Covid-19 n’est pas le nom du virus que tout le monde cherche à fuir depuis des semaines. Il s’agit de la maladie provoquée par ledit virus qui répond, lui, au doux nom de SARS-CoV-2. Le voilà, l’ennemi public numéro un, troisième enfant de la méchante famille coronavirus, dont les deux premiers rejetons avaient déjà tenté d’anéantir une partie de l’humanité en 2002 (Sras) et 2012 (Mers). L’arrivée du cadet revanchard ou d’un petit-cousin hargneux était-elle prévisible ? Oui, mais pas pour les raisons qui nous viennent immédiatement à l’esprit.
A comprendre d’abord que le coronavirus n’est pas le nom d’un virus, mais d’une maladie. Car les virus, il y en a des milliers avec lesquels nous vivons tout à fait bien. "Il y en a des centaines de milliers et ils se renouvellent constamment, ce qui génère sans arrêt l’arrivée de nouveaux virus ou de variants"
"Chaque animal, dont l’homme, héberge de manière asymptomatique des centaines, voire des milliers de virus. À un moment donné, à la faveur de mutations, ces virus deviennent pathogènes et peuvent se transmettre à d’autres espèces."
Le SARS-CoV-2 existe sans doute depuis des dizaines d’années à l’intérieur de son hôte naturel (la chauve-souris), mais on ne le connaissait pas, parce que nous n’y avions jamais été confrontés par le passé.
S’il s’agit désormais de finaliser la conception d’un vaccin, se pencher en détail sur la famille coronavirus, il faut identifier avec précision le parcours du SARS-CoV-2 pour attaquer le problème à la racine.
Cela nous permettra-t-il de dire où, quand et comment aura lieu la prochaine pandémie ? Non. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il y en aura d’autres. Car les facteurs qui favorisent l’émergence et le développement de ces pandémies sont bien connus. Et à ce niveau, le constat est nettement plus accablant pour les pauvres humains que nous sommes.
L’émergence d’une transmission suivie d’une éventuelle épidémie reste - en théorie - un événement rare. À un léger détail près : nous créons de nous-mêmes les conditions optimales pour faciliter une transmission de l’animal à l’homme, suivie d’une contamination à grande échelle.
"Qu’observe-t-on si on regarde les 60 dernières années ? interroge Serge Morand. Une accélération globale de notre système à tous les niveaux : démographie, production, empreinte écologique… Et que voit-on s’accélérer en parallèle ? Le nombre d’épidémies. Il y a de plus en plus d’épidémies, issues de maladies différentes, partagées par plusieurs pays en même temps. Et cela va de pair avec une accélération inouïe de l’élevage, notamment l’élevage industriel."
L’élevage intensif, foyer idéal
L’émergence d’une transmission suivie d’une éventuelle épidémie reste - en théorie - un événement rare. À un léger détail près : nous créons de nous-mêmes les conditions optimales pour faciliter une transmission de l’animal à l’homme, suivie d’une contamination à grande échelle.
"Qu’observe-t-on si on regarde les 60 dernières années ? interroge Serge Morand. Une accélération globale de notre système à tous les niveaux : démographie, production, empreinte écologique… Et que voit-on s’accélérer en parallèle ? Le nombre d’épidémies. Il y a de plus en plus d’épidémies, issues de maladies différentes, partagées par plusieurs pays en même temps. Et cela va de pair avec une accélération inouïe de l’élevage, notamment l’élevage industriel."
Les scientifiques ont identifié depuis longtemps les éléments qui favorisent une contamination initiale. Les fameux foyers d’émergence sont toujours des lieux de grande biodiversité animale, végétale, et de forte densité humaine. "La première question à poser est : qui nous transmet ces maladies ? poursuit le chercheur en écologie parasitaire. Les primates, les rongeurs, et plus récemment les chauves-souris. Lorsqu’on analyse les transmissions récentes, on constate toutefois que le rôle joué par les animaux domestiques reste absolument essentiel. Les vaches, cochons, poulets servent de bases à l’endémisation des virus grippaux, avant leur transmission à l’homme. Or, aujourd’hui, le poids total des bovins sur la planète est à tout instant plus élevé que celui des humains. On dénombre en permanence vingt-cinq milliards de poulets sur terre. Et ce ne sont pas les seuls concernés. On sait, par exemple, que le Sras s’est transmis à l’homme par l’intermédiaire de la civette. Et que constate-t-on ? Que lors des années précédant la contamination, les élevages de civettes ont été multipliés par cinq."
Lire la suite sur mon blog ou dans mes "Pearltrees" (https://www.pearltrees.com/michelsim/societe-comment-va-le-monde/id13090801)
"Il me semble que nous vivons, en ce moment, le dernier signal d’alerte de la faune sauvage. J’espère que nous serons assez forts pour réagir. Ces épidémies sont des alertes. Si nous ne préservons pas la biodiversité, les crises sanitaires vont se multiplier. Pour prévenir une prochaine crise comme celle-ci, il faut traiter les causes plutôt que de se retrouver encore et encore à en traiter les conséquences."
Serge Morand, "La disparition du monde sauvage facilite les épidémies", Marianne, le 17/3/2020 - Voir l’article sur le site de Marianne