Je le pose par terre, je le tourne, je regarde ses branches à peine ébauchées prendre leur place dans l’espace qui les entoure.
Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre et de beauté extérieure.
Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d’élégance.
La beauté qui leur est nécessaire c’est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d’étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches.
Le moteur qui pousse la lymphe vers le haut dans les arbres, c’est la beauté, car seule la beauté dans la nature s’oppose à la gravité.
Sans beauté l’arbre ne veut pas.
C’est pourquoi je m’arrête à un endroit du champ et je lui demande : « Ici, tu veux ? »
Je n’attends pas de réponse, de signe dans la main qui tient son tronc,
mais j’aime dire un mot à l’arbre.
Lui sent les bords, les horizons et cherche l’endroit exact pour pousser.
Un arbre écoute les comètes, les planètes, les amas et les essaims, Il sent les tempêtes sur le soleil et les cigales sur lui avec une attention de veilleur.
Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait.
S’il vient d’une pépinière et qu’il doit prendre racine dans un sol inconnu,
il est confus comme un garçon de la campagne à son premier jour d’usine.
Je le promène ainsi avant de creuser son emplacement.