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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

3.9 "Le coronavirus va accélérer la déglobalisation de l’économie mondiale”

3. Impacts - Globalisation
"Le coronavirus va accélérer la déglobalisation de l’économie mondiale”
Koen De Leus,
Vincent Slits, le 21-03-20

Article mis en ligne le 4 septembre 2020
dernière modification le 5 septembre 2020

Extraits
Koen De Leus, Chef économiste de BNP Paribas Fortis, livre dans La Libre sa vision de ce que sera l’après-crise.

S’il y a une chose positive qui doit sortir de cette crise du coronavirus, c’est d’être en capacité de se préparer à l’arrivée dans l’avenir d’autres virus qui seront peut-être encore beaucoup plus mortels. C’est un avertissement. Après cette crise, nous serons mieux préparés.

On a pu constater que la tendance à la mondialisation s’était déjà quelque peu inversée depuis la crise financière de 2008 et après celle de 2012. Maintenant, il y a en plus, le coronavirus. Mais avant il y avait déjà des facteurs tels que la prise de conscience des enjeux environnementaux : les gens n’acceptent plus, par exemple, que le transport maritime reste aussi polluant, ce qui force les politiciens à adopter des règles pour diminuer cette pollution. Ensuite, il y a la montée des populismes. Le nombre d’Etats dans le monde qui ont voté pour un régime populiste est passé de 7% en 2010 à 37% il y a un an. Il y a aussi le protectionnisme prôné par Donald Trump et la multipolarité qui pousse vers une désagrégation de l’économie mondialisée. Mais aujourd’hui, il y a une accélération du processus à cause du coronavirus.

Qu’est-ce que cela aura comme conséquences à long terme ?

A terme, les entreprises vont devoir revoir leurs chaînes d’approvisionnement. Mais naturellement, cela demande du temps : les entreprises ne peuvent pas faire cela du jour au lendemain car les chaînes d’approvisionnement sont aujourd’hui très complexes.

(…) Chaque grande entreprise va devoir faire la balance : est-ce que cela vaudra le coup de changer sa chaîne d’approvisionnement ou vaut-il mieux risquer quelques chocs comme celui que nous connaissons aujourd’hui avec le coronavirus ? Certaines entreprises choisiront la deuxième option.

Si on va vers une "dé-globalisation", les pays émergents seront touchés. La Chine est l’usine du monde même si elle l’est de moins en moins car des pays comme le Vietnam ou d’autres prennent le relais. Mais le problème avec ces pays, c’est qu’ils ne pourront plus se développer comme la Chine l’a fait. On le constate aussi pour des pays comme le Brésil ou l’Inde. Les pays émergents - si la dé-globalisation et l’automatisation s’intensifient – devront chercher un nouveau modèle de croissance.

Si elles modifient leurs chaînes d’approvisionnement, les entreprises auront des coûts plus élevés : leurs marges opérationnelles seront sous pression et ne seront plus jamais aussi importantes qu’aujourd’hui. Les investisseurs devront peut-être davantage s’orienter vers les "small caps" (NdlR : petites capitalisations) au lieu des toutes grandes entreprises internationales qui sont exposées à ces chaînes d’approvisionnement mondialisées.

• Et enfin, il y a le consommateur : si on modifie les chaînes d’approvisionnement, les prix vont augmenter. (…)

Changer les spécificités de notre économie pour commencer à être auto-suffisant dans tous les domaines, ce n’est pas la bonne voie à suivre. Mais naturellement, on doit être préparé à faire face dans l’avenir à d’autres crises sanitaires. S’il y a une chose positive qui doit sortir de cette crise du coronavirus, c’est d’être en capacité de se préparer à l’arrivée dans l’avenir d’autres virus qui seront peut-être encore beaucoup plus mortels. C’est un avertissement. Après cette crise, nous serons mieux préparés.

(…) Les entreprises doivent investir davantage dans leurs capacités au niveau des réseaux, de l’informatique etc. Après la fin cette crise, ces capacités seront renforcées et donc les entreprises auront beaucoup de flexibilité pour introduire à grande échelle le travail à domicile. Maintenant le travail à domicile, ce n’est pas toujours optimal pour toute entreprise. (…)

Je pense que les gens s’adaptent très vite à une nouvelle situation mais cela peut très vite revenir à la situation d’avant-crise lorsque tout redeviendra normal. C’est ce que l’on a vu aussi avec le SRAS ou Fukushima : les gens disaient alors qu’il fallait réétudier les chaînes d’approvisionnement mais personne ne l’a fait. Je ne sais pas si cela aura des conséquences structurelles à long terme mais en tout cas les entreprises auront une plus grande flexibilité au moment d’affronter d’autres crises.

Les réponses des banques centrales et des gouvernements sont-elles à la hauteur de la gravité de cette crise ?

Globalement, la BCE a fait son travail. Maintenant, c’est aux gouvernements d’investir davantage. Si on ne s’oriente pas vers une crise en "U" mais vers une crise en "L" (avec donc une crise aux effets négatifs beaucoup plus prolongés) ce sera à cause de la stupidité des gouvernements. Tout le monde sait ce qu’il faut faire : ils doivent investir 2, 3 peut-être même 4% du PIB. Le choc est à hauteur de ces efforts. Il faut à tout prix éviter les faillites des entreprises. Car au moment où il y aura une relance de l’économie, le problème sera que beaucoup d’entreprises ne seront plus là....

Vincent Slits, le 21-03-20