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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

« La mauvaise herbe » : quand des adolescents refont le monde et l’école
Article mis en ligne le 24 novembre 2020

On suit avec bonheur les réflexions de ces ados qui questionnent monde tel qu’il est. Un film résolument positif et qui fait du bien !

Un documentaire de Gaëtan Leboutte à ne pas manquer dans Regard Sur le lundi 23 novembre dès 21h05 sur La Trois et à revoir sur Auvio :
Une production de Novak Prod en coproduction avec la RTBF
Rencontre avec le réalisateur Gaëtan Leboutte

Ce film raconte l’histoire du dernier trimestre scolaire de deux adolescents au sein de l’Alter École, une école à pédagogie alternative essentiellement destinée aux élèves en décrochage scolaire et qui est située au beau milieu de la campagne wallonne. L’histoire de Merlin qui préfère la quiétude de son potager aux vacarmes de notre société et celle de Elie qui s’éveille à l’activisme politique pour mieux dénoncer l’injustice sociale. Deux adolescents à qui on avait collé l’étiquette de " mauvais élèves " ou " mal élevés ". Ce sont surtout deux jeunes presque adultes incroyablement vif d’esprit, qui s’interrogent sur la société actuelle et qu’ils ont décidé, chacun à leur manière, de remettre en question.


https://www.rtbf.be/auvio/detail_la-mauvaise-herbe?id=2704090&jwsource=cl


Rencontre avec Gaëtan Leboutte - réalisateur du film "La mauvaise herbe"

Comment est née l’envie de faire ce film ?

L’envie première était d’aller à la rencontre de l’élève " médiocre " que l’on me disait être lorsque j’avais l’âge de mes protagonistes. Je voulais me plonger dans l’univers d’ados qui ont un parcours scolaire semblable au mien : des ados en quête de sens, victimes d’un système scolaire qui ne leur a accordé que peu de valeur. Je souhaitais surtout donner l’opportunité au spectateur d’apprécier la valeur de ces enfants en tentant d’aller à la rencontre de ce qui les fait vivre. En allant à la rencontre des choses qui à leur âge leur paraissent fondamentales et qui sont à l’origine de leur singularité.

Les protagonistes principaux, Élie et Merlin, sont très loin de l’image de " mauvais élèves ". À travers eux, vous vouliez casser les clichés ?

Je pense que s’ils sont loin de ce cliché, c’est surtout parce que l’équipe éducative leur permet d’être des ados avant d’être des élèves, ce qui modifie considérablement le jugement posé sur eux. Et c’est également le regard que le film porte sur eux. Cette étiquette de " mauvaise élève " ou de " Mauvaise herbe " n’est qu’une question de point de vue. Je pense que si j’avais filmé Élie et Merlin dans le contexte d’un système scolaire plus classique, ils auraient rapidement récupéré cette étiquette de " sales gosses ". Il est plus facile de ranger ces garçons dans la case " rebelles ", plutôt que de remettre en question les valeurs sur lesquelles notre jugement se fonde.

En les écoutant, on se rend compte de la hauteur de leur discours et de la pertinence de leur réflexion


Plus qu’un film sur l’école, c’est aussi un film sur une certaine jeunesse d’aujourd’hui, qui remet en cause l’école et le monde tel qu’il est. C’était votre intention de départ ?

Du tout ! Mon intention de départ était d’aller à la rencontre de ce qui les fait vivre. Et ce qui intéresse Élie, Merlin et la plupart des jeunes de l’histoire, ce sont ces questionnements sur la société et sur la place qu’ils y prendront. Absolument tout vient d’eux ! Le fait qu’ils remettent en question l’école vient du fait qu’ils s’interrogent sur la société. En les écoutant, on se rend compte de la hauteur de leur discours, de la pertinence de leur réflexion et de la nuance qu’ils sont capables d’y mettre. Et plus encore, on voit que cette génération pose des actes sur le discours qu’ils tiennent : les légumes du potager de Merlin poussent pour de vrai et Élie, gilet jaune sur le dos, mouille réellement sa chemise pour défendre plus de justice sociale.

Vous avez dit cette jolie phrase : " j’ai envie que le spectateur ait l’occasion d’entendre le discours de ces enfants libres ". C’est leur liberté qui vous a le plus marqué, séduit ?

Oui c’est vrai ! Comme beaucoup d’élèves de l’Alter École, Élie et Merlin ont quitté l’enseignement conventionnel parce qu’ils s’y sentaient trop à l’étroit. Quand je dis qu’ils sont libres, c’est avant tout parce qu’ils ont été conscientisés assez jeunes qu’ils n’étaient pas corrects de les mesurer avec le même mètre que tous les autres. Ils ont quitté l’enseignement traditionnel et ont trouvé un système où ils peuvent exister avec leur singularité et la développer. Avec ce film, je souhaite que le spectateur ait eu l’occasion d’entendre le discours de ces enfants. Et peut-être qu’il pourra se poser cette question à l’adulte qu’il est devenu : si, à leur âge, j’avais eu le courage et la possibilité d’être cet enfant " mal élevé ", ne serais-je pas aujourd’hui capable d’être plus à l’écoute de ce que je souhaitais être ?

"Être une mauvaise herbe, c’est avant tout être libre"

Pourquoi ce titre " la mauvaise herbe " ?

On en revient au regard porté. Dire qu’une herbe est " mauvaise " est une question de point de vue. Qu’est-ce qui la différencie d’une bonne si ce n’est le jugement ? La mauvaise herbe, c’est le regard faussé que la société pose sur ces ados. C’est aussi " La Mauvaise Herbe " de Brassens où le poète parle de liberté, de singularité et d’anticonformisme. La mauvaise herbe qui nous dérange parce qu’elle pousse en dehors, préférant grandir à son rythme entre les joints d’un pavé, plutôt qu’avec les herbes bien tondues du gazon. Être une mauvaise herbe, c’est avant tout être libre.