Un ordre de grandeur un peu surréaliste mais scientifiquement prouvé, confirme que la masse totale des êtres humains ne représente que le quart de celle des fourmis sur terre. Les premiers détruisent leur environnement, les secondes l’améliorent en permanence !
Le Chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte américain William Mc Donough [1] cherchent à (re)mettre les êtres humains au niveau des autres espèces, fourmis incluses !
Quoi qu’on en pense, il ne s’agit pas d’un retour en arrière mais bien d’un immense bond en avant et d’une vision positive appuyée sur le bio-mimétisme (étude des solutions trouvées dans le monde vivant, pour améliorer la qualité de notre quotidien).
LE PRINCIPE C2C
Ainsi, le modèle ’’cradle to cradle’ (C2C), ’du berceau au berceau’ devient un nouveau paradigme et fait suite à celui du ’Cradle to Grave’ (du berceau à la tombe). Ce dernier, modèle dominant appliqué au cours des 150 ans de l’industrialisation, a pour principe de soutirer, de consommer et de jeter les matières premières de la nature. Il a pour conséquence de détruire l’essentiel de ces mêmes matières premières contenues dans les 4 milliards de tonnes de déchets annuellement produits par l’humanité.
C2C se définit comme une plateforme d’innovation rentable. Elle vise à améliorer la qualité économique, sociale et environnementale de ce que nous produisons aux fins de permettre une croissance humaine raisonnée et en symbiose avec l’environnement. Trois principes majeurs la structurent :
1/ Considérer les déchets comme des nutriments : il s’agit d’imaginer des produits dont les matières premières pures sont séparées afin de répondre à 2 objectifs possibles :
– créer de l’humus (entrer dans le cycle biologique) ou
– être recyclable à l’infini sans perte de valeur (entrer dans le cycle technologique continu).
2/ Faire exclusivement appel aux énergies renouvelables (sans oublier que la matière nécessaire à cette production énergétique se doit de répondre au premier principe) ;
3/ Promouvoir les diversités, à savoir : la diversité environnementale ou biodiversité (placée au même niveau que l’énergie par l’UNESCO), la diversité sociale, la diversité culturelle, la diversité économique ...
DE L’ECO-EFFICACITE A L’ECO-BENEFICE
Comparée aux visions connues du développement durable, celle du C2C consiste a passer rapidement de l’éco-efficacité à l’éco-bénéfice. En d’autres mots, il s’agit davantage d’augmenter son empreinte environnementale positive (facteur de croissance bénéfique) que de réduire son empreinte environnementale négative. En effet, l’attitude actuelle face au problème énergie/environnement est restrictive et son message général est : consommons moins, jetons moins, roulons moins, sélectionnons, etc. Cela marche mal car on touche aux habitudes d’un niveau de confort.
Ce renversement d’analyse suppose d’imaginer des solutions. Celles-ci passent par la transformation de la formule ’Industrie = pollution’ en celle établissant ’Industrie = bénéfice pour l’environnement’. Elles relèvent d’une ’assurance qualité’ sur l’ensemble des filières de production selon une approche holistique des critères entrant en jeu ; Elles proposent une activité humaine de développement conçue pour purifier l’air et l’eau, produire de l’énergie renouvelable, ne produire aucun déchet, créer de l’humus et conserver la valeur des matières premières.
Exemple : si nous continuons à consommer du cuivre à la cadence actuelle les ressources seront épuisées dans 20 ans. En conséquence consommons-le avec modération et recyclons-le. Le béton est une industrie très polluante, faisons du béton biologique. Les carrosseries de voitures pourraient parfaitement être faites en utilisant des bioplastiques - fibre de bambou ou à base maïs, etc.
Autre exemple : concevoir des bâtiments dont les matériaux peuvent être récupérés transforme les déchets en ressource. De même, promouvoir le leasing de produits de construction rend les fabricants responsables de ces produits.
Associer économie soutenable et qualité de vie est à ce prix. Toutes proportions gardées, les fourmis le font. Reste à l’homme à être aussi malin qu’elles.