Des deux côtés, le droit international est bafoué et des résolutions de l’ONU sont ignorées. Des territoires sont annexés unilatéralement. Avec, pour circonstance aggravante, que cette situation perdure en Palestine depuis des décennies.
Des deux côtés, le droit international est bafoué et des résolutions de l’ONU sont ignorées. Des territoires sont annexés unilatéralement. Des États surarmés imposent leur volonté à des peuples qui résistent avec les moyens du bord. Des deux côtés, des guerres de conquête mobilisent des argumentaires nationalistes délirants en franchissant allègrement le point Godwin [1]. Avec, pour circonstance aggravante, que cette situation perdure en Palestine depuis des décennies. Tout ceci ne milite-t-il pas pour établir, à tout le moins, un certain parallélisme dans la manière de traiter les États agresseurs, à savoir la Russie et Israël ? Eh bien, c’est exactement l’inverse qui se passe. Tandis que tous les moyens sont mis en œuvre pour contraindre la Russie à reculer (et c’est bien la moindre des choses), on continue à faire des courbettes devant les autorités d’un autre État qui semble pouvoir tout se permettre.
Qui est Henri Goldman ?
Pour bien comprendre la position d’Henri Goldman, le mieux est de lire son article Auschwitz à Jérusalem (du 25 janvier 2020) où il précise bien qui il est et d’où il parle.
Je reprends cet article de son blog sur mon blog Palestine, ici ->)
L’Europe multiplie les sanctions économiques contre la Russie, mais elle n’arrive même pas à s’entendre pour interdire l’importation de produits issus de colonies illégales implantées en Cisjordanie.
L’Ukraine est en passe d’être officiellement candidate à l’Union européenne, mais l’État de Palestine n’est toujours pas reconnu par la plupart des champions du « monde libre ». On se passera du gaz russe, mais, à sa place, on fait d’Israël un nouveau partenaire stratégique. À l’égard de la Russie, on pratique le boycott académique, culturel et sportif le plus ridicule – puisqu’il vise les personnes et pas les institutions – tandis qu’une démarche autrement mieux calibrée à l’égard d’Israël est régulièrement dénoncée comme contreproductive. La moindre entorse aux droits humains commise par la soldatesque russe en Ukraine est mise en évidence – et c’est indispensable, car il ne faut rien laisser passer – tandis que la dénonciation parfaitement argumentée d’Amnesty international accusant, après Human Rights Watch, Israël du crime majeur d’apartheid ne provoque qu’un haussement d’épaules dans nos chancelleries, n’entraînant même pas la plus petite remontrance diplomatique.
Un privilège blanc ?
Cette inconséquence européenne n’est évidemment pas de nature à convaincre les peuples du sud, pour qui la cause palestinienne apparaît comme un des derniers combats de la décolonisation, qu’ils devraient s’aligner sur l’engagement de l’Occident dans l’affaire ukrainienne. Et pourtant, les Ukrainiens comme les Palestiniens, que leur malheur commun devrait rapprocher, méritent notre soutien au nom des mêmes principes : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le refus de l’acquisition de territoires par la force, le respect du droit international. Des principes universels qui, comme en ce qui concerne l’accueil des réfugiés, ne devraient pas être réservés à une aristocratie de peuples à la peau blanche et aux racines chrétiennes.
Lire aussi : Ukraine : solidaires, mais de qui ? (20 mars 2022)