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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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Michel Simonis

Delphine Horvilleur : "La Bible est-elle le meilleur des scénarios ?"
Article mis en ligne le 6 octobre 2021
dernière modification le 30 octobre 2021

Delphine Horvilleur était l’invitée au festival Séries Mania 2021.

La présence d’un rabbin sur le podium d’un festival de séries télévisées peut surprendre, a convenu d’emblée Delphine Horvilleur, membre du Mouvement Juif Libéral de France, invitée dimanche 29 août à tenir une conférence sur le thème : « La Bible est-elle le meilleur scénario de série ? »

Elle y a fait un passage remarqué.

Delphine Horvilleur est l’une des seules femmes rabbins de France, mais aussi une essayiste et écrivaine reconnue, amoureuse du petit écran. Elle décrypte le lien ténu qui existe entre les séries et le religieux.

Cette conférence d’une heure et quart, avec les questions-réponses, c’était pour moi un Coup de coeur par sa spontanéité, son humour son authenticité. Elle était visible sur Youtube mais a été retirée. Mais "Séries Mania" m’a envoyé un nouveau lien vers la vidéo. Le voici : https://youtu.be/PTzJEss1a5Y, avec le commentaire suivant : "Sentiments, trahisons, luttes sociales, politiques et guerrières : la Bible tient en son sein tous les ferments des comédies romantiques, des thrillers et des scénarios fantastiques de notre époque. Delphine Horvilleur, rabbin et écrivain, analysera la bible comme un scénario afin de décrypter l’influence du texte fondateur du judaïsme et de la chrétienté sur les ressorts narratifs des récits contemporains."

Mais c’était pour moi l’occasion de renouer avec les publications de Delphine Horvilleur, et notamment les entretiens qu’elle a donné à l’occasion de ses conférences ou de la sortie de ses livres.

Voici donc un petit tour de piste de quelques textes que j’ai trouvé inspirant, interpellant, qui aident notre réflexion et nos remises en question.

Vous avez posé cette question aux festivaliers de Séries Mania : la Bible est-elle le meilleur des scénarios ? Comment en êtes-vous arrivée à explorer cette thématique reliant le religieux au petit écran ?


Delphine Horvilleur

Laurence Herszberg, la directrice du festival, connaît mon intérêt pour les séries. Particulièrement l’aspect narratif, la force des histoires qu’on se raconte. J’ai la conviction que les histoires peuvent changer le monde. Pour le meilleur et pour le pire. De ce point de vue-là, ce que font les scénaristes et ce que j’essaye de faire, ce sont des choses qui se croisent. Laurence m’a donc suggéré un jour de travailler sur cette idée : la Bible est-elle un bon scénario ? En bossant la question, j’ai été très amusée de constater que les scénaristes appelaient la première mouture d’un scénario une « bible ». J’ai trouvé ça culotté de leur part d’empiéter sur nos plates-bandes religieuses. (Rires.) Je me suis beaucoup amusée à réfléchir à un comparatif entre ce qui fait un bon scénario et la vraie Bible ! Il y a des points communs, mais aussi des différences majeures. Dans une bible de scénario, il faut que le texte soit court, concis et très clair. C’est précisément le contraire dans la Bible. Il faut que ce soit suffisamment non clair et suffisamment long pour que ça puisse prêter à interprétation…

Avez-vous finalement trouvé une réponse à votre question ?



Ma réponse, sous la forme d’un pitch, pour utiliser le jargon des séries, c’est que la Bible est un super scénario. Mais à travers l’histoire, les réalisateurs et les acteurs qui s’y sont frottés étaient assez… problématiques ! (Rires.) La façon dont on l’a interprétée religieusement est problématique. Par exemple, la question du féminin.
Dans la Bible, il y a une éclipse du féminin qui demande à être révélée. La présence féminine est là, un peu cachée, mais elle est une force de vie. Certains personnages féminins changent l’histoire.
Mais les lectures traditionnelles qui ont été faites de ces textes éclipsent totalement le féminin. Pour continuer avec le jargon des séries, je dirais que c’est un choix d’adaptation complètement biaisé que de choisir de ne pas faire de place au féminin. Un choix partial et partiel.

© Delphine Horvilleur


Voir un autre interview passionnant de Delphine Horvilleur, pour le magazine Elle, Publié le 22 janvier 2020 :« La capacité d’empathie est le meilleur antidote au fanatisme »