la comptabilité ). De former des citoyens à part entière, des individus critiques et émancipés. D’éviter d’enfermer les acteurs de l’école dans des rôles (le prof « qui sait » et l’élève qui « doit apprendre »).
Le tout avec une rigueur et un sens évident des responsabilités.
Il s’agit donc bien d’un laboratoire. Qui devra être sans cesse (ré)évalué. Mais un laboratoire qui donne un peu d’air et de perspective dans un système scolaire trop souvent porteur d’échec et d’inégalités.
Voir aussi l’article sur le site "Enseignons.be"http://www.enseignons.be/actualites/2008/02/06/un-projet-decole-alternative-en-province-du-luxembourg/