Selon cette étude, les maladies dont sont porteurs les animaux sauvages ont plus de risque d’être transmises aux humains en raison de l’évolution de l’usage des terres.
L’ONU estime que trois-quarts des terres de la planète ont été largement dégradés par les activités humaines depuis le début de l’ère industrielle. Un tiers des terres et trois-quarts de l’eau douce sont en particulier utilisés par l’agriculture.
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"Le problème, c’est quand on place des espèces différentes qui ne sont pas naturellement proches les unes des autres dans le même environnement, cela permet aux mutations de virus de sauter vers d’autres espèces", explique la scientifique Alessandra Nava.
Cette utilisation des terres pour l’agriculture s’étend chaque année, souvent au détriment d’écosystèmes comme les forêts, qui abritent des animaux sauvages eux-mêmes hôtes de nombreux pathogènes potentiellement transmissibles aux humains.
L’équipe du University College de Londres (UCL) a passé en revue 6800 écosystèmes sur toute la planète et découvert que les animaux connus comme porteurs de pathogènes (chauve-souris, rongeurs, oiseaux) sont plus nombreux dans des paysages intensément modifiés par les Hommes.
La nécessité de changer la façon dont l’humanité exploite les terres
Les résultats prouvent selon eux la nécessité de changer la façon dont l’humanité exploite les terres, pour réduire les risques de futures pandémies. "La façon dont les Hommes modifient les paysages à travers le monde, transformant des forêts en terres agricoles, a des impacts constants sur de nombreuses espèces de faune sauvage, entraînant le déclin de certaines et la persistance ou l’augmentation d’autres", a commenté Rory Gibb, chercheur à l’UCL. "Nos résultats montrent que les animaux qui persistent dans les environnements dominés par l’Homme sont ceux qui sont le plus susceptibles d’être porteurs de maladies infectieuses qui peuvent rendre les gens malades", ajoute-t-il.
Le Covid-19, qui a contaminé plus de 18 millions de personnes dans le monde et fait plus de 700 000 morts, est probablement passé d’un animal à l’Homme avant de se transmettre d’humain à humain. Le coronavirus n’est que l’un des nombreux virus mortels ayant fait le saut entre l’animal et l’Homme et étant donné que les réservoirs que représente la faune sauvage sont de plus en plus sous pression, les risques de fuite augmentent.
"Alors que les terres agricoles et les villes vont continuer à s’étendre, nous devrions renforcer notre surveillance des maladies et les dispositions sanitaires dans les zones où les territoires sont fortement perturbés", a estimé Kate Jones, qui a également participé à l’étude. Elle plaide pour que les gouvernements considèrent l’agriculture et les filières agroalimentaires comme directement liées à la santé humaine.
afp.com/JEAN-FRANCOIS MONIER
Par LEXPRESS.fr avec AFP
publié le 05/08/2020