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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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Michel Simonis

Le temps d’un partage véritable est venu...
Il n’y aura pas de paix sans cela.
Article mis en ligne le 31 juillet 2011
dernière modification le 25 juillet 2013

L’exil partiel de la souveraineté.

C’est le titre du texte du Rabbin David Meyer, Professeur à l’université grégorienne pontificale à Rome, paru dans La Libre Belgique du 21 juin 2011.

Si je publie ce texte, c’est que, en ces moments où bientôt la reconnaissance d’un Etat palestinien va se jouer aux Nations Unies, ce texte m’a touché par sa grandeur d’âme, sa vision d’avenir et aussi son courage.
Il s’adresse en effet à sa propre communauté, pour lui adresser un signal fort.

Une partie de l’article concerne plus particulièrement les croyants juifs, je ne la reprends pas ici. Mais chacun pourra lire l’intégralité du texte sur le site de La Libre

L’exil partiel de la souveraineté
(extraits)

Le temps d’un partage véritable, y compris de Jérusalem, est venu. Il n’y aura pas de paix sans cela.

En vue de compromis nécessaires, recadrons la théologie messianique des colons qui aujourd’hui fait craindre le pire.

Une opinion du Rabbin David MEYER, Professeur à l’université grégorienne pontificale à Rome.

"Pas à pas, nous nous dirigeons vers la reconnaissance par l’ONU d’un Etat de Palestine sur la base des frontières de juin 1967. Israël est au pied du mur. Bien que politiquement inconfortable, cette situation oblige à affronter les questions qui dérangent et à y apporter les réponses qui depuis plusieurs décennies se font attendre. Il n’est plus possible, aujourd’hui, de ressortir les vieux jokers qui jusqu’à présent étaient utilisés pour justifier le refus d’une négociation véritable faite de compromis douloureux. Ainsi, l’argument de la sécurité d’Israël, soit disant mis à mal par tout retrait sur les frontières de juin 1967, est éculé. La perspective d’une paix réelle, ainsi que d’une armée demeurant forte et dissuasive sont de bien meilleurs atouts pour la sécurité d’Israël que quelques kilomètres supplémentaires de territoires.

L’argument émotionnel de l’unité indivisible de Jérusalem, capitale éternelle d’Israël a, lui aussi, perdu de sa verve. Chacun sait bien que, de facto, la ville n’a jamais été véritablement unie. Les quartiers juifs et arabes n’ont pas besoin d’une frontière de béton pour être séparés ! Le temps n’est plus à ces simagrées. Alors, demandons-nous, avec franchise, pourquoi depuis tant d’années, aucun compromis sérieux n’a été proposé et accepté ? La réponse est aussi brève que terrifiante : le spectre de la guerre civile. Entre religieux et laïcs, entre colons et partisans de la paix, le gouffre n’a cessé de se creuser. Pour les uns, Israël représente "le début de l’œuvre de la rédemption ", l’expression de la volonté divine, un Etat insensible aux aléas de l’histoire des hommes et des peuples. Pour les autres il s’agit certes d’un pays souverain garantissant la survie du peuple juif mais d’un Etat ayant surtout sa place dans le concert des nations, inséré dans l’histoire humaine. Entre ces deux mondes séparés par un gouffre profond, seul le mépris et la haine se sont installés. La possibilité d’une lutte fratricide est bien réelle.

Les rabbins du Talmud, il y a près de vingt siècles avaient déjà attiré l’attention des chefs politiques de leur époque sur cette même problématique en signalant que si Jérusalem et la Judée avaient finalement été détruites en l’an 70, ce n’était pas tant à cause des Romains et de leur force militaire qu’à cause de "la haine gratuite entre frères " qui depuis longtemps déjà rongeait le peuple juif. Rien n’a donc changé aujourd’hui. La menace existentielle contre Israël ne viendrait pas tant des Palestiniens, ou même de l’Iran, mais bien plutôt des profondes dissensions qui animent la société juive israélienne et qui rongent le pays. La peur d’une lutte fratricide demeure la raison principale du refus des gouvernements israéliens de faire les compromis nécessaires à la paix.

Que faire alors face à la naissance d’un Etat palestinien dont Israël n’a pas su accompagner la gestation, si ce n’est proposer une réflexion religieuse sur l’avenir et le statut des colons et de leurs idéologies ? L’enjeu est de taille, car le renoncement à la Judée-Samarie constitue l’effondrement de la bulle messianique dans laquelle se reconnaît une grande partie de la population religieuse d’Israël. Une telle bulle n’explose pas sans créer les conditions d’une possible implosion dévastatrice.

Note de Michel Simonis : je passe la suite de l’article, qui s’adresse plus spécifiquement aux croyants de la religion juive, apportant une nuance entre "L’Exil de la terre", "L’exil temporaire de la présence divine" et "l’Exil partiel de la Souveraineté". Si je me permets d’aborder cette question qui ne me regarde pas, c’est que je me suis toujours demandé comment la vision du monde des Colons pourrait un jour être compatible avec l’acceptation d’une "terre palestinienne" au sein même de la "terre ancestrale" ou des "lieux mystiques du judaïsme bibliques".

Je reprend la fin de l’article :

(...) "Le retour à la terre et sa possession totale ont créé les conditions d’une lutte permanente entre Israéliens et Palestiniens ainsi que les symptômes d’une implosion de la société juive. Il semble que le temps soit venu d’entrer de plain-pied dans ce nouveau cycle de l’histoire juive et de renoncer à la souveraineté sur une partie de la terre où certains Israéliens vivent."

Et le Rabbin David Meyer de conclure :
"Les colons et ceux qui les soutiennent pourraient devenir les pionniers de cet "Exil partiel de la Souveraineté", vivant dans un Etat de Palestine, séparés de seulement quelques kilomètres du territoire souverain israélien.(...) Ces hommes et ces femmes pourraient être à l’avant-garde du judaïsme et retrouver leur place dans une tradition juive de paix et de fraternité qu’ils ont pour le moment tout à fait perdue. Ce n’est qu’alors qu’Israël pourra sereinement et courageusement partager cette terre, donner aux Palestiniens la partie de Jérusalem dont ils ont besoin pour affirmer leur identité nationale et trouver les modalités d’une paix politique qui ne doit plus attendre."

Lire l’article entier :
http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/668307/l-exil-partiel-de-la-souverainete.html

Mis en ligne le 21/06/2011

J’ai repris la belle illustration de cet article, en plus grande, dans les images de la rubrique "coup de coeur".